J’avais déjà été clairement séduit par la plume et les idées de Fabien Cerutti au moment de la sortie du Bâtard de Kosigan premier du nom, et ce second opus, qui n’est pas à proprement parler une suite, est de la même veine, si ce n’est encore meilleur. Le problème des premiers romans qui sont de bonne qualité est que l’on craint finalement que l’auteur ne parvienne pas à élever son niveau au moment du second. Eh bien là Fabien Cerutti réussi ce tour de force et nous emmène de nouveau dans une France médiévale fantasmée du plus bel effet à la suite de son héros atypique : Pierre Cordwain de Kosigan.
La couverture reste, et c’est totalement logique, dans la veine de celle du premier roman. Plutôt esthétique et adaptée à la thématique médiévale du roman elle permet parfaitement de se retrouver dans l’ambiance. Du très bon travail tant d’illustration que de choix éditorial. La quatrième de couverture nous plonge dans l’univers de cet auteur atypique :
1340, au cœur du comté de Flandre. Alors que les premiers feux de la guerre de Cent Ans s’allument, le Bâtard de Kosigan et ses Loups se voient confier, par le sénéchal d’Angleterre, la délicate mission de découvrir les tenants et aboutissants d’un complot qui se trame… autour du roi de France.
Une enquête surprenante et extrêmement dangereuse, mêlant trahisons et forces obscures, dans laquelle l’ascendance surnaturelle du Bâtard, habituellement son plus grand atout, pourrait bien se muer en talon d’Achille.
Cinq siècles et demi plus tard, à la fin de l’année 1899, l’enquête engagée par le lointain descendant du chevalier tente de faire la lumière sur l’inexplicable disparition des puissances magiques. Entre Bruges et Lens, peut-être mettra-t-elle à jour la nature des ombres qui se dissimulent derrière les échos cachés de l’Histoire.
Ce roman, le second de la série du Bâtard de Kosigan peut se lire indépendamment de L’Ombre du pouvoir, ce qui est plutôt une bonne chose, beaucoup de lecteurs étant lassés des séries en X tomes qui n’en finissent jamais. Ici Fabien Cerutti ne prend pas de risque et débute son récit clairement après les événements du premier tome mais sans rendre la lecture de celui-ci obligatoire par la présence d’un cliffhanger scénaristique. Et donc l’auteur débute son récit par une grande scène d’action, un peu à la manière d’un James Bond. Le lecteur plonge dans son univers par la grande porte, ici le sauvetage d’une princesse devant des anglais assez hargneux. Bien entendu il utilise une fois de plus une partie du bestiaire fantasy afin de renforcer le danger auquel est confronté son héros. Bref, dès le départ c’est de l’excellent travail et le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Par la suite, même lors des temps pause la gouaille de le cynisme du Bâtard aident à rendre l’ensemble très vivant. L’ensemble de l’aventure est tordue à souhaits et je n’ai rien trouvé à redire sur ce scénario très bien travaillé. Le seul bémol, selon moi, réside dans la section roman épistolaire du roman que de je trouve un peu laborieuse à avancer, même si elle est clairement intéressante. Ces chapitres me laissent donc un goût doux-amer malgré tout.
Le roman tient aussi beaucoup à son protagoniste principal, le Bâtard de Kosigan, qui au fil des chapitres, au fil des pages, arrive encore à nous étonner. Cynique, futé, charmeur, autant d’adjectifs qui s’adaptent parfaitement à Pierre de Kosigan qui sur ses seules épaules tient le roman. Rares sont les personnages aussi atypiques qui savent faire jongler le lecteur entre le rire, l’inquiétude, le plaisir de l’aventure. Les autres protagonistes ne sont pas non plus totalement en reste, bien évidemment, mais aucun ne parvient à égaler la maestria du Bâtard.
Fabien Cerutti a reçu au mois de juin le Prix des Futuriales d’Aulnay-sous-Bois, et je dois dire que cela est plus qu’amplement mérité tant il a su encore se sublimer pour proposer au lecteur une nouvelle aventure encore plus proche de tout ce qu’il pouvait attendre, au coeur de ce Moyen-Âge tourmenté. Du bel ouvrage et je dois dire que j’ai hâte de lire le prochain tome des aventures du Bâtard…
Le Fou prend le Roi
Le Bâtard de Kosigan
Fabien Cerutti
Mnémos
21 €