L’univers Metro 2033 est l’un des plus passionnants en matière de post-apocalyptique qu’il m’ait été donné de découvrir ces dernières années. Dmitri Glukovski a su créer un univers impressionnant en faisant vivre les populations dans les couloirs et tunnels du métro moscovite. À partir de là s’est lancée une véritable initiative dans le monde entier, qui a poussé des auteurs russes, italiens, anglais à contribuer à l’univers ainsi généré. Et c’est l’un de ces romans parallèles que L’Atalante nous invite à découvrir aujourd’hui. Changement de ton, changement de lieu, changement de personnages. Cette fois c’est dans les entrailles de Saint-Pétersbourg que le lecteur sera entraîné, avant de suivre la quête de quelques stalkers vers un étrange lumière et un potentiel salut.
La couverture de Benjamin Carré est la fois surprenante et parfaitement adaptée. En effet, il sort de son style habituel pour proposer quelque chose de très détaillé tout en étant dans une ambiance soviétique. Même si elle m’a clairement surpris, je dois dire qu’elle est parfaitement adaptée au roman et invite réellement au voyage. C’est donc une très belle illustration pour un roman étonnant, comme nous l’annonce la présentation de l’éditeur.
Dans les profondeurs du métro de Saint-Pétersbourg, où la mort revêt tant de visages, la puissante Alliance littorale arme une expédition en surface. Des stalkers ont aperçu une lumière qui aurait sa source sur l’île de Kotline, dans la baie de la Neva. Serait-ce le signal de cette Arche de salut qu’espèrent les fidèles de l’Exode, une secte qui prolifère à travers le métropolitain ? Gleb, un jeune adolescent de la station Moskovskaïa, sera du voyage. Mais quels périls guettent les audacieux ? Et quelles révélations les attendent au bout de leur périple ?
Vers la lumière est un de ces romans post-apocalyptiques dont on attend énormément ne serait-ce que du fait de l’héritage Metro 2033 qu’il porte sur sa couverture. Je savais donc avant même de tourner la couverture à quoi m’attendre : un univers plongé dans les ténèbres, inquiétant, étouffant et pourtant particulièrement riche. Ne connaissant que peu de choses de Saint-Pétersbourg, je ne pouvais qu’être surpris et faire de belles découvertes. Tout commence dans le métro, alors que le stalker Taran rentre à la station Moskovskaïa pour livrer de la nourriture. De fil en aiguille, il prend sous son aile le jeune Gleb et doit rejoindre un groupe d’aventuriers qui a pour mission de traquer la source d’une lumière étrange à l’extérieur de la station, sur une île de la Baltique. S’ensuit alors un périple à travers les ruines de la ville, puis au cœur d’une île fantomatique, ancien refuge militaire. Au cours de l’aventure, le lecteur rencontrera la faune de ce nouveau monde, particulièrement inquiétante et dangereuse, vivra les disparitions, les joies et les peines de ce groupe. Tout cela menant à une conclusion pour le moins étonnante.
Ce roman est donc à la fois clairement dans la lignée de l’univers Metro 2033 tout en s’en détachant. Le lecteur ne sera donc pas perdu avec la vision du métro mais sera totalement dépaysé avec une aventure se passant essentiellement en extérieur, dans les décombres de la civilisation. Cela pourrait donc surprendre les gens qui s’attendent à retrouver longuement la moiteur troublante des tunnels mais devrait ravir ceux qui étaient justement curieux d’en apprendre plus sur les circonstances de la catastrophe, sur la manière dont la vie au-dehors a pu se dérouler suite à celle-ci. De la découverte de populations mutantes, survivantes à l’apocalypse nucléaire, à celles d’une éventuelle terre promise. Le seul vrai problème de ce roman a selon moi résidé dans son final que j’ai trouvé un peu trop évident alors que de multiples pistes auraient pu être explorées pour rester dans l’univers absolu de Dmitri Glukovski.
Stylistiquement, ce roman est particulièrement bien traduit et l’auteur, d’une manière particulièrement claire et synthétique, décrit son action ne laissant que peu de répit au lecteur. Le seul reproche que je pourrais faire de ce point de vue est un ou deux passages difficilement compréhensibles au niveau de la narration.
Vers la lumière est donc un excellent roman de post-apocalyptique, résonnant des multiples cris de souffrance de ceux qui sont morts au cours des explosions. Des monstres, des héros, un jeune homme perdu au milieu d’un univers hostile,… Bref, Anton Dyakov nous propose une vision du futur qui fait froid dans le dos tout en étant tellement belle dans sa décadence et sa destruction que c’en est effrayant…
Vers la lumière
Anton Dyakov
Couverture de Benjamin Carré
L’Atalante
17 €