Origines – Les Errants T.1 – Denis Labbé

Les-Errants-Tome-1-de-Denis-Labbe_zpsf211141c2Marion a 16 ans lorsque son monde bascule. Fille de parents divorcés, d’un père militaire, elle aurait pu croire qu’elle serait mieux armée que beaucoup pour affronter ce qui s’est enclenché dans les entrailles de béton du Struthof, ancien camp de travail nazi qu’elle visitait avec son école en ce beau jour de soleil. Mais il faut croire que rien ne devait se passer comme elle le souhaitait ce jour là. Obligée de suivre le groupe d’une prof détestable dans le musée, Marion avait suivi docilement ses camarades tandis que sa meilleure amie Emma se rendait avec son groupe dans les vestiges du camp. Mais à l’heure du déjeuner, ne voyant aucun adolescent revenir du camp, elle eut subitement envie de savoir pourquoi les autres élèves étaient tellement en retard. Et l’horreur de sa découverte la mit au pied du mur. Du sang, des blessés parqués quelque part dans l’enceinte du lieu maudit de sinistre mémoire. Très vite, les évènements s’enchaînèrent. Un professeur appela des secours et ce fut l’armée qui vint, accompagnée de médecins en combinaisons. Une épidémie? Marion et ses camarades auraient pu le penser s’il n’y avait pas eu l’obligation de rester sur place pour la nuit et les cris déchirants perçant l’obscurité, les coups de feu incessants, les ombres dans l’ombre, celle d’êtres qui n’avaient plus rien à voir avec les adolescents qu’elle avait côtoyés… Prise d’un instinct de survie communicatif, Marion a pu entraîner quelques amis dans sa fuite. Mais où aller, vers qui se tourner lorsque votre monde se teinte de sang et que l’ennemi est partout?

Denis Labbé est un de ces auteurs à casquette multiple qui connaît bien les mondes imaginaires pour les avoir déjà fréquentés (Miroirs d’Ambre chez Lokomodo, Marelle d’ombres chez Argemmios)  ou offert un point de vue critique. A travers ce premier tome de la saga Les Errants, il propose une version jeunesse du classique et décidément très en vogue thème des morts-vivants.

Le sujet est d’emblée posé par le prologue au cours duquel on découvre l’héroïne, Marion, qui entreprend de nous conter son cauchemar. Elle se présente, laisse entendre que le monde tel que nous le connaissons n’est plus et cela suite à une grave tragédie qui ne fut pas une guerre. Les indices semés sont à la fois alléchants et trop succincts dans cette présentation qui en devient longue. Et cela continue avec les premiers chapitres. Car si la curiosité attisée est ravie d’entamer le vif du sujet, elle s’étiole un peu face aux pages qui se succèdent sans qu’il se passe grand-chose en dehors des désagréments inhérents à une sortie scolaire et des doutes grandissants de Marion. Le rythme est plutôt malmené par une succession de temps morts et de temps forts, le meilleur s’étendant entre la découverte de ce qui pourrait se tramer dans l’enceinte du camp et l’évasion du petit groupe de survivants hors des murs du site devenu inhospitalier.

Le côté stéréotypé des personnages principaux n’aide pas à s’y attacher. Comme dans toute aventure pour adolescents, il y a donc l’intello coincée, la gothique, l’anxieuse de service, le type fou des armes qui rend bien service mais inquiète quand même son monde, le fan de métal qui se révèle être un type sérieux, le voyou que tout le monde évitait mais dont l’amitié s’avère bien sympathique en cas de crise et le gars qui tente d’oublier ce qu’il a vu en se transformant en tueur de zombies. Au milieu de ce mélange hétéroclite se situe Marion, gamine très (trop ?) mature quand il s’agit de jauger ses camarades mais infantile dès qu’il faut se prendre en main. Alternant crises de larmes, réflexions intenses sur le sens de la vie, piques de jalousie et ressassement de souvenirs, il faut avouer que Marion manque de consistance pour une chef de bande. A cela s’ajoute une répétition agaçante de ses impressions et opinions sur les autres, surtout sur Jean-Michel, le fou des flingues. Au bout de deux fois, on a compris le principe et il est évident qu’elle ne changera pas d’avis tous les chapitres…
Le monde des adultes apparaît proche de ce que nombres d’adolescents ressentent souvent, inutile, ennuyeux, indigne de confiance, mais il devient pire que ça tant certains profs et militaires censés protéger les élèves perdent la raison, disparaissent on ne sait où ni comment quand ils ne deviennent pas bêtement des victimes. Un autre cliché…

Alors que les premières longueurs passées, on a l’impression d’entamer un bon roman jeunesse sur les zombies, on est déçu par l’inégale répartition de l’action entravée par les monologues de la narratrice. Certes, il n’est pas aisé d’écrire avec un personnage narrateur et la lecture de ce roman en déploie toute la problématique. En dépit des allusions répétées à d’autres œuvres littéraires ou cinématographiques sur les morts-vivants, des paroles de chansons à thématique proche en tête de chapitre, Denis Labbé passe à côté de son sujet. Finalement, que sait-on des zombies de cette histoire ? Pas grand-chose… Même leur apparence reste floue dans l’esprit du lecteur. Denis Labbé nous propose pourtant une superbe piste : des expériences nazies gardées enfermées dans le camp qui viennent contaminer les visiteurs. Un point de départ qui tombe à plat faute d’être exploité, du moins dans ce premier tome.
Enorme bémol pour finir : l’illustration de couverture est très décevante. Mauvaises proportions, dessin sans finesse (Marion apparaît en contradiction avec la description qu’elle fait d’elle-même) et perspective à refaire. Seules les couleurs sont dans le bon ton.
Les éditions du Chat Noir soignent le choix du papier, de la typographie et de l’impression, ce qui est toujours très appréciable pour un grand format.

Les Errants – Origines est très typé pour un public adolescent, à ce titre il se lit bien car le style en est fluide et direct mais il laisse un arrière goût de déjà vu et de version de seconde main. Pour qu’une suite soit meilleure, il faudrait un développement plus aboutit des personnages, de la réalité de la situation et non plus des conjectures que même les protagonistes ne semblent pas capables d’élaborer, étrange pour des adolescents…

Origines t.1 – Les Errants
Denis Labbé
Couverture : Jérémie Fleury
Editions du Chat Noir
19.90

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