La tension était à son comble à la fin du premier tome du Trône de fer. Ainsi, nous avons pu découvrir les principaux protagonistes de cette fabuleuse série de fantasy guerrière. Tout d’abord Ned Stark, le seigneur de Winterfell, devenu Main du Roi. Il conseille son vieil ami le roi Robert Baratheon, le représente et fait appliquer ses décisions. Mais lorsqu’il s’agit de tuer une enfant qui porte l’héritier de la lignée des Dragons Targaryen et du barbare dothraki Khal Drogo, et même si ces derniers peuvent menacer et contester le trône des Sept Couronnes, il refuse d’agréer ces ordres. Déchu de son titre de Main du Roi, nous l’avions laissé aux mains d’un médecin du roi après qu’il soit tombé dans une embuscade meurtrière menée au cœur même de la cité royale par les Lannister.
Ces mêmes Lannister sont une des familles les plus redoutées du royaume. Ils ont participé au massacre de la famille de l’ancien tyran Targaryen et poursuivent leurs complots sous le règne de Robert Baratheon. Ainsi, la reine Cersei n’est rien de moins qu’une des leurs, prête à assurer à sa descendance le trône de fer, coûte que coûte. Bran, le fils de Ned Stark, en a payé le prix fort après qu’un Lannister l’ait fait chuter d’une des fenêtres du château de Winterfell. De même, Ned enquêtait dans la cité royale afin de savoir pourquoi un Lannister avait empoisonné l’ancienne Main du Roi alors qu’il semblait recenser les bâtards du roi Robert. Enfin, c’est sur Tyrion Lannister que se portent les soupçons d’une tentative d’assassinat à l’encontre de Bran Stark, afin de le faire taire. Dame Catelyn Stark, l’épouse de Ned, n’est pas en reste et capture Tyrion pour l’emmener ensuite dans la demeure de Lysa, sa sœur et la veuve de l’ancienne Main du Roi.
Pendant ce temps, un nouveau cycle commence et l’été va prendre fin, laissant la place à l’hiver et aux menaces pressantes venues du Nord, au-delà du Mur que garde notamment Jon Snow, le bâtard de Ned Stark. Benjen Stark, le propre frère de Ned, y a disparu alors qu’il était parti au secours d’une patrouille. Nous entamons donc cette seconde partie de Song of ice and fire avec une tension narrative remarquable, tant du fait des menaces extérieures avec les Autres qui sont au Nord et les Targaryen alliés aux Dothraki qui peuvent intervenir à tout moment dans le royaume, que de l’intérieur avec les manigances des Lannister et de leurs alliés, ainsi que les prises de position troublantes de nombre d’autres familles. Une guerre se profile ? Non, trois guerres, trois fronts, et quelle nation pourrait bien survivre à un tel chaos ?
Malgré la propension de George R. R. Martin à doter les personnages secondaires d’une mortalité hors du commun, même s’il ne dédaigne pas de temps à autre à éliminer un premier rôle, l’auteur n’est pas en manque de personnel et sait renouveler les effectifs de ce récit incroyable. D’aucuns prétendent qu’il est l’héritier de Tolkien. Pour ma part, et même si l’on m’accuse d’hérésie, je n’ai pas connu avec ces premiers volumes du Trône de fer, l’ennui que m’a parfois procuré Tolkien. J’y ai, au contraire, retrouvé la vigueur d’un Howard qui m’avait tant fait rêvé et découvrir un genre dont je pense que Martin est le renouveau salvateur dans un monde qu’il a su stabiliser autour des Sept Couronnes et du clan Stark. L’écriture est palpitante, et même si la traduction française est médiocre, cette saga mérite vraiment que les lecteurs s’y intéressent.
Le donjon rouge – Le trône de fer T2
George R. R. Martin
Couverture illustrée par Olivier Frot
Traduction par Jean Sola
Editions J’ai lu
Collection Fantasy
2001
8,50 €