Glénat manga s’est lancé dans l’édition des romans adaptés de certaines séries à succès, parcours classique dans le monde éditorial japonais mais moins évident en France. C’est donc avec plaisir que l’on a pu découvrir le second tome dédié à une vision romancée de la série D.Gray Man.
Le Comte Millénaire, ennemi juré des exorcistes de la Congrégation de l’ombre pourrait-il se montrer magnanime ? Alors qu’il est en chemin pour une journée de grande activité maléfique, voici qu’il tombe sur un enfant perdu pleurant à chaudes larmes. Amusé, le cruel fabricant de tragédies prend le petit être sur son dos et l’emmène avec lui à la rencontre des humains désespérés qu’il va pouvoir manipuler et transformer en démons.
Dans un autre temps, un autre lieu, les deux exorcistes Lavi et son maître Bookman retrouvent Doug le traqueur dans une ville qui semble la proie de rares violences. De très nombreuses disparitions ont été recensées, liées à l’errance nocturne d’un homme dévoré de chagrin depuis le décès de son épouse. Les trois hommes se doutent qu’un démon akuma est derrière tout ceci. Il leur faut enquêter, le débusquer et le détruire. Mais la tâche ne sera pas si aisée. Entre soupçons et combats, l’amitié qui lie Doug à Lavi va connaître une épreuve de plus. Lavi n’oublie pas qu’il n’est pas un exorciste par vocation, que ce n’est qu’un des 49 noms et autant de visages qu’il présente depuis qu’il a été choisi par Bookman. Son premier devoir est envers son maître aussi a-t-il choisi de ne jamais s’impliquer plus que nécessaire, encore moins de s’attacher aux gens. Pourtant, sa carapace résiste mal à la chaleureuse présence de Doug. Et si ses doutes venaient à compromettre l’une de ses missions ? Ou pire, à faire tuer un innocent ?
De retour au QG de la Congrégation, une fête accueille exorcistes, scientifiques et traqueurs. Le grand intendant Komui a décidé d’organiser un concours : du plus gros mangeur au meilleur joueur de poker, il faudra être le meilleur pour recevoir un prix de valeur. Humour et querelles bon-enfant sont au rendez-vous. Mais quel est le but secret de Komui, toujours si enclin à transformer le QG en terrain d’expérimentations loufoques ?
Après un premier volume au ton majoritairement sombre et ne présentant rien de nouveau sauf pour les néophytes et ceux qui ne connaissent pas la version animée, ce second opus est un régal. Que de l’inédit, une variété de récits allant du conte enfantin à l’épisode comique en passant par une aventure triste et noire, Le 49e Nom présente un intérêt pour tous les lecteurs. On prend plaisir à découvrir une mission méconnue de Lavi et Bookman, de creuser un peu plus les mystères de la personnalité du jeune homme si attachant découvert à partir du tome 5 de la série manga mais sans pour autant lire de révélations absolues (on ne sait toujours pas pourquoi il est borgne). Le premier chapitre, pour sa part, présente et résume habilement la nature du Comte Millénaire, lecture sympathique ou utile suivant que l’on soit lecteur du manga ou non. Enfin, le troisième épisode se concentre sur un des aspects les plus déroutants et rare source d’humour dans cette série fortement dramatique, le farfelu du grand chef Komui, les querelles entre exorcistes ou la mise en avant des traits les plus amusants de leur personnalité respective.
L’écriture de Kaya Kizaki est plus fluide que dans le premier volume, plus riche aussi. Elle exploite au mieux les ressources données par la série originale et en fait un terrain personnel d’expression sans jamais trahir l’esprit de Katsura Hoshino. De son côté, la mangaka a apposé sa marque par le biais d’illustrations de couverture et de chapitre, lien précieux avec le manga, son œuvre majeure, clin d’œil pour les fans et support bienvenu pour les lecteurs qui se concentreraient uniquement sur les romans.
Publié avec le même soin que la version imagée, Le 49e Nom est une bonne version de la série D.Gray Man, à savourer, au choix, comme un complément indispensable aux fans ou comme une version alternative aux non adeptes du manga.
Le 49e Nom – D.Gray Man Reverse – T.2
Texte : Kaya Kizaki
Dessins : Katsura Hoshino
Glénat manga
Collection Shonen
Septembre 2013
7,60