Arzel est orphelin de mère. Son père a disparu. Il est recueilli par son oncle Tristan de Kerlann. Parce qu’on le soupçonne d’être l’enfant d’un fé, le garçon est rejeté par tous. Tous, sauf Emilien, son cousin, qui pratique la magie pour lui. Pour Émilien, Arzel va soulever bien des tempêtes au sein de sa famille.
1787.
Yann de Kermazan suit son père, le nouvel intendant, au manoir de la famille Kerlann. Il est immédiatement fasciné par Hoel de Kerlann, l’héritier du domaine, qui n’a plus de parents. Le jeune homme se dissimule derrière bien des mystères, ses origines sont troublantes. Pour Hoel, Yann est prêt à croire aux fés et à affronter les dangers nés de la mer, les jours de tempête…
Les éditions AleXan présentent leurs textes comme étant “gay-friendly avec des illustrations boys’ love” cependant, on ne peut pas réellement dire que Fés des tempêtes rentre dans cette catégorie. La couverture de Saeko Doyle est tout à fait en accord avec l’ambiance du roman. Seulement le choix d’un trait “manga” m’a un peu gênée : nous sommes en pleine Bretagne du XVIIIème siècle et à la lecture, on n’imagine pas du tout les personnages ainsi.
Le roman met en avant les êtres féeriques dans la Bretagne du XVIIIème. La famille Kerlann est une famille particulière montrée du doigt par tous : du sang féerique coule dans ses veines. L’auteure s’intéresse ici au fés, c’est-à-dire les “mâles”, peu mis en avant dans les histoires féeriques. Dans les deux parties, un mortel va tomber amoureux d’un fé. Ne vous attendez pas à une coquinerie poussée, car ces relations gays sont traitées de façon tout à fait subtile. Les deux scènes de sexe sont courtes et basées avant tout sur des sentiments. La première entre Arzel et Émilien est d’ailleurs joliment décrite avec tout un ensemble de codes féeriques bien dosés. Cela dit, Fés des tempêtes est un véritable roman merveilleux où la plupart des codes du genre sont abordés. On notera une belle reconstitution de la Bretagne de l’époque avec un souci de descriptions et de noms judicieusement trouvés.
La première partie (Arzel/Émilien) est la plus longue et la plus intéressante. La seconde est pour moi une redite avec les mêmes situations, la même évolution de personnages, les mêmes dialogues et surtout la même fin concluant déplorablement le roman. La seconde partie est finalement à oublier très vite quand on referme le livre afin de rester sur une première partie captivante ! Le seul intérêt réside dans la mise en avant de la mer (contrebandiers, Naufrageurs, bateaux fantômes, tempêtes…).
Les personnages sont attachants, dynamiques et volontaires. L’auteure pose les questions de l’homosexualité et des croyances païennes à cette époque. Dans la seconde partie, la réaction du père de Yann semble un peu forcée et surtout un peu facile : elle permet à l’auteure de ne pas s’embêter avec une évolution de personnage ; il est déjà d’accord ! D’ailleurs, si Hoel est aussi mystérieux et intrigant (voire attirant/hypnotisant) qu’Arzel, Yann est bien plus insipide qu’Émilien : il manque de caractère et sa personnalité, sans originalité, présente de grandes similitudes avec celle d’Émilien.
L’écriture de Chris Verhoest n’est pas toujours d’un bon niveau avec parfois des répétions de mots dans un même paragraphe et beaucoup de phrases pas assez littéraires. A l’inverse, ses descriptions sont superbes et les dialogues justement amenés. Les chapitres courts permettent une lecture rapide et chaque fin de chapitre fonctionne un peu comme le cliffhanger d’une série, donnant au lecteur l’envie de continuer.
CONCLUSION
Il est vrai que la fin du roman gâche vraiment le plaisir de lecture, mais Fés des tempêtes permet aussi de découvrir une auteure passionnée par le merveilleux et maîtrisant les codes du boy’s love sans en faire trop. Un moment de lecture certes rapide et facile, mais tout de même agréable.
Fés des tempêtes
Chris Verhoest
Couverture : Saeko Doyle
AleXan éditions
12 €