Entretien avec Patrick McSpare, auteur de Comtesse Bathory

 pat2eMaginarock.fr : Bonjour Patrick, et merci de répondre à ces quelques questions. Pourrais-tu tout d’abord te présenter à nos lecteurs, pour ceux qui ne te connaissent pas, et nous parler un peu du parcours qui t’a mené à être auteur ?

Patrick Mc Spare : Bonjour et merci à toi. Je suis très honoré d’être accueilli sur un site aussi classe et prestigieux que eMaginarock. J’ai démarré ma vie artistique en fondant mon premier groupe à l’âge de 17 ans (« Porno Kino », street punk), en tant que chanteur et parolier. Par la suite, j’ai été créatif en agence de pub, animateur radio et illustrateur dans la presse locale. En 1999, j’ai commencé à travailler avec des éditeurs nationaux de presse BD, comme Semic, Mon journal ou Pif Éditions. Cela a duré quelques années, durant lesquelles je n’ai jamais cessé de donner de jouer avec mon groupe. Et c’est d’ailleurs au lendemain d’un concert parisien (à réveil très difficile:)) que mon ami Olivier Peru m’a téléphoné, tout amusé, pour m’annoncer que nous démarchions le même éditeur. Il s’agissait des éditions Scrineo et Olivier venait de s’apercevoir de la chose à l’issue d’un rendez-vous où Jean-Paul Arif lui avait montré certains de mes dessins. Quelques jours plus tard, le concept des Haut-Conteurs naissait de nos cerveaux en ébullition et je signais mon premier contrat en qualité d’écrivain. Olivier et moi avons co-écrit cinq tomes de cette saga avant de reprendre chacun des projets plus personnels. Hormis la joie (il y eut beaucoup de fous-rires dans cette histoire) de travailler enfin ensemble, nos amis Conteurs nous ont permis d’acquérir légitimité et crédibilité dans le milieu de la littérature jeunesse. Car nous cherchions depuis un moment déjà à nous faire une place dans l’écriture romanesque. Le premier tome des Haut-Conteurs est sorti en octobre 2010 et depuis, je me consacre, avec grand plaisir et quasi-exclusivement, à l’écriture.

M. net : Parlons maintenant de ta dernière actualité, Comtesse Bathory, que tu viens de publier chez Eclipse. Comment t’es venue l’idée originelle de ce roman ?

P. M. S. : En fait, il y a longtemps que je m’intéresse à ce personnage. Je l’ai découvert de façon inattendue, par le biais d’une chanson du groupe Venom (« Countess Bathory »). À l’époque, le thème de la chanson (un résumé rapide des tristes exploits de la comtesse) m’a intrigué, sans plus. Dans un second temps, alors que je travaillais avec les éditions Semic en tant qu’auteur BD, j’ai décidé d’utiliser Erzébeth comme l’une des ennemies de mon héros d’alors, « Dharkold ». C’est à ce moment-là que je me suis sérieusement documenté, sans pour autant lire aucune fiction portant sur le sujet. Cela se passait en 2001 et je caractérisai alors la comtesse de manière manichéenne. Mais au fond,

je savais déjà qu’un jour, je lui consacrerais une œuvre plus conséquente. Car les recherches pour « Dharkold » avait suscité bien des interrogations en moi. Belle, riche, issue de la plus puissante famille hongroise, pieuse, aidant parfois les familles nécessiteuses, la comtesse bascula peu à peu dans l’horreur. C’est en cherchant à comprendre ses obscures motivations que je décidai finalement d’en faire l’héroïne d’un roman. Lorsque l’occasion se présenta, n’éprouvant pas de fascination particulière pour les tueurs en série, je fis un travail similaire à celui d’un comédien qui s’imprègne de son rôle (afin de concevoir de l’empathie pour Erzébeth) et mis l’accent sur sa progression psychologique. Le thème est certes classique et je ne voulais pas pondre une énième version centrée uniquement sur les « Trois S ». Ce qui m’intéressait avant tout était d’expliquer comment et pourquoi la comtesse devient un monstre, de faire découvrir aux lecteurs une version inédite de ce personnage déjà tellement exploité.

M. net : Tu utilises, dans ce roman, de nombreuses références à différents personnages de la littérature fantastique. As-tu fait des recherches sur eux ? De même, quel volume de recherches t’a été nécessaire pour en arriver à produire un livre aussi précis dans ses détails chronologiques ?

P. M. S. : Erzébeth est confrontée à divers personnages. Certains ont réellement existé dans son entourage, comme Cadevrius Lecorpus, Anna Darvulia, le nain Ibis ou la nourrice Ilona. En revanche, Vincent de Guise, Victoria Caldwell et Daga Wolf sont nés de ma seule imagination. Pour les amis d’Erzébeth, la recherche a été rapide car il existe très peu d’éléments les concernant. Et le champ restait entièrement libre pour les personnages fictifs. Les seuls pour lesquels j’ai dû parcourir une documentation plus volumineuse sont Vlad III Basarab (« Dracula »), Stephen Bathory et Gilles de Rais… sans oublier leur environnement historique précis. Mais c’est surtout le contexte géographique et politique de la principale période évoquée qui m’a pris du temps. Je ne connaissais pas du tout la Hongrie du dix-septième siècle avant de m’atteler à ce roman. Toutes les périodes historiques se révèlent compliquées dès lors qu’on se penche dessus, mais celle-ci l’est en particulier, du fait de ses implications multiples. J’ai dû réunir et recouper pas mal d’informations, un peu comme un journaliste, afin de savoir me diriger. Et la chose m’a demandé de longues journées. Heureusement, la magie d’Internet fait qu’on n’a plus besoin de courir pour dénicher une documentation:)

Comtesse BathoryM. net : Avec Comtesse Bathory tu passes du champ de la jeunesse à la littérature adulte pure et dure. Cela modifie-t-il ta manière de concevoir tes scénarios, ton écriture ?

P. M .S . : Sans doute, mais de faible manière. Je réfléchis toujours de la même façon à un scénario, j’établis le même type de conducteur et j’explore les même thématiques. Bien sûr, écrivant dans un registre officiellement adulte, j’aurai tendance à utiliser des tournures de phrases parfois davantage « littéraires ». Mais sans plus, car j’ai pris le parti, dès mes premiers travaux, de ne pas sacrifier la qualité d’écriture, quand bien même j’écrivais pour un public présumé jeune. J’estime qu’il faut tirer les adolescents vers le haut et non vers le bas. Et tant pis si cette démarche en dissuade certains de lire mes romans « jeunesse »:)

Au fond, la seule différence de taille est qu’en littérature adulte, je m’autorise à décrire des scènes de sexe très explicites et à proposer des réflexions poussées, sur la démence ou les croyances religieuses, par exemple.

M. net : Quels sont aujourd’hui tes autres projets ? Des romans en route ?

P.M.S. : Tout à fait. Je me lance dans l’écriture du tome 2 des Héritiers de l’Aube, ma nouvelle saga fantastique éditée par Scrineo. Le tome 1 est sorti le 24 octobre, quelques jours à peine avant Comtesse Bathory. Cette nouvelle série raconte les aventures de quatre jeunes gens venus d’époques différentes et lancés à travers les siècles à la recherche d’une mystérieuse pierre magique. Hélas pour eux, un démon Fomoré à décidé de conquérir la pierre en premier. Autant dire que la tâche va s’avérer rude :)

J’ai également en projet un one-shot sur la Guerre de Cent Ans, un sur la mythologie celtique et un troisième qui explorera une facette différente de la thématique vampirique (eh oui, encore :)).

Enfin, je travaille en qualité de scénariste sur deux albums BD qui paraîtront en 2014 chez Soleil-Delcourt. L’un présentant un univers purement fantasy, l’autre de facture mythologique.

Pour résumer, du pain sur la planche:)

M.net : As-tu prévu de te déplacer sur des salons, séances de dédicaces,… où tes lecteurs pourront te rencontrer ?

P.M.S. : Bien sûr. Hormis la rencontre au Dernier bar avant la fin du monde et la séance de dédicaces à la librairie l’Antre Monde (les 25 et 26 octobre et c’était purement génial:)), je serai à la Foire du livre de Brive du 8 au 10 novembre, au Salon du livre de jeunesse de Montreuil du 27 au 29 novembre et au Festival de l’Imaginaire de Sèvres le 14 décembre. Et je me réjouis déjà à l’idée de passer de nouveaux moments super sympas.

M.net : As-tu des conseils à donner à de jeunes auteurs qui souhaiteraient se lancer ? 

P.M.S. : C’est un exercice toujours difficile car chaque auteur a sa personnalité propre, mais je leur conseillerai de bouger beaucoup, d’aller à la rencontre des professionnels de l’édition chaque fois que possible, dans les salons. C’est en nouant des contacts concrets qu’ils prendront conscience de la réalité de ce métier. Rester seul dans sa chambre ou envoyer des manuscrits à l’aveugle ne paie pas souvent. Plus important encore, qu’ils n’hésitent jamais à revenir encore et encore sur leur travail. Dans les disciplines artistiques davantage que dans les autres secteurs d’activité, tout est toujours perfectible.

Merci une nouvelle fois pour cette interview et au plaisir de se recroiser sur un salon ! Excellente fin d’année à toutes et à tous !

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