Suleyman est un vrai moment de détente ! Simon Sanahujas nous entraîne à la découverte de son univers à l’immensité folle en compagnie d’un trio inattendu. Le lecteur est littéralement avalé par ce livre d’une originalité rafraîchissante, au risque de devenir lui-même un « Arpenteur de Plans ». Voyageur du Multivers le temps d’un souffle, on prend vite goût à traverser de nouveaux mondes ou mondes parallèles. Les quelques légers défauts qui transparaissent ne suffisent pas à déposséder l’ouvrage de son charme indéniable.
En flânant dans un parc de notre terre, la jeune Zoé ne se doute pas un instant que sa vie et sa conception de l’univers se trouvent sur le point de changer irrémédiablement. Au mauvais endroit au mauvais moment, elle devient le grain de sable qui vient gêner l’engrenage d’un plan machiavélique dont l’objectif insensé est de remodeler le cosmos.
Au fil de son surprenant voyage dans les méandres du Multivers, Zoé découvrira l’existence d’univers parallèles et celle des organisations qui s’y affrontent dans une lutte sans merci. En compagnie d’un chevalier issu des mythes d’un univers de fantasy et de l’énigmatique Suleyman, le célèbre Arpenteur de Plans dont les rêves semblent influer la réalité, Zoé se retrouvera aspirée dans une spirale d’action qui bouleversera sa vie à jamais.
Que se cache-t-il derrière cette couverture plutôt atypique ? Suleyman est un livre de science-fiction, nul doute. Mais l’auteur a réussi avec brio à nous proposer un univers en trois dimensions où le fantastique et ses horreurs, mais aussi la fantasy et ses magiciens peuvent côtoyer des êtres hybrides armés de blasters dignes de la saga Star Wars. Ce prodige qui permet de contenter les amoureux de tout genre a un nom : le Multivers.
Accrochez-vous, la perspective que l’auteur nous offre est vertigineuse. Le Multivers se compose de tous les mondes issus de l’imagination et de tous les univers parallèles représentant les alternatives aux différents choix que chaque individu fait dans sa vie. Des portes existent entre ces mondes qui permettent d’y accéder. Le tout est de les trouver. Il ne serait pas impossible en toute logique de tomber face à Casimir en train de danser le tango avec Sauron. L’imagination n’a aucune limite ! Je trouve néanmoins décevant que Simon Sanahujas n’ait pas exploité davantage son univers, car celui-ci offre des possibilités inénarrables. L’auteur passe à mon goût trop rapidement sur les mondes parcourus alors que l’on se découvre une soif insatiable pour ceux-ci. Mais je tiens à saluer l’auteur tant il semble difficile de mettre en place un univers aussi vaste.
Simon Sanahujas met en scène un trio surprenant. Tout d’abord Zoé, qui est sans aucun doute la plus grande déception de ce roman. Ce personnage manque malheureusement de crédibilité, j’ose même dire de subtilité. Je m’explique : il est douteux qu’une personne soit si peu perturbée par la découverte du Multivers. Bien entendu, Zoé se pose des questions, mais sans à-propos, ce qui rend sa candeur agaçante. Ce sentiment est renforcé par ses sautes d’humeur et ses réactions puériles. Suleyman, quant à lui, est un personnage étonnant. Ce skinhead habillé de treillis et combattant avec un nunchaku m’a très vite intrigué. Tout son charme réside dans son passé mystérieux et l’étrange reconnaissance de ses pairs. Sa connaissance du Multivers va sauver à plus d’une occasion la vie de notre insupportable héroïne. Son assurance ne va pas laisser celle-ci indifférente… Mercenaire est le stéréotype même du guerrier de fantasy. Alors même que ce chevalier, revêtu d’une armure de plates et disposant d’une force incomparable, cherche un adversaire à sa mesure à travers le Multivers, il se retrouve pris dans un engrenage d’une dimension effrayante. Il y a néanmoins beaucoup d’ennemis à combattre, ce qui n’est pas pour lui déplaire. J’affectionne réellement la présence de ce genre de personnage dans un roman de SF. On ne se refait pas !
Le scénario, quant à lui, est simple mais efficace. J’avoue avoir été plus intéressé par l’univers mis en place que par la trame générale. Mais Suleyman est un bon livre, captivant et travaillé.
L’illustration de couverture représente fidèlement ce à quoi il faut s’attendre : un livre détonnant ! Michel Borderie a usé une nouvelle fois de son coup de main adroit pour un beau résultat.
Je serai bref en conclusion : essayer, c’est l’adopter !
Suleyman
Simon Sanahujas
Illustration : Michel Borderie
Éditions Lokomodo
7 €