Mai 1891. Sherlock Holmes a péri dans les chutes de Reichenbach en affrontant son plus grand adversaire, le Professeur Moriarty. C’est du moins ce qu’affirme la presse. Une version hasardeuse, car Holmes est bien vivant et compte tirer profit de sa mort présumée pour parcourir le monde. Mais, s’il est aisé de tromper le commun des mortels, d’autres ne se laissent pas si facilement convaincre. Holmes voit ses projets contrariés quand des vampires londoniens retrouvent sa trace à Paris. Commence alors la plus sombre enquête du détective contraint de pourchasser Owen Chanes, un vampire défiant l’autorité de son maître. Une enquête qu’il devra résoudre au plus vite, sous peine de voir la vie de ses proches menacée… Sans parler de la sienne.
Ma toute première impression fut de me demander pourquoi Sherlock Holmes, célèbre détective londonien, personnage très rationnel créé en 1887 par le non moins célèbre Sir Arthur Conan Doyle, venait tremper dans une sombre affaire vampirique.
Après quelques petites recherches sur la nouvelle Collection de Soleil, 1800, j’ai vite compris que cette excentricité était le souhait de Jean-Luc Istin (directeur de la Collection) : chaque série associe des concepts ou héros issus de la littérature à des créatures ou thèmes fantastiques.
Un beau défi, surtout si l’on veut être à la fois fidèle au personnage complexe de Sherlock Holmes et aux mythiques buveurs de sang.
Le scénariste Sylvain Cordurié nous cuisine donc un mélange des genres qui juxtapose rationalisme et surnaturel, logique et superstition. Mélange réussi ? Oui, mais uniquement si le lecteur se prête au jeu.
En acceptant la liberté des auteurs, on pénètre dans une atmosphère pesante et sombre brossée par la plume du dessinateur Laci où l’on oubliera bien vite que la soif de sang des vampires a remplacé l’addiction aux drogues du détective.
Les lecteurs apprécieront le rythme de cette bande dessinée où la mise en scène et le découpage des planches donnent à l’histoire un caractère très cinématographique et nous tiennent en haleine jusqu’à la 48e planche.
On pourra tout de même regretter que l’action empiète sur la réflexion, l’observation et la déduction de Sherlock Holmes. C’est pourtant ce qui fait le charme et le talent mondialement reconnu du gentleman britannique.
Le deuxième tome prévu pour mai 2010 devrait nous apporter les réponses aux questions que l’on se pose à la lecture de ce premier opus. Reste à espérer que les auteurs ne s’accordent pas plus de liberté quant au caractère complexe et à la nature follement singulière du détective de Sir Conan Doyle.
L’Appel du sang – Sherlock Holmes & Les Vampires de Londres T1
Sylvain Cordurié (Scénario); Laci (Dessins); Jean-Sébastien Rossbach (couverture)
Soleil Productions
Collection 1800
2010
48 pages
12,90 €