Première anthologie des éditions du Petit Caveau, Or et Sang nous propose d’explorer à travers seize nouvelles le mythe du vampire. Encore !? diraient certains ? Eh bien moi je dis pourquoi pas. Jusqu’alors cette maison dédiée exclusivement aux créatures de la nuit nous a livré des titres de très bonne facture et donc en ouvrant cette anthologie j’avais un a priori assez favorable. En fait, l’idée de mêler les vampires et la richesse a de quoi séduire le lecteur et voyons donc maintenant pourquoi…
La richesse et l’écarlate ichor sont autant de signes distinctifs de la fonction de vampire, tout comme la puissance. La thématique semble donc particulièrement bien adaptée à une réussite sanglante sur les terres de l’Imaginaire. Voici pour commencer la liste des auteurs de cette anthologie : Bettina Nordet, Gwenaelle Durand, Elodie Lemaire, Franck Ferric, Line D. Rey, Henri Bé, Stéphane Soutoul, Lia Vilorë, Alazaïs Clénié, André Samie, Elie Darco, Aurélie Wellenstein, Cecile Duquenne, David Osmay, Audrey Herreman et Lucile Garrigoux. Autant être franc les deux seuls auteurs dont le nom m’ait frappé en lisant cette liste sont Franck Ferric et Elie Darco. Les autres semblaient donc être pour moi des découvertes complètes…
Mais parlons tout d’abord de la couverture. Réalisée par Véronique Thomas elle met parfaitement le lecteur dans le ton de ce qu’il va pouvoir découvrir dans ces pages. Un être dangereux bien qu’aux atours particulièrement séduisants, environné de soieries, de velours et d’or, le tout dans une lumière mordorée du meilleur effet. L’une des, si ce n’est la, meilleures couvertures que le Petit Caveau nous ait proposées.
Mais entrons maintenant dans le vif (si l’on peut dire…) du sujet avec les nouvelles en elle-même. Je ne vais pas toutes les développer, mais juste vous donner quelques coups de cœur et d’autres qui m’ont moins laissé sur ma faim…
Sacrifices de sang de Bettina Nordet inaugure l’anthologie et ce texte est à double tranchant. Il commence très très fort et l’on se dit que la lecture va vraiment être plaisante. Mais viennent ensuite les difficultés : son histoire part dans un romantisme homosexuel qui n’a en soi rien de dérangeant, mais l’on n’obtient pas ce que promettait le début du texte. Peut-être est-ce le format nouvelle qui l’a trop obligée à condenser sa nouvelle, car finalement on est un peu déçu : la fin est trop facile et finalement on en attendait plus. Le choix de commencer l’anthologie avec cette nouvelle n’est pas forcément le meilleur, car certains lecteurs pourraient être rebutés par cette difficulté.
Le texte d’Elie Darco est une pure merveille et en deux nouvelles il est parvenu à me convaincre de son talent. L’orbe d’or fait partie pour moi des meilleurs textes proposés ici au jugement des lecteurs.
Le transformateur de Franck Ferric est une nouvelle plutôt étrange au charme légèrement suranné qui nous propose une vision assez particulière du vampire. Bien écrite, elle se lit rapidement tant on a envie de savoir où l’auteur veut nous emmener, de quelle manière il va parvenir à conclure cette nouvelle.
Mais pour moi les deux textes les plus emblématiques de cette anthologie ne sont pas forcément ceux auxquels on aurait pu s’attendre de prime abord : Commersang d’André Samie et Le sang du soleil de Lia Vilorë. La première de ces deux nouvelles est aussi surprenante que prenante à lire et la vision de cet auteur de la question vampirique est vraiment assez étonnante. La conclusion sait également laisser le lecteur sur les fesses, car il s’attend réellement à beaucoup de choses, mais pas à ça… Le sang du soleil est également assez atypique dans son genre et parvient à créer une véritable ambiance auquel le lecteur se laisse prendre. La fin est un peu moins flashy que celle de Commersang mais reste de très bonne qualité. Chacun de ces deux textes possède de véritables qualités et j’ai ici découvert deux auteurs dont je m’appliquerais à lire les nouvelles à l’avenir, car j’ai vraiment apprécié leur style un peu décalé.
Pas de véritable déception ici si ce n’est Mercenaires, larmes divines et ex-petites amies rancunières signée par Lucile Garrigoux. Je me suis par moment demandé ce que ce texte faisait dans cette anthologie et l’ensemble des ficelles m’a paru trop facile. Le style m’a paru également assez approximatif et c’est dommage, car il y avait de quoi développer une véritable idée.
Or et Sang est donc globalement une bonne anthologie, avec ses hauts et ses bas. Alors que la période tend à voir des anthologies au niveau équilibré sortir sur les étals des libraires, il y a ici de très bons textes et d’autres plus quelconques. Cela est dommage d’ailleurs, car en refermant cette anthologie on a la sensation que tout n’est pas exploré dans cette thématique de l’or et du sang… Autre choix que je discute : le fait de placer Bettina Nordet en tant que premier texte. J’aurais personnellement plus vu Le Transformateur ou encore Commersang afin de commencer sur une note un peu plus décalée avant de revenir aux classiques du genre. Malgré tout cela je me suis réellement fait plaisir à lire cette anthologie qui permet d’avoir une véritable alternative à la vague simplement bit-lit qui ruine un peu l’image romantique et profonde du vampire au profit d’un sexe débridé (non je ne donnerais pas de nom…) Pour conclure, je dirais que Or et Sang n’a rien d’un acte manqué, mais qu’il manque à mon avis un véritable anthologiste pour sélectionner et travailler les textes dans la perspective de l’anthologie. Un premier essai qui parvient tout de même à garder l’une des meilleures places dans mon cœur de lecteur en espérant que les prochaines anthologies sauront relever la barre au niveau de ce qui nous a déjà été proposé par cette jeune et dynamique maison d’édition…
Or & Sang
Editions du Petit Caveau
18,90 €