Un roman de science-fiction écrit par une star du porno français et un ancien directeur de la FNAC vient forcément titiller l’intérêt du lecteur que je suis, surtout quand une telle promo sur Facebook est faite. C’est donc avec un regard le plus neutre possible que j’ai commencé à lire Cathédrales de Brume. Je pensais que la quatrième de couverture et l’illustration m’avaient donné une idée assez réaliste de ce que j’allais trouver dans ces pages. Eh bien je ne n’avais qu’à moitié raison… Je m’en vais de ce pas vous expliquer pourquoi.
Voici tout d’abord le quatrième de couverture pour vous mettre en bouche avant d’attaquer les choses sérieuses :
Pétrifié au sein d’un sarcophage de cristal dérivant dans l’espace extragalactique, un naufragé est condamné à poursuivre une hallucinante odyssée pendant plusieurs millions d’années. Sans bouger. Et sans pouvoir mettre fin à ses jours…
Amaranth Heliaktor a pour seule compagne une sentinelle électronique qui l’aide à façonner les mondes virtuels qui lui servent d’exutoire. S’immergeant au sein d’un univers personnel qui se juxtapose à l’âpreté d’une réalité affolante, il émerveille ses sensations, son corps, son âme. Au contact de la beauté absolue, il fait des rencontres émouvantes, hallucinantes et sensuelles.
Puis il se damne avant d’accomplir l’ultime métamorphose.
Confronté à l’indicible, il se réfugie dans ces architectures oniriques qu’il nomme affectueusement… ses cathédrales de brume !
Voilà qui devrait vous mettre en jambe pour la suite. Enfin en jambe, pas forcément. En effet l’action n’est pas l’élément primordial de ce roman qui tient bien souvent du contemplatif et de la philosophie. Est-ce pour autant un mal ? Je répondrais non car cela change de ne pas avoir un roman de science-fiction où les vaisseaux se tirent dessus à tout bout de champ, où les guerres entre races sont légion,… Nous avons ici affaire à une science-fiction beaucoup plus feutrée qui se place bien loin de la fureur du space-opera.
Le véritable intérêt de ce roman réside dans toute la poésie qui se dégage de l’écriture des deux auteurs. On sent réellement que l’éditeur s’est fait plaisir en publiant ce livre et cet enthousiasme en deviendrait presque communicatif. Le style d’écriture n’est toutefois pas dépourvu de lourdeurs qui font sentir le fait que Cathédrales de Brume est un premier roman. Parfois, certaines phrases trop longues font perdre au lecteur le fil de la pensée et cela nuit par endroit à la cohérence de l’histoire dans l’esprit du lecteur. De même, l’ajout de notes de bas de page pour certains concepts un peu ardus n’aurait pas été du luxe. Toutefois, l’ensemble reste parfaitement cohérent et on se voit assez rapidement emporté dans ce long voyage interstellaire au fil des 490 pages du roman.
L’histoire en elle-même pourrait par moment servir presque uniquement de justification à de plus amples réflexions mais en réalité, lorsque l’on progresse dans la lecture, on se rend compte que le scénario a également de l’intérêt : nous présenter une ambiance feutrée, celle d’une petit vaisseau filant dans l’espace intersidéral, propice à de longues pensées sur le passé et le devenir de l’humain, mais aussi multitude d’autres sujets.
A mon sens, Cathédrale de Brumes ne sera pas le roman de l’année en termes de ventes. Trop confidentielles pour être appréciées à leur juste valeur, les digressions des auteurs lasseront probablement un certain nombre de lecteurs mais la poésie environnant les Cathédrales de Brumes d’Amaranth Heliaktor parvient à réconcilier le lecteur. En effet, les amateurs de philosophie science-fictionnelle trouveront leur compte tandis que ceux qui aiment les textes au style choisi seront ravis. Concernant ce roman, je ne rejoins pas certains des avis qu’il m’a été donné de lire sur la Toile : Cathédrales de Brume est un excellent roman, il suffit simplement qu’il trouve le bon lectorat même si au vu de la production générale, cela lui sera assez difficile car des textes aussi fouillés ont assez peu leur place. Malheureusement…
Cathédrales de Brume
Oksana & Gil Prou
Rivière blanche
30 €