Un extraordinaire premier tome qui propose un imaginaire original et plein de poésie !
On dit que le Chaos, quand il veut un enfant, pousse une femme à concevoir lors du jour de Diké. Et sa fille après elle, et ainsi de suite pendant six générations… Et lorsque naîtra la septième, naîtra alors la vraie fille du Chaos. Et celle-ci sera bleue comme la nuit, et celle-ci sera pleine de la force du ciel, et celle-ci mettra la terre en colère.
Sous le soleil de Monos s’étale un gigantesque marais parsemé de volcans et d’atolls. Sur Polis, l’île centrale, le couple sacré, aux pouvoirs ancestraux, maintient l’Équilibre durant les quarante-neuf ans de la ronde. Mais lors de la cinquantième année, l’ombre de la planète Mavros se répand et vient le temps de la guerre.
Une guerre qui semble lointaine à la naissance d’Aïone. Et pourtant, l’extraordinaire enfant à la peau bleu profond et aux cheveux de feu semble à l’origine d’une cascade de bouleversements. Le volcan se réveille. Au contact de sa peau, ses frères sont transformés et développent le pouvoir de saisir l’avenir, de discerner le mana, de commander au vent…
Débute alors un cycle de calamités à l’ampleur surnaturelle – séismes, tempêtes, sécheresse, coulées de lave – et tous s’interrogent : la petite fille à la couleur de nuit, qui grandit à une vitesse phénoménale, est-elle un élément d’Équilibre ou de Chaos ? Le couple sacré et les mages de guerre accepteront-ils son existence ? Aïone et ses frères, aux dons enviables, seront-ils enlevés à leur village ? Et surtout… qui aura le pouvoir de calmer le Maelström au coeur du volcan ?
Rien ne vaut une seconde chronique pour appuyer la qualité du roman de Silène Edgar ! Ce premier tome est en effet complètement magique. Nous sommes entraînés dans un monde dont le world building est très réfléchi et pensé avec des références cachées à ce qui m’a semblé être la Polynésie.
La plume de Silène Edgar est à la fois très poétique et très réaliste avec un folklore local et des traditions qui paraissent vraiment exister. Les descriptions sont toujours précises, mais jamais surchargées tout comme les dialogues parfaitement ajustés au caractère de chaque personnage.
Les personnages justement. Souvent, un roman – même très bien ficelé et pleinement satisfaisant – n’est pas forcément bien équilibré entre personnages, décors et actions. Or ici, c’est tout l’inverse ! Le roman n’est pas uniquement porté par ses personnages ni uniquement par la dimension épique de certaines séquences, notamment quand la nature se rebelle. Chaque personnage mérite son attention et même si Aïone est au cœur de l’intrigue, c’est finalement plutôt Noun, son père, qui mène la danse. Puis viennent les frères, Aether et Gê, particulièrement attachants ou encore Tahora la mère jusqu’à la grand-mère Gia et le grand-père Metua. Et cette alchimie extraordinaire entre personnages, décors et action crée une lecture puissante et addictive.
Le “décor” du roman est d’ailleurs bien plus que ça. Il s’agit plutôt d’un monde îlien, cohérent et qui, derrière l’aspect fantasy-prophétie, explicite aussi des problématiques environnementales même si ce n’est pas le cœur de l’intrigue. L’auteure insiste sur la nature qui est une part importante de la vie des îliens, arbres et eau au premier plan. Folklore et traditions découlent justement de cette nature pourvoyeuse de nourriture, protectrice, accueillant les esprits des ancêtres, mais aussi parfois agressive, impétueuse et clairement incontrôlable.
Une maison de feu est un premier tome totalement réussi qui laisse présager une suite épique et sans doute plus dure avec un nouvel univers à découvrir, celui de la ville de Polis. Les descriptions de l’auteure sont tellement visuelles que l’on imagine déjà très bien à quoi va ressembler cette étrange cité dont on nous a parlés tout au long du premier tome. Une trilogie à suivre absolument !