Un roman étonnant et passionnant, dans un univers fascinant.
À l’Ouest s’ouvre un nouveau monde…
Nacarat est un vaste territoire rouge, aussi riche que dangereux. Les colons y rêvent d’or et de magie, tandis que les chasseurs de prime tuent les monstres pour revendre leurs organes. Se greffer, c’est acquérir un pouvoir aléatoire, aux effets parfois dévastateurs.
Mais au cœur de ces nouveaux États subsiste une région inexplorée. Symphonie est le domaine de la Harpiste, une créature de cauchemar qui soumet ses adversaires par la musique. Elle fait de la mort et de l’asservissement des spectacles dont elle se délecte.
Abraham sait qu’elle retient son frère, parti quelques années plus tôt tenter sa chance dans le Nouveau Monde. Sur les traces de son aîné, il s’enfonce à son tour dans Symphonie. Le temps presse, le pistolero va devoir se faire des alliés de taille s’il veut espérer revoir Jarod vivant.
Un univers de western
J’ai peu lu de textes d’Aurélie Wellenstein par manque de temps, et je dois reconnaître que ce fut une grave erreur. L’autrice parvient en quelques pages à générer à travers ses mots un monde étrange, loin du nôtre et pourtant étonnamment proche. Dans le cas de la Harpiste son Far West n’en est pas totalement un, elle l’ancre dans une fantasy globale mais on sent clairement que les inspirations sont là. Et il y a actuellement trop peu d’univers de ce type, laissant un créneau à prendre que l’autrice parvient à investir avec talent. J’ai vraiment adoré évoluer au sein de Symphonie, avec sa géographie, sa faune et sa flore atypiques.
Un voyage initiatique
Le roman nous propose le voyage d’Abraham au sein de Symphonie, sur les traces d’un frère parti dans la quête de l’Ouest. Voulant le sauver, il va se trouver lui-même au fil des pérégrinations en compagnie de la bande de desperados atypiques qu’il va rejoindre. Et ce voyage qui devient initiatique va emmener le lecteur au plus profond des Terres rouges, en direction d’Opéra. Le final est tout simplement éblouissant. Je ne l’ai absolument pas vu venir en ce qui concerne le destin d’Abraham et on doit reconnaître à l’autrice une inventivité et une talent rare dans la construction de ses récits.
Des personnages étonnants et puissants
L’histoire que Aurélie Wellenstein nous invite à suivre est vraiment passionnante car on voit le héros évoluer, ses camarades possèdent chacun des pouvoirs mais aussi leurs revers, qui leur donnent une personnalité propre. Le revers c’est le désavantage créé par leur pouvoir. Apparaissant la nuit il vient contrebalancer leurs capacités de jour et cette idée permet vraiment d’équilibrer des héros comme Belle ou encore Earl, qui seraient surpuissants sinon. Au fil des pages on s’attache à chacun d’eux, on les suit avec plaisir et on découvre à la fois leur passé, leur présent et finalement ce qu’il adviendra d’eux. Abraham est finalement normal et donc apparaît comme le plus neutre, presque insignifiant au départ pour le lecteur. Et pourtant il va garder une importance capitale jusqu’à la dernière ligne du récit. Normal mais pourtant diablement attachant…
Avec ce nouveau roman, beaucoup plus adulte avec une vraie dimension horrifique par moment, Aurélie Wellestein m’a convaincu de me plonger dans ses histoires précédentes tant je suis tombé amoureux de son talent. La plume est acérée, l’imaginaire omniprésent et parfaitement construit, les personnages donnent envie de les suivre au bout du monde. Je ne vois pas de défaut à ce roman, aussi surprenant que cela soit, et tant mieux !