Un premier roman impressionnant pour un auteur de fantasy proposant des choses vraiment innovantes. La Cité des Marches est tout simplement impressionnant.
Autrefois puissante cité divine capable de conquérir et d’asservir les peuples établis à sa proximité, Bulikov est tombée. Ses dieux protecteurs ont été exterminés par un chef de guerre venu de Saypur. Et une mystérieuse catastrophe a eu lieu dans la foulée : le Cillement.
Soixante-dix ans plus tard, Bulikov n’est plus que l’ombre d’elle-même. Restent toutefois visibles, çà et là, certains vestiges des miracles qui l’ont façonnée, notamment d’immenses escaliers brisés qui ne relient plus la terre aux cieux.
Quand un célèbre historien est assassiné, le ministère des affaires étrangères envoie en territoire occupé une de ses meilleures espionnes : Shara Thivani. Se présentant comme une humble diplomate, la jeune femme découvre l’étrange cité des marches et commence son enquête. Mais sa tâche devient très vite compliquée et dangereuse, car elle touche un domaine des plus sensibles : le passé divin du Continent. Un passé proscrit, que nul n’a le droit d’évoquer.
Un univers et un scénario surprenants
L’univers proposé par Robert Jackson Bennett est assez impressionnant. Il mélange avec talent à la fois la fantasy et le steampunk pour nous proposer un Continent ravagé suite au Cillement et à la destruction de ses Divinités. Cette ambiance dégradée au sein de Bulikov est assez sympathique à découvrir et même si le concept de Continent vs ex-colonies est assez classique il est ici parfaitement bien amené et géré.
Le lecteur va suivre Shara, espionne qui va devenir ambassadrice et tenter de résoudre le meurtre de son ami. Mais ne vous y trompez pas, les choses ne seront pas simples pour autant. En effet une conspiration à double niveau et de grande envergure va mettre Shara et son secrétaire l’inquiétant Sigrud à rude épreuve. Seul bémol sur ce roman : un final un peu trop bavard, annonçant une suite qui sera passionnante évidemment, mais manquant un peu de trépidant.
Un système de magie innovant
Le système de magie proposé par Robert Jackson Bennett, avant celui des Maîtres Enlumineurs, fonctionne parfaitement bien et est de nouveau assez innovant. La magie en tant que telle n’existe qu’à travers les Divinités et les artefacts qu’ils enchantent. Or suite à leur éradication, tous les Miracles, ces artefacts, ont été dissimulés aux yeux du public, rendant la population à sa nature purement humaine. Et cette absence de magie, qui ne sera bien entendu pas totale dans le roman, fonctionne très très bien. C’est suffisamment inventif et feutré pour plaire au lecteur.
Une héroïne attachante
Shara est le genre d’héroïne à laquelle on s’attache car elle est tout simplement humaine, couvertes de failles et pourtant si brave. Le duo entre elle et Sigrud fonctionne parfaitement et le lecteur se prend totalement au jeu de leurs aventures. Qu’ils soient réunis ou séparés chacun fait preuve de bravoure, d’intelligence et fait avancer le scénario exactement comme attendu. On sent que l’auteur a tenu à mettre un supplément d’âme dans chacun d’eux tant ils paraissent aisément vivants.
Une belle édition
Albin Michel Imaginaire propose pour ce roman une édition collector à couverture rigide qui fonctionne bien et permet d’avoir un beau livre sans qu’il soit trop cher. Une innovation chez cet éditeur qu’on peut espérer voir réitérée car cela fonctionne.
La Cité des Marches est un très bon roman, empli de bonnes idées et préfigurant totalement les bases de la seconde trilogie de l’auteur. C’est innovant, rafraîchissant et on se prend au jeu de cette enquête alors que le second s’annonce plus politique. Une belle découverte de nouveau que cet auteur en tous cas !
