3 questions à Sébastien Coville, auteur de L’Empire s’effondre

Rencontré à Trolls & Légendes, j’ai été séduit et ait acheté L’Empire s’effondre, ainsi que sa suite. Premier tome d’une trilogie mêlant intelligemment fantasy et steampunk, la plume de cet auteur a très clairement su me séduire. Je lui ai donc posé trois questions autour de son premier opus

1/ D’où t’est venue la première idée de L’Empire s’effrondre ?  Et ce mélange de fantasy et steampunk te vient d’où ?

Mon idée fondamentale était d’écrire sur les mutations d’une société : ses principes et son organisation sociale, son rapport à la religion et à la nature, ses outils technologiques. Je voulais que cette aventure nous parle, tout en nous faisant voyager et frissonner dans un « ailleurs ». J’ai donc pris un grand plaisir à construire un monde original, un terrain de jeu : Seth et le Cercle-Monde.

Qui dit effondrement, dit friction et mouvement. Une sorte de tectonique des plaques humaine. Rien n’est sûr et même les convictions coulent comme du sable entre les doigts. J’aime le mouvement parce qu’il met les principes à l’épreuve. La plupart ne tiennent pas le choc mais certains résistent. Je ne souhaite pas brosser le lecteur dans le sens du poil, mais le plonger dans une histoire intense et contrastée. Parfois plaisante, parfois l’inverse.

Pour le mélange de fantasy et de steampunk, c’est la même idée. Qu’est-ce qui est de l’ordre du « mystère » impénétrable et de « l’inconnu » à découvrir ? La technologie peut-elle être une sorte de magie ? Les deux ont des points communs. J’aime ce côté flou qui demande au lecteur de s’impliquer. Et par-dessus tout, écrire une aventure steampunk/fantasy est jouissif! En croisant les deux, on peut se divertir énormément, tout en posant des questions qui interrogent notre propre réalité, qui n’est pourtant ni l’un ni l’autre.

2/ Comment as-tu conçu les personnages ? Qu’il s’agisse des Princes, ou encore d’Alfred, chacun est des plus crédibles.

Un effondrement est à la fois une tragédie et une opportunité. Question de points de vue. Cette ambivalence, je voulais l’explorer à travers une fresque de personnages variés. Donc, pas de gentils et de méchants, ce serait trop facile, et surtout très faux ! Mais des êtres qui concentrent des intérêts et des désirs, avoués et inavoués, avec des conditions de départ et des choix qui les engagent. Ils évoluent donc à travers les différents tomes. Il faut que le lecteur accepte de les voir se dévoiler au fur et à mesure.

 

Mes personnages ne sont pas parfaits, ni à l’image de ce que nous aimerions être. Ils se débattent comme nous dans un monde féroce. Je les ai conçus avec l’objectif d’être fidèle à leur histoire personnelle et leur situation propre. Les bonnes intentions d’Alfred et Phébus ne suffisent pas à faire taire leur colère et leur ambition. De la même manière, la loyauté de Léonore n’est pas désintéressée. Quant à Arsène et Astrée, leurs naissances et leurs rôles se moquent souvent de leurs désirs. Chacun doit composer avec ce qu’il a et accepter de ne pas tout maîtriser.

Enfin, au-delà des fiches de caractères, des croquis et des notes, il y a évidemment le plaisir de se laisser embarquer par ses personnages. Plus j’écrivais et plus ils me parlaient. Parfois, ils me disaient « non, jamais je n’aurais répondu ça ou fait ça » et ils avaient toujours raison. C’est un sentiment étrange – et extraordinaire – que de discuter avec sa propre création. Je garde pour eux une immense tendresse.

3/ Il y a quelque chose de grandiose dans ton récit. Comment l’as-tu conçu dans son entièreté ? Et d’ailleurs cette conception fut-elle antérieure à la rédaction du tome 1, ou alors t’es-tu lancé dans l’écriture et fais le plan global ensuite ?

J’aime beaucoup ce mot : grandiose. Je le revendique. J’aime les sensations puissantes, les émotions profondes, les évènements « hors-normes ». Et j’ai voulu écrire une histoire « pleine » : pleine de passions, de combats, de mystères, de désastres et d’espoir. J’espère avoir réussi ce pari.

J’avais des visions claires de Seth et de mes personnages, mais pour rendre l’histoire crédible, j’ai dû créer le monde qui avait pu leur donner naissance. La géographie du Cercle-monde, Seth et son histoire, les us et les coutumes, sa religion, tout est le fruit d’un long travail de construction, qui mêle mes différentes passions, pour l’Histoire notamment. Mon univers peut faire penser à la France ou l’Europe fin XIXème siècle, mais de nombreuses inspirations viennent de bien plus loin ou d’autres époques. Seth est un empire à part entière.

Que l’on commence par les finitions ou le gros-œuvre d’un monde original, il faut s’assurer avant tout de la cohérence entre les différents éléments. A l’image de notre planète, mon univers est un ensemble de couches qui ont une raison d’être. Évidemment, on peut créer des univers fantaisistes et géniaux sans cela, mais dans le cas de l’Empire s’effondre, ce n’était pas possible. En gardant cette idée de mouvement et d’évolution, je tenais à ce que les lectrices et les lecteurs assistent à une vraie progression au fil des tomes, aussi bien des personnages que de l’univers.

Pour l’histoire elle-même, j’ai travaillé sur la colonne vertébrale du tome 1, puis celle du tome 2 et celle du tome 3. En quelque sorte, j’avais la carte avec les points à visiter et la destination finale, sans savoir à quoi ils allaient ressembler. On ne le sait qu’en « jetant l’ancre », c’est-à-dire en écrivant. Les fondations de l’univers étaient assez solides pour que je puisse m’y référer et m’assurer que je gardais le cap. C’est en écrivant le texte lui-même que l’on imagine le mieux. Concevoir ne suffit pas.

Le dicton « écrire, c’est réécrire » est tout à fait juste. Il faut se mettre à sa table et écrire, écrire et écrire encore. D’ailleurs, il faut que j’y retourne, de nouvelles aventures m’attendent !

 

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