La Bellevilloise accueillait ce jeudi soir les très énervés canadiens de Get the shot pour une belle affiche complétée par Thrown et Ithaca. Une ambiance survoltée qui a ravi le public !
Nous nous retrouvons devant les portes de la Bellevilloise ce soir dans le 20ème arrondissement d’un Paris déjà bouillant après une journée de manifestations, afin de découvrir un joli plateau exclusivement hardcore. Le public est déjà nombreux à patienter autour d’une bière en attendant l’ouverture des portes. On nous annonce que le concert débutera un peu plus tard, car malheureusement Ithaca ne pourra pas jouer ce soir. Je suis un peu déçue, j’avais très envie de découvrir ce groupe anglais en live, porté notamment par leur talentueuse chanteuse Djamila. Les occasions de voir des groupes avec des membres féminines sont encore trop rares dans la scène Core. Le groupe indique sur leurs réseaux qu’ils sont malheureusement malades. On leur souhaite un bon rétablissement et de pouvoir continuer la tournée avec Get the Shot et Thrown. Je surveillerais attentivement leur prochain passage en France !
19h30, les portes s’ouvrent enfin et nous pénétrons dans la salle de concert de la Bellevilloise. Et il y a du monde. Le public se prépare et s’installe progressivement dans le pit, prêt à accueillir les Suédois de Thrown.
20h15, les musiciens de Thrown s’installent et entament leur set énervé pour le plus grand bonheur d’un public impatient de se lâcher dans le pit. Je découvre le groupe en live et c’est un hardcore très efficace qu’ils nous déroulent ce soir-là. Énergiques, les quatre membres enchaînent sans accroc les morceaux. Le public d’abord un peu timide se chauffe très vite et ça commence à se bousculer gentiment dans le pit. J’appréciais déjà le son hardcore de Thrown pour l’avoir écouté sur album et les voir en live a confirmé mon sentiment. Marcus est impressionnant au scream et exprime sur scène toute la colère de ses chansons. Thrown rassemble d’ailleurs des musiciens qui ne sont pas inconnus de la scène deathcore et metalcore, comme leur batteur Buster qui officie également, entre autres dans Humanity Last Breath. On comprend en effet d’où provient le metal hardcore des suédois plus sombre, plus lourd et plus moderne.
Une belle prestation, bien exécutée, mais qui manque quand même un peu de contact avec le public. Habituée des scènes hardcore envahies régulièrement par le public, je les trouve presqu’un peu sages. Pour autant, musicalement rien à redire, le set est parfaitement déroulé. Je ne manquerais pas de retourner les voir s’ils reviennent sur Paris !
21h, l’attente n’a pas été longue, puisque les canadiens survoltés de Get the Shot entrent en scène et démarrent un set qui ne nous laissera aucun répit. Je les avais déjà vus en première partie de Lionheart à la Machine du Moulin Rouge il y a quelques mois, et je suis ravie de constater que c’est la même énergie et la même qualité de set qu’ils nous proposent ce soir. Les morceaux vont s’enchainer dans la violence, la sueur et la rage. Le hardcore des Canadiens est plus qu’efficace, savant mélange de sonorités trashs à l’ancienne et d’un hardcore plus moderne à base de gros breaks qui ravissent le public. Mais Get the Shot c’est surtout la communion avec le pit et le public. Ces derniers sont invités par le chanteur à monter sur scène, danser, slammer et même grimper sur les rails au plafond. Il veut voir du sang, de la violence et il va être servi. Je les avais trouvés déjà bien énervés à la Machine, c’est encore plus dingue ce soir. Le chanteur se lance aussi régulièrement dans un public ravi de le porter et de le ramener à ses guitaristes, quand il n’est pas suspendu au-dessus de la scène pour faire des tractions. Soyons honnêtes, ça déborde franchement de tous les clichés qui font la scène hardcore, mais c’est justement ça qui plait et qui rend le groupe encore plus sympathique. De même, si le pit est violent et que j’ai eu quelques frayeurs pour mon appareil, le public est somme toute plutôt bienveillant et plus attentif aux autres, en comparaison de ce que j’ai pu voir récemment en concert.
C’est donc un joyeux chaos mais on ne peut qu’apprécier les déclarations d’amour du groupe envers la France et leur public français. Nous sommes leur première maison, comme ils disent, et ils nous le rendent bien. Par ailleurs, j’avais déjà apprécié ce point à la Machine du moulin rouge lorsque je les avais vus, et j’ai de nouveau aimé leur prise de parole pendant le set pour inviter à rejeter les oppressions racistes, sexistes, homophobes. Cette prise de position assumée et revendiquée est suffisamment rare dans la scène métal pour le souligner. Il est d’ailleurs évident que malgré un pit très énervé, c’est ce qui permet de conserver dans leurs concert cette bonne ambiance et un peu plus de respect que dans d’autres scènes. Un joli moment de communion et une bonne bagarre affectueuse en conclusion !
J’ai aussi apprécié la Bellevilloise, une scène que je connaissais peu. Le son était bon, une bonne ambiance, un accueil sympathique et un bel espace à la fois pour la scène et le public. On appréciera les marches qui permettent à ceux qui veulent s’éloigner du pit de profiter du concert en évitant les coups. Petit bémol pour la lumière vraiment très sombre, sans façade et monochrome, on a eu beaucoup de mal à profiter de Thrown notamment.