Entretien avec Alexis et Clément de Altesia

Interview réalisée au Kave Fest 2023

Le Kave Fest est votre dernière date en France ?

Clément : Alors plus vraiment : on a annoncé très récemment une date à Marseille avec Scarlean, qui a joué au Kave Fest l’an dernier le 20 octobre et effectivement il y a bientôt une date à Montpellier, et on a encore quelques dates pour la fin d’année.

C’est la date avant les vacances, ça vous permet de vous détendre ? Comment trouvez-vous le site ?

Alexis : Super cadre.

Clément : C’est assez familial.

Alexis : Qui plus est avec la météo on a eu de la chance, avec le cadre c’est parfait, tout se passe bien niveau régie… Toutes les conditions sont bonnes pour apprécier le fest.

Clément : Je pense que c’est un des meilleurs cadres dans lequel on a joué en plein air.

Alexis : Puis c’est vraiment très très beau, merci aussi à la ville de Gisors.

Clément : On ne soupçonne pas qu’il y ait des coins comme ça aussi proche de Paris

Alexis : Et c’est cool que les gens jouent le jeu de venir aussi car je crois qu’il y a pas mal de parisiens alors que ce n’est pas vraiment à côté.

Comptez-vous prendre le temps, histoire de produire un nouvel album ?

Clément : C’est déjà en cours.

Alexis : On y travaille.

Clément : On bosse dessus, prendre du temps forcément. Pour les gens, quand ils nous voient beaucoup c’est quand on est sur scène. Vu qu’on est en auto-prod, on n’a pas de manager ou quoi pour booker, et si on est à fond sur du booking, on est moins sur de l’écriture. Donc là il y a effectivement une volonté de calmer le jeu en termes de dates pour pouvoir se focaliser sur l’écriture d’un prochain album. Mais c’est sûr que ça nous fait toujours plaisir de jouer surtout quand c’est de belles dates comme ça.

Est-ce que d’autres dates en Europe vous intéressent ?

Alexis : On a déjà fait la Belgique, le Pays-Bas. C’est un coin qu’on a particulièrement aimé les Pays-Bas, où on aimerait retourner car une partie des gens qui sont sensible à notre style sont là-bas.

Clément : On s’est fait une petite tournée auto-produite en octobre/novembre dernier. On à été dans les pays qu’a cité Alexis notamment le Luxembourg, et c’était aussi pour nous l’occasion de tester des formats un peu plus lents, car on a souvent tendance à partir sur un week-end. Là on est vraiment partis 2 semaines pour enchainer les dates. C’était vraiment prometteur, nous on s’est éclatés et on serait contents de le refaire dans un avenir proche. Après c’est vrai que c’est une facilité dès lors qu’il y a une structure pro derrière : un booker, un manager ou quoi… ne serait-ce que pour le réseau. Ce sont des personnes qui ont accès beaucoup plus facilement à certaines salles et tout. C’est très bien d’être passé par là par nous-même, je pense qu’il faut apprendre le métier aussi, mais ça nous permet dans un second temps de savoir ce qu’on aimerait faire, avec qui on aimerait travailler à l’avenir. En tout cas oui on aimerait jouer un peu partout oui, c’est clair !

Prog Magazine Readers vous à consacrés à la 9ème place des groupes non signés. Pour un combo aussi récent c’est une bonne surprise, comment avez-vous réagit ?

Clément : Ça reste des classements, on ne sait pas trop comment tout ça est généré et tout mais c’est vrai que quand tu découvres ça, ça fait toujours plaisir, puis c’est idéal car ça nous permet de communiquer dessus aussi. En plus du prog, dans notre style de musique, c’est quand même une institution, je pense que dans notre style de musique c’est LE gros magazine qui existe, donc avoir un peu de reconnaissance de la part de certaines personnes comme ça, ça fait toujours plaisir.

Qu’avez-vous envie d’expérimenter dans vos futurs projets, en termes d’instruments ou autres ?

Alexis : Je pense que l’on expérimente déjà beaucoup, il y a plusieurs aspects : déjà le côté collaboration où on essaye d’englober de plus en plus d’influences. Différents musiciens du groupe et les faire marcher ensemble c’est déjà un petit défi. Puis cette signature de faire des clins d’œil à tous les styles musicaux qui existent et qu’on adore comme le ska, le reggae, le disco… et essayer de le pousser vraiment de manière sérieuse. Et je sais que c’est quelque chose qui est assez apprécier autant en album qu’en concert. C’est tout simplement des aspirations, c’est des choses qui parlent aux gens et que ce n’est pas toujours osé avec les groupes dans notre style.

Clément : Le metal prog c’est un style difficile à définir car il y a pleins de critères potentiels, mais pour moi l’un d’entre eux ce serait de pas avoir de barrières et nous on n’a vraiment pas de barrières à ce niveau-là. Dans les instruments on est entre guillemets limités parce que on est cinq sur scène et avec le clavier, c’est vrai qu’on peut toucher à pleins de bonnes choses. On a un morceau où il y a de l’accordéon fait au clavier, mais les trucs qu’on peut se permettre de faire c’est limité. On aime bien aller chercher des nouvelles couleurs ou de nouvelles sonorités et après l’un des enjeux c’est d’arriver petit à petit de faire en sorte (par exemple, c’est moi qui ai écrit le premier album) que plus le temps passe et plus on essaye de faire à ce que ce soit plus collaboratifs, que chacun puisse amener une idée. Et même s’il y a une chanson qui va être écrite majoritairement par moi, chacun est libre de venir proposer une idée pour que chacun puisse mettre sa patte. Plus on avance et plus on essaye de tendre vers ça.

Avec la tournée que vous aviez entamée, avez-vous fait des découvertes intéressantes en termes de groupes que vous souhaiteriez partager ?

Clément : C’est très actuel, il y a Synapse on a démarré notre première date à Paris avec eux il y a deux ans, ça fait trois fois que l’on joue avec eux sur d’autres festival et je les ai vu monter vraiment monstrueusement. Je trouve qu’en terme de style ils ont fait un truc de plus en plus approprié. Ça a gagné en punch en termes de scénique, ce n’est plus le groupe qu’on a vu il y a deux ans. Et ça c’est cool aussi de voir des groupes évoluer comme ça, nous aussi on essaye de prendre ce chemin-là, donc Synapse fait partie des groupes qui me bluffent. Il y a Esprit d’escalier aussi…

Alexis : Esprit d’escalier c’était des gens qui étaient présent avec qui on avait joué à Orléans à l’époque, ce n’était pas sur la dernière tournée mais ce sont des copains qui sont dans des styles où ça nous parle, chacune des influences, on se reconnait bien les uns des autres. Eux aussi ils sont très inventifs et donc ce qu’on essaye c’est d’avoir des projets de dates en commun. Synapse et Esprit d’escalier avait lancé un petit festival sur Paris qui s’appelle le Prog Tension Fest, on avait expérimenté ce format dans une salle et en fait derrière il y a l’idée d’un peu faire un petit collectif de prog français actuel. Ensuite sur la route on a croisé deux groupes qui nous ont marqués je pense …

Clément : J’en ai un en tête dont je veux parler des Pays-Bas qui s’appelle Junxion, un groupe de prog jazz fusion très retro avec des claviers très présent, monstrueux, ils étaient très très bons sur scène…

Alexis : Très inventifs ! Obliq aussi un groupe de Nancy.

Clément : Moi je voulais faire un petit big up à Omnerod qui vient de sortir un album justement là ! Et c’est du prog extrême avec beaucoup de chant guttural et ça va taper un peu dans une sorte de djent bien puissant avec du death, des influences comme ça…

Un peu comme Opeth à ses débuts ?

Clément : Plutôt à la Strapping Young Lad, Devin Townsend…Ils ont 2 chanteurs, moi y’en a un à qui j’ai dit “tu es le meilleur chanteur prog que je connaisse” c’est Romain : il fait du scream et il a un chant clair monumental. Un peu à la Devin Townsend où il monte extrêmement avec une puissance de ouf, et ce qui est très rigolo ; c’est qu’en discutant avec eux, j’ai appris qu’ils cherchaient un chanteur et ils n’ont pas trouvé. Il a dit “bon bah je vais faire le taf !” et il n’était pas chanteur à la base, mais moi quand je l’ai entendu j’étais *air surpris* comme ça !

Alexis : Un côté Matthew Bellamy en mieux je trouve

Clément : Oui c’est ça ! (Rires)

Alexis : Et après c’était quelqu’un de vraiment très sympa et très humble aussi, mais c’est pour tous. Et c’est vraiment un truc qu’on salue et qu’on apprécie. C’est des mecs qui pourraient vraiment se la péter, car ce sont vraiment des monstres techniquement, et c’est des gens très humbles, très simples. Ça fait plaisir de côtoyer des gens comme ça.

En dehors de la musique vous avez des hobbys ?

Alexis : Déjà on a une vie autre que la musique. On est pas mal à travailler à côté, Clément et Yann travaillent dans le secteur de l’éducation nationale, moi je suis ingénieur, après Henri et Hugo qui sont le bassiste et le claviériste ont plus vraiment un pied dans le milieu de la musique. Hugo à eu son intermittence récemment et Henri est dans beaucoup de groupes. On va dire que les deux qui ont une vie où ils s’alimentent avec la musique. Sinon en hobby qu’est-ce qu’on a ?

Clément : En hobby j’aime bien la musique (rires)

A écouter ou en faire ?

Clément : Oh les deux ! Les deux sont indissociable. Et en musique justement, j’ai été un peu déçu ces dernières années par des groupes très établis. En fait je me rends compte que les plus grosses claques que je prends maintenant c’est des groupes très underground que quasiment personnes ne connait. Et j’aime bien aller fouiller sur Facebook, Instagram, YouTube et tout, les trucs par exemple qui ont 1000 vues, et là tu entends que c’est monstrueux.

Alexis : Même aller aux concerts locaux, alors c’était plus vrai avant la Covid, mais aujourd’hui les scènes ont beaucoup souffert post-Covid. C’est à dire que pas loin autour de nous, il n’y a pas moins de 5 lieux qui ont fermés, et ce que j’avais l’habitude de faire aussi c’était d’aller dans les concerts dans le milieu underground Bordelais, où il y avait des groupes qui étaient hébergés, qui venaient d’Espagne avec une affiche locale Bordelaise. Et c’est vrai qu’il y avait pas mal de groupe super qui tournaient, qui ont plus ou moins jamais percés mais qui pour moi, ont toujours été une source d’influence et d’inspiration.

Clément : Et des fois tu les vois, cinq ans après, tu te dis “Putain ils commencent à prendre du galon, je les ai connus au début !” Et je suis content de l’évolution.

Alexis : Sinon après le sport, le bricolage, les jeux vidéo…

Clément : Je fais du vélo, du badmington aussi ! De la lecture, des séries comme tout le monde…

La grenouille, pourquoi ?

Alexis : Alors on va te raconter la vraie histoire…

Clément : Ou on va inventer une histoire… Il était une fois,…

Alexis : …Dans un pays merveilleux (rires) C’est une anecdote de répète, où on était un peu fatigués, Henri le clavier, s’était accroupi derrière son clavier

Clément : Ah c’est pour ça !?

Alexis : Oui ! Il était comme ça (il mime une position où il était vraiment comme ça) il attendait qu’on démarre le morceau et puis spontanément on s’est tous accroupis, et il se trouvait qu’on allait commencer The Remedial Sentence, et du coup on a essayé de jouer en se relevant. On n’a pas réussi. Du coup on a commencé à faire des squats.

Clément : Il y a une vibe un peu sautillante sur ce début, et donc on a commencé à faire les grenouilles, comme ça. Ça c’est le début mais après on s’est dit mais plus tard, on a capté qu’on pouvait faire un jeu de mots avec progressive metal et frogressive metal, et du coup on s’est dit mais putain le truc de la grenouille, il faut dire qu’on est un groupe de frogressive metal et on va vraiment le faire sur ce morceau.

Alexis : Et les froggy’s c’est les Français en anglais, ça fait la référence. Y’a un pti côté auto-dérision, les Anglais ont particulièrement tendance à être snob sur la musique française, à l’époque en tout cas. Maintenant c’est de moins en moins vrai car tout s’internationalise, tout se standardise sur l’anglais, mais à l’époque ils disaient vraiment “French Rock is like english wine”

Clément : Après y’avait un côté aussi où le style metal prog, le prog en général, c’est une musique qui demande une rigueur, une technique, propre dans l’exécution, et du coup c’est vrai que ce n’est pas très compatible avec un jeu de scène très actif. Souvent les groupes sont pied gauche rentré, pied droit rentré, ça ne bouge pas et ça joue. Souvent dans les groupes que j’adore, je suis un peu déçu sur scène car ça dit bonjour au début, au revoir à la fin, ça enchaîne, il n’y a pas d’échange, y’a pas vraiment de jeu de scène. Du coup on s’est dit, on veut prendre le contre-pied là-dessus, on va faire une énergie rock, un peu punk, un côté un peu brut et cru. Essayer d’allier ça avec notre musique prog. Du coup on faisait beaucoup de pains au début, et maintenant de moins en moins (rires)

Alexis : Quitte à perdre un peu en précision des fois…

Clément : Mais ce n’est pas ça que les gens retiennent.

Alexis : Il y a deux règles dans un concert :  faut toujours tomber sur la caisse claire et réussir les cinq dernières minutes. Et si ces deux points sont réunis normalement, le concert est bon.

Clément : C’est une théorie qui a fait ses preuves. Vous ferez attention la prochaine fois que vous ferez un concert.

Alexis : Si vous faites un peu attention ils se plantent partout sauf les cinq dernières minutes ! (Rires)

Clément : Ce n’est pas que pour les gens mais c’est pour notre expérience à nous aussi, on s’éclate plus quand on donne tout et quand on essaye des p’tits trucs un peu marrant comme ça, moi aussi je prends plus mon pied que si je suis dans mon truc.

Quels sont vos dates futures ?

Alexis : Marseille le 20 octobre

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