Syndrome E S1 – Laure de Butler

À partir du 29 septembre à 21h10 sur TF1

Réalisée par Laure de Butler

Scénario de Mathieu Missoffe

D’après le roman de Franck Thilliez paru chez Fleuve Editions (fleuve noir)

Avec : Vincent Elbaz (Franck Sharko), Jennifer Decker (Lucie Henebelle), Emmanuelle Béart, Richard Bohringer, Dominique Blanc, Michèle Bernier,  Kool Shen, Anne Charrier, Samy Seghir, Bérengère Krief, Marius Colucci

Franck Sharko est un flic bourru et solitaire. Seule sa fille est avec lui au quotidien : Eugénie s’immisce partout. Notamment dans sa nouvelle enquête dans laquelle des enfants disparaissent mystérieusement tandis qu’un vieux film des années 60 provoque chez ceux qui le regardent des comportements étranges et dangereux. Lucie Henebelle, elle aussi est flic. Lorsqu’elle comprend que son passé est peut-être lié à l’enquête de Sharko, elle rejoint son équipe. La rencontre des deux policiers promet dès lors d’être électrique. Mais cette enquête va surtout les conduire du Maroc au Canada pour faire la lumière sur de troubles expérimentations scientifiques.

Adaptée d’un roman de Frank Thilliez, Syndrome E est la nouvelle série de la rentrée pour TF1. Ambitieuse dans le genre qu’elle choisit d’explorer, la première saison est plutôt pas mal, mais elle reste un peu trop ciblée spécifiquement pour les habitués de la première chaîne et pas tellement pour les amoureux des séries SF.

On peut tout de suite poser un aspect très important : la qualité de la réal. C’est très léché avec de belles images et notamment celles tournées à Casablanca, mais parfois certaines séquences manquent de dynamisme notamment l’enquête policière avec des plans de coupes de Paris ou des plans de voitures qui roulent qui ne servent pas à faire avancer l’intrigue. A l’inverse, les séquences de visions ou flash-back sont très réussies et participent au malaise de ces passages.

La proposition scénaristique est originale et nous entraîne dans les méandres du cerveau. C’est dommage de ne pas avoir poussé plus loin le côté SF, car avec le concept, pas besoin d’effets spéciaux démesurés. Les visions de Sharko ajoutent une originalité à la forme policière traditionnelle tout comme la référence très claire au docteur Moreau d’H.G Wells est bienvenue et participe à la mise en avant du genre, mais tout ceci reste un peu trop léger. Le premier épisode est vraiment réussi avec des séquences émotionnellement fortes et un peu flippantes, comme ce moment où Lucie passe son IRM… C’est dommage que les épisodes suivants n’enchaînent pas avec le même dynamisme. Si dans l’ensemble le scénario fonctionne, la romance Henebelle/Sharko vient clairement parasiter l’ensemble : honnêtement, ce n’est pas tellement ce qu’on a envie de voir. Des séquences de travail d’Elizabeth Moreau ou des flash-backs dans les années 60 au Canada par exemple auraient été plus intéressantes pour mettre en place les pièces du puzzle. Enfin, la révélation finale aurait mérité d’être préparée plutôt qu’exposée hâtivement dans un dialogue champ contrechamp

Parlons des personnages. Lucie Henebelle est le personnage le plus sympathique notamment parce que son interprète Jennifer Decker est vraiment une chouette actrice. Convaincante dans son rôle, son personnage manque cependant un peu de coffre : elle est souvent très passive et subit beaucoup l’enquête ce qui pose à nouveau un problème de dynamisme dans l’enchaînement des actions.

Si Vincent Elbaz est lui aussi convaincant en flic traumatisé par les attentats de Nice où il a perdu sa femme et sa fille, son austérité pendant 6 épisodes est un peu too much. Il ressemble à tous les flics dans les fictions françaises qui font constamment la tête, ne sourient jamais et parlent mal à leurs coéquipiers parce qu’ils ont un passif compliqué. Il serait bien d’inventer de nouvelles figures de policiers…

Idem pour les personnages secondaires : Emmanuelle Béart est insignifiante en commissaire ; on se demande à quoi sert Bérengère Krief et Michèle Bernier ne colle pas du tout au ton de la série. Surprise en revanche pour Kool Shen qui est le plus crédible des rôles secondaires. Egalement, petit point d’attention sur la jeune Célia Lebrument qui interprète la fille de Sharko et touche beaucoup par son jeu sincère. Enfin, bonus pour Dominique Blanc en responsable de la Fondation Moreau, bourreau d’enfants froide et cruelle qui joue son rôle à la perfection. Dommage qu’elle apparaisse un peu tard dans l’intrigue.

La bande-son est particulièrement réussie avec une musique entêtante et un thème étrange joué lors des séquences d’expérimentations et l’ambiance sonore est également maîtrisée.

CONCLUSION

Ambitieuse, cette série l’est et sa première saison est plutôt pas mal, mais Syndrome E a, comme d’autres séries françaises avant elle, un gros problème de rythme oubliant parfois qu’on a affaire à un thriller et pas une dramédie : c’est beaucoup, beaucoup trop dialogué ! L’aspect policier est sans doute trop poussé versus l’aspect expérimentations médicales ce qui amoindri l’originalité du scénario. Enfin, le casting laisse vraiment à désirer et n’a pas les qualités des séries étrangères, mais il faut tout de même saluer l’initiative et encore fois, le beau travail de réalisation de Laure de Butler.

Assez intense, bien monté et touchant, le dernier épisode est un peu flou quant à une suite possible. En tout cas, l’enquête n’est pas bouclée donc il y a le potentiel pour une saison 2…

Merci à TF1 et l’agence By Your Side pour le visionnage de cette série !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *