Carnival Row S1 – Travis Beacham et René Echevarria

Rycroft Philostrate est inspecteur de police de la cité de la Burgue. Il est le seul humain à accepter de s’occuper des meurtres commis sur les peuples féeriques. Quand une fée, ancienne chanteuse lyrique, est brutalement assassinée, Philo va plonger dans une enquête qui va devenir très personnelle. Surtout quand il va croiser son ancien amour en chemin…

Carnival Row est une production Amazon dont l’histoire secrète révèle les dessous des productions hollywoodienne : scénario considéré comme extrêmement intéressant par les studios US, Carnival Row fera l’objet pendant vingt ans de projets de Neil Jordan, Tarsem Singh ou finalement Guillermo del Toro avant que Legendary Studios décide finalement son adaptation en série. Travis Beacham (Pacific Rim) et René Echevarria (Star Trek DS9 et TNG, Les 4400) sont aux commandes, secondés par le producteur Marc Guggenheim (aux commandes du Arrowverse).

Sa mise en chantier sous la forme de série (8 épisodes d’1 heure), après tant d’années, laisse deviner pourquoi le projet a nécessité tant de temps pour se monter.

D’abord, Carnival Row a un scénario assez dense. La série propose une demi-douzaine de personnages très développés et les personnages secondaires ont également un background touffu. Si l’histoire principale tourne autour du duo Philo/Vignette pour le polar, elle a des ramifications politiques (sur les familles Breakspear et Longerbane), mais aussi de mœurs (Imogen et Agreus) qui dessinent une géographie complexe de la cité de La Burgue. Le travail d’écriture s’en ressent, entremêlant finement l’avancée des intrigues et découvertes de l’univers, malgré un léger éparpillement en route.

Le monde de Carnival Row est sa grande force, car il bénéficie d’une ambiance singulière. L’Urban Fantasy est un champ très exploité en littérature, beaucoup moins sur les écrans, surtout quand elle est mâtinée de Steampunk.

Le visuel de la cité est un mélange entre Prague (lieu de tournage) et le Londres de la révolution industrielle (pour l’inspiration) qui lui donne un cachet fort, dont le quartier de Carnival Row n’est qu’une composante. Il en va de même pour les nombreuses espèces magiques que l’on croise (Fées, Faunes, etc) et leurs mondes évoqués, comme Tirnanoc, qui sont propices à un voyage vers d’autres univers.

Les choix visuels paraissent parfois trop numériques, mais ils font mouche à de nombreuses reprises, comme dans l’épisode 3 et ses péripéties climatiques tout droit sorties d’un film de Ridley Scott (Kingdom of Heaven, es-tu là ?).

Le rythme choisi se veut lent et posé sans jamais devenir ennuyeux. La musique de Nathan Barr participe à cet aspect posé. Sa BO à base de cordes, principalement violons et violoncelles, est régulièrement rehaussée par l’utilisation d’une soliste (Lisbeth Scott, qui a notamment travaillé sur… Kingdom of Heaven…). Les chansons jouent un réel rôle dans le scénario, comme en témoigne l’utilisation lyrique de Lora Lie Low de Patty Gurdy (épisodes 4 et 5).

Toute cette ambiance ne suffirait pas à faire une bonne série. Les personnages y jouent un rôle prépondérant. Loin de subir, ils sont moteurs de l’intrigue. Orlando Bloom porte la série sur ses épaules. Voûté, un peu plus marqué par la vie que dans ses jeunes années, il donne beaucoup d’humanité à Philo et je n’ai pas souvenir de l’avoir vu aussi bien dirigé… depuis un certain film de Ridley Scott (meuh si, j’en parle plus haut).

Si Cara Delevigne est moins mise en lumière, c’est qu’elle interprète un personnage assez monochrome, partagé constamment entre haine et amour, qui ne lui permet pas toujours de tirer son épingle du jeu. Au contraire de Tamzin Merchant, qui profite du rôle aussi frivole que sérieux d’Imogen Spunrose pour briller au fur et à mesure de la progression à travers cette première saison.

Le reste du casting se révèle intéressant et fort dans bien choisi, côté masculin (Jared et Jamie Harris, David Gyasi ou Simon McBurney) comme féminin (Indira Varma, Caroline Ford ou Alice Krige).

Carnival Row est une excellente surprise. C’est une série qui profite d’un scénario réussi et d’une ambiance très particulière qui lui permet de se détacher du tout venant. Les fans de Fantasy urbaine s’y retrouveront à l’aise, peut-être trop d’ailleurs, mais c’est une super porte d’entrée sur ce genre.

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