Avengers : Endgame – Anthony et Joe Russo

Les Avengers ont perdu face à Thanos et la sanction a été sans appel : la moitié de l’humanité a disparu. Face à cet échec, le groupe se déchire. Cinq ans ont passé. La population peine à se remettre du choc de toutes ces vies perdues. Le retour impromptu de Scott Lang, aka Ant-Man, fait renaître l’espoir. Tony Stark réussit à inventer un dispositif qui permet de remonter dans le temps. L’équipe va devoir s’unir à nouveau pour faire face à son plus gros défi : modifier l’Histoire.

Si on pense au duo Infinity War/Endgame, on peut penser à une forme de fin, programmée, pour un cycle de films démarré il y a dix ans et qui s’est sérialisé de plus en plus jusqu’à aboutir à cette duologie, de près de 5h30, en guise de conclusion. Les chiffres font bondir : 22 films, près de 20 milliards de dollars de recette, plus d’une dizaine de séries télévisées dérivées, des centaines d’heures de programmes qui convoquent des centaines de personnages. Bref, l’entreprise est énorme et devoir mettre une forme de point à cette longue phase pèse sur les épaules de frères Anthony et Joe Russo. Après un premier film plutôt convaincant, ils se lancent dans la dernière partie avec Avengers : Endgame.

Ouverture larmoyante, ton qui se veut désespéré, Endgame commence mal, car il démarre sur ce qui aurait dû être la fin d’Infinity War : ce prologue, avant une ellipse de cinq ans, n’a que peu d’intérêt et aurait profité au ton voulu mature suite à la défaite face à Thanos. D’ailleurs, après la dite ellipse, on retrouve un ton habituel au MCU, blagueur et décalé, en total décalage avec cette ouverture.

Bref, le film démarre réellement après ce premier quart d’heure pour nous propulser dans l’intrigue principale : la nécessité de remonter le temps pour modifier le cours de l’histoire et inverser les actes de Thanos. Le film se montre alors pour ce qu’il est, à savoir une production riche, mais ratée. Le montage est d’une mollesse considérable et même l’enchevêtrement des intrigues peine à gagner en dynamisme. Il devient même illisible pendant les rares scènes d’action, à l’image de l’introduction de Ronin (aka Hawkeye, Jeremy Renner), où tout le potentiel martial est évacué par une gestion de l’espace catastrophique. L’avalanche de fond vert par la suite n’aide pas en raison des choix d’éclairage, qui vont les rendre vite techniquement dépassés.

Enfin, Endgame pose un problème : il rend presque Infinity War inutile. Le problème de la gestion de la boucle temporelle est complètement évacué, mais de fait, Endgame propose de rejouer le match en repartant de zéro. Et il s’achève sur un quasi retour en arrière, alors même qu’Infinity War avait profondément altéré la réalité. Enlever l’impact du claquement de doigts de Thanos, réduit à un meme, rend l’ensemble vain et fait dire que ça ne méritait pas 5h30 de film.

Mais on ne peut pas évacuer le fait que ce Avengers est la conclusion de dix ans de films. Et paradoxalement, cette partie-là fonctionne bien. Elle convoque le passé du MCU, revient sur des faits majeurs et marquants, en appelle à nos souvenirs. Le plaisir nait de la complicité entre scénariste et spectateur, mais aussi d’une reconstitution qui nous plonge tantôt dans le premier Avengers, tantôt dans les Captain America, tantôt dans les Gardiens de la Galaxie. Ces reconstitutions sont réussies et le plaisir de plonger dans les coulisses d’évènements déjà vus fait fonctionner à plein cette connivence avec l’équipe de production du film.

Les personnages bénéficient aussi de cette nostalgie. Le choix de resserrer l’équipe autour des Avengers historiques permet de retrouver les dynamiques entre personnages que l’on avait perdues de vue depuis plusieurs films. La mise en avant de Captain America, Black Widow ou Iron Man étaient très attendus et ne déçoivent pas. Certes, on peut regretter le côté guignol ridicule de Thor ou l’effacement d’autres personnages (War Machine, Hulk, Rocket sont transparents ou gênants), mais les cadres portent la dernière heure de Endgame sur leurs épaules.

La grande bataille qui va achever ce 4e Avengers tient ses promesses. Les combats sont brutaux et offrent quelques plans iconiques de haute volée. On ne peut évacuer les problèmes (la «passe de gantelet» très gênante, le deus ex machina Captain Marvel), mais le spectacle est total et propose de beaux moments de bravoure. La conclusion, attendue, parvient même à soutirer quelques larmes. C’est une belle réussite qui parvient à effacer bon nombre des scories supportées dans les deux premiers tiers du film.

Un petit mot pour finir sur la musique d’Alan Silvestri, qui a fait du classique et de l’efficace. Quelques morceaux efficaces parsèment le film (Portals, The real hero). Il met surtout en avant son thème des Avengers, qui fait particulièrement son effet quand Captain America peut balancer son célèbre “Avengers : rassemblement !” Pas son meilleur travail, mais ces quelques fulgurances font plaisir à entendre.

Conclusion

Honnêtement, Avengers : Endgame m’a déçu, car il avait le potentiel dramatique de faire plus. D’un point de vue technique, le film ne se montre pas du tout à la hauteur. Mou, mal monté, il fait souffrir le spectateur pendant une première partie trop longue pour ce qu’elle a à raconter. Mais la fin, en forme d’apothéose, rattrape une partie de ces problèmes et offre une conclusion satisfaisante des trois premières phases du MCU. Au final, en attendait-on plus ?

Avengers : Endgame

Réalisé par Anthony & Joe Russo 

Scénario de Christopher Markus et Stephen McFeely

d’après les personnages créés par Stan Lee, Jack Kirby et Jim Starlin.

Avec  Josh Brolin, Robert Downey Jr., Chris Evans, Mark Ruffalo, Chris Hemsworth, Scarlett Johansson, Chris Pratt, Jeremy Renner, Karen Gillan

Marvel Studios / Walt Disney Pictures

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