Les fantômes du nouveau siècle tome 1 : La soupe aux arlequins – Jean-Philippe Depotte

Paris. En cette année 1900, Marie-Antoinette, jeune arnaqueuse évadée d’un orphelinat, rêve de modernité ! Et cela tombe bien puisque l’Exposition Universelle va bientôt ouvrir ses portes. Sans hésiter, elle va donc tout faire pour saisir sa chance, ce qui passe par obtenir une petite faveur d’Alfred Picard, le commissaire général de l’Exposition Universelle. La jeune femme a déjà tout prévu allant même jusqu’à lui fournir, par l’intermédiaire de son majordome Léon, sa fameuse soupe aux arlequins concoctée grâce à l’aide de son complice, Fernand, un pharmacien. Mais malheureusement pour elle, les choses ne vont pas se passer comme prévu. Son rendez-vous tant attendu avec l’illustre personnage va tourner court quand Léon meurt empoisonné après avoir mangé sa soupe. Alors que l’arnaqueuse rêvait de se faire une place de choix dans ce nouveau siècle, elle va devoir avant tout s’assurer de prouver son innocence. Après tout, elle ne serait pas la première Marie-Antoinette à perdre la tête.

L’auteur nous plonge avec délectation dans une enquête teintée de fantastique dans laquelle notre arnaqueuse rencontrera des personnages plutôt hauts en couleur, qu’ils soient vivants comme vous et moi, ou qu’ils soient déjà passés de vie à trépas. Parmi les vivants, quelques noms devraient vous parler à l’instar d’Edison, caricature de l’Américain hautain et obnubilé par l’argent, des frères Lumière, de Georges Méliès que les charmes de la jeune fille ne laissent pas insensible… Le cinéma prend donc une place importante dans ce roman, ce qui devrait ravir les amoureux de cet art dont on assiste au développement. Marie-Antoinette fera également la connaissance d’un personnage qui peut se révéler aussi apathique que passionné quand il s’agit de cinéma, Antonin, qui a la mauvaise habitude de lui attirer des ennuis. Je ne vous en dirai pas plus sur ce personnage énigmatique qui, en plus de se révéler important pour l’histoire, se montre également des plus touchants. Et ce n’était pas gagné vu la rareté de ses phrases…

Qui dit Exposition Universelle, dit ouverture sur le monde ! Alors rien d’étonnant à ce que l’auteur introduise un personnage venant d’un autre continent, l’Asie. Peu aimable, mais à la prestance certaine, Sekigawa sensei, un bourgeois non pas français, mais japonais, fera également son apparition dans la vie de notre arnaqueuse. Économe en paroles, froid, imperturbable et mû par ses propres desseins, il ne lui sera pas d’une aide précieuse dans son enquête, mais il aura au moins le mérite de croire à l’existence des fantômes et pour cause… Petite déception pour ma part du côté de cet homme qui, à mon sens, aurait peut-être mérité d’être plus exploité. À la lecture du résumé, je m’étais ainsi attendue à ce qu’il prenne une place plus importante dans l’intrigue. Mais c’est un point de détail dans la mesure où les autres personnages savent tirer leurs épingles du jeu. Et puis vous verrez que l’auteur n’a rien laissé au hasard, et que chacun des protagonistes et des informations distillées par-ci par-là ont leur importance dans l’enquête de notre héroïne.

C’est d’ailleurs un plaisir de la suivre dans ses investigations qui lui font mettre un pied dans l’au-delà, le meurtre de Léon n’étant pas forcément une affaire que l’on peut résoudre sans aller fureter du côté du surnaturel. Amateurs de fantômes, vous voilà donc bienvenus dans ce Paris où la science, la modernité et les progrès côtoient l’occulte, ce domaine bien plus ancien et pour le coup, bien moins rationnel. Marie-Antoinette se débat donc pour sauver sa vie, trouver le meurtrier de Léon qui n’est pas celui qu’elle pensait, et ceci sans faire intervenir, de manière officielle du moins, le mot fantôme, la police y étant farouchement allergique. Une situation désespérée ? Peut-être pour un de ces pleutres de bourgeois parisiens, mais pas pour une jeune arnaqueuse qui a une volonté de fer et qui a érigé la débrouille en art de vivre. Et puis elle peut compter sur une ressource interne inépuisable qui lui permet de se sortir de situations de prime abord insolubles, son bagout !

La voir se tirer de situations catastrophiques avec panache et culot fait sans aucun doute partie du charme de ce roman au même titre que l’humour dont l’auteur n’est pas avare. Un meurtre, c’est sérieux surtout quand est également évoqué un incident dramatique et celui-ci bien réel, mais cela n’empêche pas Jean-Philippe Depotte de nous faire sourire, voire rire, par des répliques cinglantes, cocasses et des bons mots. Si on ajoute à cela, une plume immersive et de nombreux dialogues, on obtient un roman divertissant qui se lit sans peine. Entre le suspense qui se dégage de l’enquête aux multiples ramifications, et la tension induite par ce monde spectral qui prend vie sous nos yeux, vous ne devriez pas voir les pages défiler.

Humour, enquête et spectres, sur fond de progrès et de modernité, voici un cocktail explosif et efficace qui vous fera passer un très bon moment de lecture auprès d’une héroïne à la forte tête et définitivement en avance sur son temps ! L’auteur a prévu d’autres tomes et ça tombe bien puisque quelque chose me dit que Marie-Antoinette a encore quelques cordes à son arc à nous révéler.

Les fantômes du nouveau siècle tome 1 : La soupe aux arlequins
Jean-Philippe Depotte
Les Saisons de l’étrange (4/10/2018)
320 pages
18 €

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