KIN, le commencement – Josh et Jonathan Baker

Elijah « Eli », jeune ado, erre dans les ruines de Détroit pour se faire un peu de sous avec de la ferraille. Il tombe sur une scène d’horreur où il découvre ce qui semblerait être une arme. En rentrant chez lui son grand frère réapparaît et il se retrouve, bien malgré lui, recherché par la mafia, le FBI et… autre chose. Il fuit pour sauver sa vie.

Kin, le commencement est tiré d’un court métrage (Bag Man), mais il semblerait qu’il ne soit que le 1er opus d’une saga. C’est ce que le film tout entier laisse paraître en tous les cas, et la fin est clairement un appel à une suite. Pour le moment, l’annonce d’un second long métrage n’est pas encore faite par la Lionsgate qui attend visiblement les chiffres, pour se prononcer. Il s’agit d’une histoire somme toute classique (héros, jeune, sympathique, probablement adopté, qui se sort avec brio d’une situation désespérée inextricable et qui a un plus grand destin que le sien), qui montre tous les codes de la science-fiction des années 80/90, sans en faire trop. Le ton est résolument vintage, mais pas kitsch, la production a bien fait les choses. Comme sa grande sœur (la série stranger things), Kin est un bon élève. On y croit et on y est. Ni trop, ni pas assez. Décors parfaitement maîtrisés, costumes tout à fait convaincants, et acteurs justes. C’est visuellement une belle réussite.

Eli (le jeune Myles Truitt, dont c’est le premier grand rôle), tombe sur des corps, et ce truc bizarre qui traîne et qui s’active quand il y met les mains. Le truc fait des gros trous… Il rentre chez lui. On découvre son père (Dennis Quaid méconnaissable), homme bourru qui travaille visiblement trop, maman est morte et ce soir c’est le retour du grand frère, Jimmy (Jack Reynor, que j’avais déjà repéré dans l’excellent HHhH), aussi blanc que lui est noir. Il rentre de prison et doit beaucoup d’argent à des mafieux (menés par un James Franco parfait) fort peu sympathiques. Suite à un événement tragique, ils fuient, espérant se terrer quelque part. En chemin, ils tombent sur une strip-teaseuse (la très talentueuse Zoé Kravitz), qui se joint à eux. Le film se transforme alors en road movie, et explore le côté un peu fantastique annoncé par l’affiche notamment.

La relation fraternelle est assez joliment décrite, au-delà du simple film familial, nous sommes pris à partie dans les conflits de générations (le père et le grand frère), ou les interactions entre les personnages. Il est assez curieux de constater que l’histoire s’installe plutôt bien nous embrigadant dans le road movie qui occupe 2/3 du temps tout en n’étant pas trop oppressant. Kin est un voyage initiatique dans une Amérique profonde, sombre et désabusée. Chaque apparition de l’arme nous entraîne vers une débauche d’effets spéciaux, tous très réussis, qui nous plongent instantanément dans la promesse de science-fiction de la bande annonce, contrastant avec le côté très gangster des assaillants de base. Et pourtant on ne tombe pas ici dans le cliché de gros boums et bling-bling à tout va, le film est vraiment plus profond qu’il n’y paraît. La touche Stranger Things se voit, mais ce n’est, en aucun cas, un copié-collé et curieusement, ce film remplit sa fonction d’introduction, à la perfection. Certes quelques scènes sont extrêmement faciles et convenues, elles n’en restent pas moins bien montées et logiques. ET il n’y a PAS d’histoire d’amour à deux balles. Rien que pour ça, ce film mérite mon respect (:D nan, j’aime toujours pas les histoires d’amour inutiles pour meubler un film!).

N’oublions pas la bande-son discrète et pourtant essentielle, par Mogwai. Le choix est judicieux, pour porter le côté ghetto du décor et la tristesse presque moderne et vieillotte à la fois, dépeinte par la photographie très particulière de Larkin Seiple (le très remarqué maître d’oeuvre du clip this is America de Childish Gambino – vous savez, le Lando Calrissian de Solo).

Bon, j’ai dit que des choses sympas, mais alors, il est où le problème ?

Le problème, il vient probablement du peu de surprises qu’on a dans ce scénario somme toute très basique. James Cameron n’est pas très loin, les hommages à certains films de gangsters sont relativement visibles (le perso de Eli ressemble un peu à celui de John Connor dans Terminator 2, Eli prend des poses comme dans taxi driver devant sa glace…). Il vient aussi sûrement du fait qu’on ne sait pas trop si on est dans un film d’action ou pas, et qu’en fait, on y est pas vraiment. Mais quand même un peu, parfois, mais pas tout le temps. Bref, la confusion règne un peu, mais bizarrement les choses se décantent relativement bien vers la fin, ce qui rattrape l’espèce de « mollesse » qui n’en est pas vraiment. En tous les cas, la suite, on l’attend. Parce que la fin est un véritable cliffhanger et qu’il me semble assez déplacé de laisser le spectateur sur quelque chose d’aussi inachevé même si nous nous dirigeons assez sûrement vers un film plus « banal », plus adolescent et encore un peu plus attendu que ne l’est déjà tout le reste.

Kin, le commencement

De : Josh et Jonathan Baker

avec : Myles Truitt, Jack Reynor, Zoé Kravitz

Lionsgate – SND

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