Bleach – Shinsuke Sato

Le film Bleach c’est un peu une sorte d’Arlésienne. Les rumeurs existent depuis des années et pourtant pas la moindre information concernant un film ne pointait le bout de son nez. Pourtant, avec des « chefs-d’œuvre » comme Death Note ou encore Full Metal Alchemist, on se doutait bien qu’un film tiré de l’univers de Tite Kubo finirait bien par apparaître. Grâce à Netflix, encore une fois, notre vœu est exaucé…pour notre plus grand malheur.

Autant vous le dire tout de suite, résumer 74 tomes en un seul film est tout simplement impossible. Donc soit on va avoir droit à une histoire inédite, ce qui risque de dérouter bon nombre de personnes ne connaissant pas l’histoire de Bleach, soit on a une sorte de résumé ultra-condensé et là…les fans du manga risquent de se montrer particulièrement critiques.

Personnellement, j’ai plutôt bien apprécié ce manga même si je me suis arrêté bien avant la fin. Quant à l’anime, n’en parlons même pas, les épisodes hors mangas m’ont ennuyé au plus haut point. Alors, je vais tenter de critiquer ce que j’ai pu visionner de la manière la plus objective et la plus sincère possible…ou pas. Je m’excuse, mais la mauvaise foi est toujours tentante pour ce genre de chose. D’ailleurs j’ai préféré le voir directement en français, au moins si ce film est une purge, le côté doublage français pourri ne me choquera pas plus que ça.

Une belle brochette d’andouilles

Ichigo Kurosaki, 15 ans, arrive à voir des spectres depuis sa plus tendre enfance. Un soir, sa routine quotidienne est bouleversée suite à sa rencontre avec une shinigami : Rukia Kuchiki, et la venue d’un monstre appelé hollow. Ce dernier étant venu dévorer les âmes de sa famille et la shinigami venue le protéger, Ichigo accepte de devenir lui aussi un shinigami afin de les sauver.

Déjà en termes de synopsis, on est clairement dans l’histoire du manga, donc pas de crainte d’une histoire inédite. Reste à savoir comment le scénariste s’est débrouillé pour faire quelque chose de correct surtout en 1h48.

D’ores et déjà, l’affiche fait assez kitch. Cela donne l’impression que les producteurs ont voulu mettre quasiment toutes les personnes pour faire saliver le futur spectateur. Comme méthode de vendeur de tapis, on a vu mieux. On retrouve donc Kurosaki Ichigo, le bourrin de service avec son énorme épée (comme pour ceux qui achètent une Ferrari pour faire de gros « vroum vroum », je pense qu’il doit avoir des complexes). Ensuite vient Kuchiki Rukia à droite, reconnaissable avec sa mèche qui ferait bondir n’importe quel Frank Provost. Bien entendu, elle est prête à se battre. À la gauche d’Ichigo, il y a le casse-pied de service qui utilise un arc parce que c’est beaucoup plus classe qu’une épée (bon je sais, j’exagère énormément). Bon sinon derrière, nous avons Abarai Renji, un mec avec des cheveux rouge et assez bizarre, le genre qui nous ferait changer de trottoir, l’autre personnage étant Kuchiki Byakuya, un mec pas sympa du tout et hyper rigoureux quant aux lois de la Soul Society. Bon par contre le type tout au fond n’est pas un Na’vi albinos mais un dangereux esprit qui veut juste bouloter des âmes, un Hollow, il ne faut surtout pas les confondre. On passera sous silence les personnages dans les petites vignettes, pas parce qu’ils n’ont pas d’utilitée mais uniquement par flemme.

Ichigo…un bourrin comme un autre

Malheureusement pour ceux qui liront cet article, de manière générale ce film n’est en rien une surprise. Aucune prise de risque n’est faite et il s’en tient au minimum syndical qui pourtant déplaira même à tout fanboy qui se respecte.

Le film reprend certaines parties des premiers tomes du manga et reste globalement fidèle :

_ La mère d’Ichigo se fait tuer par un Hollow (oui le vilain pas beau qui se trouve sur l’affiche). C’est d’ailleurs la scène d’ouverture du film. Pour le coup le choix est plutôt bon.

_ La 1ère scène post-introduction est aussi directement tirée du manga/anime. Ichigo, avec un coup de tête suivi d’un puissant coup de pied, envoie valdinguer un dangereux lascar. Là pour le coup, c’est une bonne surprise et cela garde l’humour original. Mais c’est tout. Vraiment.

_ Le père « tabasse » son fils parce qu’il arrive en retard pour le repas. Bon il est vrai que ce moment est beaucoup moins marquant que dans l’anime. On pourra difficilement recréer ces scènes de bagarre sans tomber dans le ridicule.

_ Pour expliquer la situation à Ichigo, Rukia utilise ses fameux dessins avec les lapins tout mignons. Oui, elle aime beaucoup les trucs avec des lapins. Pour certaines ça sera des licornes, elle ce sont les lapins. Chacun son truc.

Les points divergents :

_ Renji et Rukia ont été tous deux d’adoptés par le clan Kuchiki. À l’origine seule Rukia avait été adoptée, Renji était donc resté comme un pauvre malheureusement dans son quartier moisi du Rukongai.

_ Orihime possède une poitrine normale…oui au moins un point qui respecte une certaine normalité terrestre, surtout vis-à-vis de ses proportions. Je suis curieux de savoir ce que cela aurait donné si le personnage de Matsumoto avait été introduit.

_ La fin. Ichigo retrouve donc une vie normale et Rukia est retournée à la Soul Society où elle doit expier sa faute

Tout ceci n’est clairement pas exhaustif et chacun pourra analyser d’autres moments du film. D’autres moments qui pourront sûrement être plus importants par ailleurs. Mais le problème de ce film est l’artificialisation des informations. Ainsi lorsque Renji déclare à Ichigo que Rukia et lui sont nés au Rukongai et qu’ils ont été adoptés par les Kuchiki, on se demande l’intérêt d’une pareille chose. En l’occurrence Ichigo n’est en rien au courant de ce qui se déroule dans la Soul Society. Après tout, les Kuchiki sont peut-être un équivalent Kardashian de la Soul Society. Il y avait peut-être un moyen plus fin de nous amener de telles informations. Mais j’imagine qu’avec un temps limité, il fallait faire au plus vite.

La fin est malheureusement bateau à souhait. Une petite musique au piano bien triste pour montrer que le moment est extrêmement émouvant. Rukia récupère ses pouvoirs et repart avec Renji et Byakuya. Ichigo se réveille et se demande s’il n’a pas rêvé, car il a tout oublié.

Ainsi, avec une fin telle que décidée dans ce film, il semble vraiment difficile de faire une suite. Je trouve cela d’autant plus dommage que rien n’a véritablement été montré de l’univers de Bleach. Pas de Soul Society (si ce n’est quelques 2 petites secondes lorsqu’apparaît Byakuya), pas de Bankai (tout juste un petit Shikai, celui de Renji) et aucune intrigue politique. En bref il y a un énorme manque. Et je peux comprendre aussi, vu la durée du film, qu’il aurait été difficile de voire impossible de faire apparaître tout ceci sans nous noyer dans les informations. Ce film tient plus de la machine à cash plutôt que d’un film de passionnés réalisé pour nous faire vibrer. Je ne suis pas un spécialiste, mais je suis certain qu’avec un petit cliffhanger, il y avait moyen de tenir en haleine le public. Mais cela serait sûrement prendre un gros risque. Alors on préfèrera montre un héros surpuissant. Tellement d’ailleurs qu’avec un petit entrainement il réussit à devenir assez fort pour battre Grand Fisher (le fameux Hollow de l’affiche)…alors que les Shinigamis le pourchassent depuis 54 ans. On peut donc dire que ce sont de gros incompétents ou bien des feignasses. Au choix.

Enfin, le réalisateur nous a mis 2 jolis clins d’œil qui peuvent être plus ou moins discrets. Le premier est l’affiche du groupe Bad Religion présente dans la chambre d’Ichigo. La chanson d’Ichigo de l’anime est en effet de ce groupe (News from the front), un bon petit rock qui peut faire plaisir. La deuxième allusion à l’œuvre de Tite Kubo apparaît lors de l’affrontement Byakuya-Ichigo, plus précisément lorsque le casse-pied de service bloque la lame du héros avec…son index. Si vous voulez en savoir plus sur ce moment, je vous invite donc à lire le manga.

Bleach

de Shinsuke Sato

scénario de Daisuke Habara

d’après l’œuvre de Tite Kubo

avec Sota Fukushi, Hana Sugisaki, Erina Mano

Cine Bazar / Warner Bros. / Netflix

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