Un festival d’émotions fortes, avec Sylvie Wolfs, l’auteur de La Légende de la Femme-Louve.

La Galère de la publication en France

Avec une héroïne aux antipodes des clichés de western habituels et une pointe de fantastique, Sylvie Wolfs remet au goût du jour ce style oublié des années 70 en publiant la trilogie La Légende de la Femme-Louve, dont le troisième opus est en cours de rédaction.

Interview de l'auteur de Cheveux-de-Feu : SYLVIE WOLFS.

Les auteurs et les maisons d’éditions françaises, dans le même bateau.

Après avoir ramé longtemps dans l’océan des maisons d’édition parisiennes, après avoir été plusieurs fois ramenée par le violent ressac des fluctuations économiques, et après avoir essuyé de nombreuses vagues d’incompréhension et de refus, Sylvie Wolfs a enfin atteint la rive de la publication.

eMaginarock.fr : Pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre parcours ?

“Quelque-chose pour moi.”

Sylvie Wolfs : Lorsque j’ai commencé à écrire mon tout premier roman, j’avais 37 ans. À ce moment-là, j’écrivais sans idée de publier. Je suis mère de famille nombreuse (6 enfants) et je me suis toujours consacré aux autres, nous explique l’auteur de Cheveux-de-Feu.

Interview de l'auteur de Cheveux-de-Feu : SYLVIE WOLFS.Il était plus que temps de faire quelque chose pour moi, quelque chose de personnel, l’écriture.

Je ne me suis pas posé de question concernant le genre. Celui-ci s’est imposé de lui-même : le western, car, à travers lui, je pouvais parler de la conquête de l’Ouest et des Indiens d’Amérique qui m’ont toujours passionnée.

À cette époque, je ne projetais pas de chercher un éditeur, et encore moins de le trouver. J’écrivais « comme ça », juste pour mon plaisir. Puis, au fil du temps, je me suis prise au jeu.

L’auto-édition.

Lorsque j’ai pris la décision de publier L’Œil du loup noir, mon premier roman, je me suis lancée dans l’auto-édition. Je ne connaissais pas les codes du milieu et c’était, pour moi, une façon de m’imposer et d’avancer à la rencontre de mes premiers lecteurs. Quand j’ai commencé à vouloir évoluer et trouver un éditeur, les choses se sont compliquées et j’ai compris à quel point l’édition était cloisonnée. Moi et mes westerns, nous ne trouvions aucun écho, ni aucune grâce aux yeux des éditeurs, pour ne pas dire un certain mépris.

Timée Éditions.

Cette situation a perduré presque trois ans, jusqu’à Timée Éditions. Une belle rencontre et collaboration qui m’a donné confiance en moi, nous confie Sylvie Wolfs, un léger sourire aux lèvres.

À leur demande, j’ai retravaillé entièrement mon premier roman. L’Œil du loup noir est alors devenu Cheveux-de-Feu.

Malheureusement, en 2009, mon univers était encore très marginal et, coup de théâtre : Timée Éditions a rencontré de graves difficultés. Elle a déposé le bilan peu après. Je me suis donc retrouvée de nouveau sans éditeur.

Concours Prisma et Les Nouveaux Auteurs.

Comme je m’étais déjà lancée, avec Timée-Éditions, dans la rédaction d’une trilogie (La Légende de la Femme-Louve) j’ai participé à un concours organisé par Prisma et la maison d’édition Les Nouveaux Auteurs en 2010, avec le tome 2, Traque Sauvage. C’était une façon pour moi de donner un nouvel élan à mon travail d’écriture, quoique persuadée que ma situation éditoriale n’évoluerait pas, et aussi un peu en désespoir de cause, finit-elle par admettre.

Je dois l’avouer, à ce moment de mon parcours, je n’étais pas loin de tout plaquer.

Mais, à ma grande surprise, mon roman s’est retrouvé finaliste du concours et a pu être édité en janvier 2011 ! Une bonne diffusion a mis un coup de projecteur sur le roman, et sur moi aussi. C’est à cet instant que j’ai senti un réel changement d’attitude et de regard sur le genre que j’essayais désespérément de porter.

Nouveau coup du sort.

Mais quelques semaines plus tard, pour des raisons purement commerciales, Prisma et Les Nouveaux Auteurs ont décidé de ne pas poursuivre l’aventure… Et je me suis retrouvée orpheline d’éditeur une nouvelle fois.

Lokomodo, l’aboutissement.

Cependant, un déclic s’était produit dans le public. Le genre western, bien qu’encore très faiblement représenté, faisait un timide retour, notamment au cinéma.Interview de l'auteur de Cheveux-de-Feu T1 : SYLVIE WOLFS.

Grâce à mes deux éditions, le regard que l’on posait sur mes romans était plus positif.

J’ai ensuite eu plusieurs propositions d’édition en 2012, et j’ai choisi, sans hésitation, Lokomodo. Pourquoi ? Parce qu’ils m’ont proposé de reprendre en poche mes deux romans, Cheveux-de-Feu et Traque Sauvage, avant d’éditer les suivants.

Il est clair que tous mes romans chez le même éditeur, et dans un format que j’apprécie, était pour moi une magnifique opportunité de trouver (enfin) la stabilité éditoriale qui me faisait défaut. Et aussi parce que cette équipe éditoriale, jeune, dynamique et passionnée, m’a redonné goût et plaisir à travailler avec un éditeur. Et cela n’a pas de prix.

C’est ainsi que la réédition de Cheveux-de-feu a vu le jour en octobre 2012. Histoire à suivre en avril 2013, avec la réédition de Traque Sauvage et, en 2014, avec le tome 3, un inédit actuellement en écriture.

Toutes voiles dehors pour Sylvie Wolfs

M.net : Arrivez-vous à vivre de votre plume aujourd’hui ?

 S.W : Jusqu’à la fin de l’année 2012, j’avais une double activité : auxiliaire de vie et mon écriture. Mais depuis le mois de janvier 2013, j’ai décidé de faire de l’écriture mon unique Interview de l'auteur de Cheveux-de-Feu : SYLVIE WOLFS.activité. Je suis donc actuellement au RSA, le temps de lancer mes romans, écrire et publier davantage, dans l’espoir de percer. Pour cela, il faut y consacrer tout son temps. C’est un pari risqué, mais pour mon équilibre personnel, je me dois de tout tenter pour réaliser mon rêve de devenir une vraie romancière. Je vais vivre pauvrement pendant cette période (2013/2014), mais le jeu en vaut la chandelle. Je dois le faire…

M.net : Que vous procure l’écriture ?

S.W : C’est une vaste question. Mais pour faire court, je dirais que l’écriture est une façon de me réaliser en tant qu’individu. Créer des univers, des personnages, y mettre mes sentiments, mes pensées, mes rêves. C’est ce que j’aime faire. C’est ce qui me représente le mieux. Et je pense que c’est ce que je fais de mieux. Si je réussis à aller au bout de mon objectif dans les deux prochaines années, je serai une femme totalement épanouie et heureuse. Et dans le cas contraire, je me dirai que j’aurai au moins essayé et je n’aurai aucun regret.

M.net : Des auteurs vous ont-ils inspirée ? Dans quelle mesure ?

S.W : Les deux auteurs qui m’ont majoritairement inspirée sont Pierre Pelot et Stephen King.

Mais, plus que la littérature, je suis  une enfant de la télé , et toute mon inspiration vient des films que je regardais dans mon enfance et mon adolescence. Beaucoup de westerns, il va sans dire ! Sergio Leone est sans conteste celui qui m’a le plus influencée. C’est par ses films que tout a commencé. Je suis également une grande fan de Clint Eastwood. Le western spaghetti a insufflé une nouvelle jeunesse aux westerns traditionnels, dans les années 60. Ce qui prouve aussi que ce genre est beaucoup plus ouvert qu’on ne le pense (ou pensait).

La liste des scènes qui m’ont particulièrement inspirée est longue… La confrontation du cimetière entre Blondin, Sentenza et Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand par exemple. Tout comme la marche savamment orchestrée de Franck dans Il était une fois dans l’Ouest ou le duel des barrières dans Le Grand Duel. Il y a aussi le repas dans la diligence au début du film Il était une fois la révolution, le « faux duel » entre Personne et Jack Beauregard dans Mon nom est Personne etc…

Je suis issue d’un milieu simple, et la télévision était une ouverture sur le monde du cinéma, et donc de l’imaginaire.

Cheveux-de-Feu débarque en librairie.

M.net : Depuis quand les Amérindiens vous passionnent-ils et pourquoi ?

S.W : Mon intérêt vient de l’enfance. Les westerns que je regardais à la télévision le dimanche après-midi (au temps où la télé me faisait encore rêver) et les Indiens représentaient pour moi la liberté, l’équité, le courage, la générosité… Tout ce qui me manque Interview de l'auteur de Cheveux-de-Feu : SYLVIE WOLFS.aujourd’hui dans notre société dite « évoluée et moderne ». L’image romantique de l’enfance et de l’adolescence s’est muée au fil du temps en un réel intérêt pour leurs coutumes et  leur spiritualité. Dans certaines épreuves de ma vie, la spiritualité amérindienne m’a beaucoup aidée, soutenue… Cela fait partie de moi, de ma façon de voir la vie, le monde et la mort également. Cependant, je précise que je ne suis pas une indianiste qui s’identifie aux Indiens pour exister, juste une passionnée qui essaie de ressentir leur magnifique culture.

M.net : Pourquoi avoir choisi le peuple sioux ?

S.W : Mon imaginaire me pousse davantage vers les Indiens des plaines, mais il faut savoir que je parle des Apaches dans le tome 2 !

M.net : Vous avez dû faire un gros travail de recherche avant de vous lancer dans l’écriture, l’avez-vous fait seule ou avez-vous fait appel à quelqu’un ?

S.W : J’ai fait ce travail seule, à travers mes lectures et mes recherches (au départ personnelles) sur Internet. Je crois qu’il s’agit d’une sensibilité qu’on a ou pas. Au-delà de la connaissance purement technique, la spiritualité amérindienne doit avant tout se ressentir, et on ne trouve ça dans aucun bouquin. Il faut y être sensible pour être capable de la retranscrire le plus fidèlement possible, si cela est possible.

M.net : Cherchez-vous à transmettre un message particulier à travers votre livre ?

S.W : Je ne cherche pas à transmettre un message particulier, mais il va de soi que, malgré moi, je transmets quelque chose à travers l’histoire de mon héroïne Jewell O’Connor (qui est à la fois une part de moi et de chacun d’entre nous). Chaque lecteur tire ce qu’il a envie de tirer des mes romans, et vu les retours que j’en ai (majoritairement très positifs), cela va beaucoup plus loin que je l’imaginais quand j’ai débuté cette aventure.

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