Un roman de science-fiction palpitant !
Sur Sophis, chacun est soumis au règne implacable du Vent rouge. Simple phénomène météorologique ou manifestation surnaturelle, peu importe : quand il souffle, les souvenirs s’envolent, se mélangent, se perdent. Nul n’échappe à ses effets.
Pour tenter malgré tout de protéger son secret, Anat va faire ses adieux aux trois corps qu’il a découverts plongés dans des cuves en zone interdite. Lorsque l’un d’entre eux revient à la vie, il est loin de se douter qu’un péril plus redoutable que l’Oubli menace sa planète. Elle s’appelle Satia Layre. Elle est partie de chez elle il y a plus de 400 ans. Elle n’a rien oublié de sa mission, et rien ni personne ne l’empêchera de la mener à bien.
Un scénario qui prend son temps
Vent rouge commence dans un décor de science-fiction qui semble assez classique. On y découvre deux univers différents.
Le premier nous présente l’Ordocratie, une société extrêmement avancée sur le plan technologique où les émotions sont bannies pour laisser place à une rationalité parfaite. On se rend rapidement compte que les individus qui l’occupent vivent en réalité dans une dictature, où seule une poignée de privilégiés détient le pouvoir, au sein d’un système extrêmement hiérarchisé qui assure l’ordre par l’oppression, la peur et la torture.
Le second nous emmène sur la planète Sophis, qui semble en premier lieu plutôt agréable à vivre et complètement opposée à la logique du premier univers. On y découvre un peuple cohabitant en harmonie avec ses semblables et la nature. Cette société-là s’organise autour du Vent Rouge, un phénomène qui, régulièrement, arrache un souvenir à chacun pour le transmettre à quelqu’un d’autre. Les Garants s’assurent de maintenir les mémoires individuelles et collectives, mais également l’ordre. Bien que de manière moins évidente, on finit par comprendre que cette organisation-là est elle aussi dictatoriale. Sous couvert d’harmonie sociale, une poignée d’individus décide en réalité pour le plus grand nombre, quitte à se montrer très sévère envers ceux qui remettent les règles en question.
Un rythme qui s’accélère
A mon sens, le récit débute véritablement au bout d’un quart du roman, lorsque ces deux univers se percutent. Alors que la première partie pose tranquillement le décor, tout s’accélère lorsqu’Anat, un enfant de Sophis dont les parents ont été exilés pour avoir remis en cause l’ordre établi, réveille Satia, une Ordonnatrice issue de l’Ordocratie. Les rebondissements s’enchaînent alors, dans une course difficile à lâcher pour le lecteur. On alterne entre révélations et contrecoups, dans un rythme sans temps morts.
Des personnages qui s’opposent et se confrontent
Le récit développe, dans un roman chorale, une palette de personnages diversifiés dont les intérêts et la complexité nous apparaissent au fur et à mesure. Parmi eux, Satia est rapidement identifiée comme la principale antagoniste : habituée à un monde aseptisé où elle est obéie sans discussion, elle se heurte à la spontanéité des habitants de Sophis, qui lui apparaissent alors comme des primitifs. Son ton méprisant comme sa volonté de soumettre la rendent rapidement assez insupportable au lecteur. D’autres personnages tels qu’Anat ou Djimil nous sont en revanche rapidement sympathiques tandis que certains, plus insidieux, se dévoilent au fur et à mesure sans que l’on comprenne intégralement les enjeux qui les motivent de prime abord.
La rencontre entre ces personnages nous tient elle aussi en haleine, car on s’interroge sur le futur de ces relations, et les éventuelles prises de conscience mutuelles qui découleront (peut-être) de ce choc culturel.
Le mystère au delà du suspense
Au-delà des nombreux rebondissements servis par le scénario, notre intérêt se porte aussi vers la résolution de l’énigme du Vent Rouge. Quel est-il ? D’où vient-il ? Quel lien les protagonistes ont-ils avec lui ? Ces questionnements nous tiennent en haleine jusqu’aux dernières pages du récit.
Vent rouge est donc un roman de science-fiction palpitant, que j’ai dévoré !
