Aatea – Anouck Faure

Un roman magnifique, émouvant et romanesque.

Navigateur capable de diriger son voilier solaire sur les océans en suspension de la Nuée, Aatea n’en demeure pas moins un paria aux yeux de son peuple : né en mer, il ne possède pas le filament, cet organe symbiotique qui permet aux siens de coexister avec de gigantesques îles vivantes. Seules ses expéditions maritimes l’aident à endurer la servitude à laquelle le contraint le système des castes. Or, après une attaque de pirates qui coûte la vie à tous ses passagers, Aatea perd le droit de naviguer.
Aatea choisit alors l’impensable : fuir la sécurité des îles, tout abandonner et suivre les traces de sa grand-mère, une exploratrice dont les récits ont bercé son enfance.
Tandis qu’un froid inhabituel s’abat sur le monde, Aatea part seul sur les flots instables, déterminé à voyager plus loin que quiconque. Cependant, dans la Nuée, où tout se dévore et se déchire, de nombreux dangers guettent le navigateur ; des dangers mais aussi des rencontres, de celles qui ancrent une vie et lui donnent un sens.

Ayant beaucoup apprécié la Cité diaphane, premier texte d’Anouck Faure, j’étais impatiente de me plonger dans ce deuxième roman. Je n’ai pas été déçue du voyage.

Un univers complexe et poétique

J’ai beaucoup apprécié parcourir les paysages de la Nuée, cet océan suspendu que l’autrice développe avec beaucoup de talent. On y voyage au rythme des marées, ballotés entre les racines venimeuses des îles et les créatures étranges qui règnent en son sein… C’est tout un monde qui se déploie ici, aussi original que poétique. Il faut attendre le final de l’histoire pour en comprendre la genèse, dans une révélation inattendue qui confère une profondeur nouvelle à l’histoire. L’ensemble est illustré par de très beaux dessins de l’autrice, qui nous plongent un peu plus dans cet univers fascinant.

Des personnages attachants

Sur cette toile de fond évoluent des protagonistes travaillés. Aatea en tête, navigateur exilé sans attache, dont l’unique refuge restera l’océan. Le personnage nous touche autant par sa détermination que par sa douceur. Son cheminement le portera vers des révélations intérieures et c’est aussi l’un des sens forts du roman : la découverte de soi à travers les autres et le monde. Autour de cette figure puissante gravitent d’autres protagnistes, souvent rugueux et nuancés, qu’il faut prendre le temps d’apprivoiser pour mieux les apprécier.

Un texte fort

Je me dois, avant de poursuivre, d’évoquer la très jolie plume d’Anouck Faure. Chaque mot est choisi avec soin, sans facilité aucune, dans un style très poétique que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire. Mais Aatea n’est pas “juste” un beau texte. C’est aussi un récit fort et puissant, qui porte de très beaux messages. Malgré un point de départ scénaristique qui peut sembler de prime abord assez classique (ce navigateur échappé d’un système oppresseur et injuste, partant à la recherche d’une terre où les humains seraient libres), l’ensemble est abordé avec originalité. On sent beaucoup d’empathie et de compréhension dans le parti pris par l’autrice, vis-à-vis des héros bien sûr, mais aussi de façon plus élargie, à l’encontre du vivant voire des antagonistes. Pas de manichéisme simpliste ni de vengeances éclatantes : l’humain est traité avec beaucoup de subtilité, ce qui renforce à mon sens la qualité du roman.

J’ai donc pris beaucoup de plaisir à me plonger dans la Nuée d’Aaeta !

Titre : Aatea
Série :
N° du tome :
Auteur(s) : Anouck Faure
Illustrateur(s) : Anouck Faure
Traducteur(s) :
Format : Grand format
Editeur : Argyll
Collection :
Année de parution : 2025
Nombre de pages :
Type d'ouvrage : Roman

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