3 questions à Salomé Han, autrice du roman Le Sabre de Neige

Bonjour, et merci de prendre le temps de répondre à ces trois questions, centrées autour de ta nouveauté, Le Sabre de Neige. Peux-tu tout d’abord nous expliquer comment est née l’idée d’implanter une histoire dans un Japon médiéval-fantasy ? Un amour personnel pour ce type d’univers ?

Bonjour, avec plaisir et merci à vous pour cette interview.

Ce roman est né d’une nouvelle sur les samouraï que j’avais écrite à l’adolescence (quelque part en 2005). À l’époque, j’étais fan de manga et de littérature japonaise (je ne jurais que par Yukio Mishima), et je pratiquais assidument le kendo. J’aimais beaucoup la politesse et le respect qui imprégnaient les entraînements, le silence assourdissant qui suivait les joutes… Bien sûr il y a eu aussi La Pierre et le Sabre d’Eiji Yoshikawa, les films de samourai, etc. Ce roman est donc le produit de différentes inspirations autour d’un Japon médiéval fantasmé qui a grandi en moi depuis longtemps.

Le choix de la fantasy en a découlé naturellement : je voulais être libre de mes mouvements à l’écriture, pouvoir développer le concept d’une « Voie du Sabre » telle que moi je l’imaginais, et me balader à ma guise dans un Japon qui n’existe pas (qui n’est d’ailleurs même pas nommé).

Cette prise de liberté était aussi importante par rapport aux personnages féminins, car même si l’histoire suit Isao dans le tome 1, les personnages féminins tiennent une place centrale à travers la trilogie.

La relation entre Isao et Shiro est assez particulière, rappelant d’ailleurs la relation maître-disciple de la Grèce antique. Pourquoi les avoir bâtis ainsi, à la fois individuellement et ensemble ?

C’est vrai qu’il y a des similitudes entre la relation mentor-disciple dans la Grèce antique et celle maître disciple chez les classes samouraï (et chez les moines) dans le Japon médiéval. C’est une relation qui se base sur l’admiration et la transmission et en même temps qui implique forcément un jeu de pouvoir. (D’ailleurs, si j’avais collé au Japon historique, Isao n’aurait sans doute pas été majeur… mais ça, je ne voulais pas.)

Pour moi, leur relation est difficile à définir au départ, parce qu’on est du point de vue d’Isao et que lui-même, ayant vécu reclus tant d’années, découvre à peine le monde extérieur tout en explorant ses propres émotions à l’égard de Shiro. Il a grandi dans l’ombre de son maître, s’entraîne tous les jours avec lui, c’est son modèle à suivre et en même temps il se met à espérer qu’il pourrait devenir son égal pour obtenir son respect et son amour.

J’ai mis beaucoup de ma propre expérience dans les ressentis d’Isao : cette confusion des sentiments que l’on peut éprouver pour une personne plus expérimentée qui nous semble comme un modèle à suivre et en même temps dont on espère atteindre le niveau un jour.

À travers eux, je voulais parler des aléas de l’apprentissage et de tout ce qu’implique le fait de se dépasser.

La manière dont tu écris est des plus poétiques, parfaitement adapté à l’univers dans lequel tu nous fais évoluer. Combien de temps t’as pris l’écriture de ce roman, de la trilogie ? Et comment as-tu travaillé le style justement ?

J’ai commencé Le Sabre de Neige en 2022. J’avais écrit le début assez vite sur plusieurs mois, pour ensuite me retrouver bloquée au milieu sans savoir quoi faire. J’avais la fin très claire dans ma tête mais je doutais beaucoup (notamment parce que j’avais l’impression que ce roman – supposé être un one shot à la base – était en train de se transformer en 1er tome d’une trilogie). Entre temps j’ai fait une formation en ligne d’écriture pour comprendre mes blocages et échanger avec d’autres auteur.rices. Fin 2023 je complétais le roman, et puis début 2024 je l’envoyais en soumission à des maisons d’éditions.

Concernant les deux autres tomes, ils sont encore en cours d’écriture. J’ai rédigé le plan de la trilogie entière tout en me laissant quand même de l’espace pour « me balader », car ce que j’aime c’est surtout vivre intensément les scènes dès l’écriture du premier jet. Pour chaque tome je sais comment ça commence, comment ça se termine, quelle évolution ont les personnages principaux, etc. Mais j’aime me garder des surprises, car je ressens vraiment l’écriture comme une randonnée au travers d’un paysage qui se révèle petit à petit.

Donc pour le style, je n’y réfléchis pas particulièrement. J’écris simplement ce que j’aime, ce qui me donne à moi des saveurs dans ma balade : les  descriptions, les arbres, les odeurs, la nourriture, le temps qu’il fait, les saisons, etc. J’ai du mal à me lancer dans une nouvelle scène si je ne visualise pas la météo ni l’environnement autour. Des fois, quand je ne sais pas quoi écrire, je me demande quelle est l’heure de la journée, d’où viennent les sources de lumière dans le lieu en question (ça, c’est une déformation pro de ma formation cinéma). Si je ne me fais pas plaisir moi-même avec une scène, ça ne va pas. Il me faut apprécier le voyage.

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