Bonjour Chloé, et merci de prendre le temps de répondre à mes quelques questions.
Pourrais-tu tout dans un premier temps nous dire comment tu as conçu le récit des Maîtres des Vices ? Comment t’es venue cette idée d’une dystopie mettant en avant ces Maîtres ?
Bonjour Thomas, merci pour cette interview !
Peu de gens le savent, mais Les Maîtres des Vices devait initialement être un roman fantasy. Dans la toute première version de l’histoire, les Maîtres étaient plutôt des sortes de mages, chacun associé à un élément particulier : l’eau, le feu, les ténèbres, la lumière, et deux d’entre eux étaient liés à la terre… Mais ce schéma était classique et je voulais quelque chose de plus original, tout en gardant une trace des affinités de base de mes Maîtres.
J’aime les univers sombres où l’on aborde des sujets délicats, durs et parfois tabous, ainsi que les mille et une manières de traiter ces thèmes atypiques. L’alcool s’est naturellement associé à l’eau, le sexe au feu, et les autres addictions de mes personnages ont coulé de source pour faire d’eux les Maîtres des Vices.
Faire évoluer une héroïne qui a perdu la mémoire est en soi un tour de force. En effet il faut qu’elle possède un passé, sans en avoir conscience, tout en faisant en sorte de la mettre sur la piste. Un job d’auteur assez compliqué qui a dû te demander pas mal de préparation. Comment t’y es-tu prise ?
Céna, mon héroïne, visualise parfois des flash-backs de son passé. J’ai beaucoup travaillé sur ces passages pour les rendre flous. Les souvenirs de Céna sont vagues et ne l’aident pas. Mais un lecteur attentif y relèvera plusieurs indices qui, mis bout à bout, font peu à peu sens lorsqu’on approche de la conclusion de l’histoire.
À côté de cela, si Céna n’arrivait pas à retrouver ses souvenirs seule, alors il lui fallait également une aide extérieure pour la mettre sur la piste. Dans cette optique, les personnages qui l’entourent sont plus complexes qu’il n’y paraît, et pas aussi innocents qu’ils veulent le faire croire… car certains d’entre eux en savent long à son sujet. Ne reste plus qu’à découvrir lesquels et à trouver comment les faire parler… mais je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher les surprises aux lecteurs !
L’univers que tu développes est très sombre, rappelle un peu le post-apo, la dystopie, tous ces environnements où la survie est complexe. Comment l’as-tu conçu ? et prévois-tu d’y revenir un jour via un autre texte ?
L’histoire originelle (avec les Maîtres mages) se déroulait dans un univers fantasy. En adoptant les Maîtres des Vices et leurs addictions, j’ai eu envie de revenir à un univers plus actuel et terre-à-terre, mais les pointes de magie que j’avais laissé çà et là dans mon récit devenaient incohérentes… Alors, pourquoi ne pas couper la poire en deux ?
C’est ainsi qu’est né l’univers de mon roman : notre monde réel, mais dans un futur modifié où certaines choses aujourd’hui inconcevables pourraient avoir lieu. Il m’a paru évident de placer les Maîtres des Vices dans un environnement défavorisé où ils seraient en avantage sur les autres… tout en étant plongé dans les mêmes galères qu’eux. Et comme toute bonne dystopie qui se respecte, qui dit milieu défavorisé dit également que certains vivent avec plus d’avantages que d’autres…
L’univers des Maîtres des Vices, et notamment la variété des personnages complexes qu’il peut mettre en jeu, me plait énormément. Rien n’est encore officiel, mais j’aimerais en faire un univers étendu. J’ai déjà quelques idées de romans et de nouvelles pour faire découvrir aux lecteurs certains lieux annexes et certains personnages secondaires mentionnés dans Les Maîtres des Vices !
Question subsidiaire : Si tu devais remplacer l’un des Maîtres, tu serais lequel ?
Déjà, ce ne serait pas Hess, le Maître bleu : je ne bois pas d’alcool haha !
Plus sérieusement, je ne peux pas répondre à cette question. J’aime tous les Maîtres des Vices. Chacun a son rôle à jouer, que ça soit au sein du Purgatoire ou dans mon roman, et je ne m’imagine pas remplacer l’un d’entre eux. Oui, ils ne sont pas des saints, et beaucoup de leurs actions sont discutables… mais ils ne sont après tout que des hommes, avec leurs qualités et leurs défauts.
Comme dirait Zathar, le Maître jaune : « Chaque filet d’eau suit son chemin. »