Une petite dystopie post-apo à laquelle je n’étais pas préparé et qui a clairement su me séduire.

Dans le Bas-Fond, les Maîtres des Vices survivent en tirant profit des obsessions interdites de leurs clients. Sexe, alcool, drogues… Au Purgatoire, les addictions sont reines. Céna s’y éveille sans le moindre souvenir de son passé. Entourée par les mystérieux Maîtres des Vices, elle cherche à retrouver son identité dans cet univers où les désirs interdits sont la norme. Mais sont-ils véritablement ses alliés ? C’est alors qu’un message la conduit sur la piste de son frère aîné… Plongez dans un monde post-apocalyptique, où chaque obsession a un prix.
Un univers passionnant
L’univers proposé par Chloé Rovarc’h, qui n’aurait pas dû être celui que vous lirez dans ce roman (voir son interview prochaine dans nos pages) , est des plus riches. Proposant une dystopie post-apo où la population est scindée en deux, où une communauté restreinte de Maîtres des Vices peut aspirer les vices du commun, avec un système politique bien à part également, ce roman s’avère passionnant. Les Maîtres justement, parlons un peu d’eux et de cette idée de génie de l’autrice. En effet elle nous propose que certains soient capables de débarrasser leurs « clients » de leurs vices. Ainsi ils peuvent de débarrasser de l’alcoolisme, de l’addiction au sexe, aux drogues, à la nourriture… Mais il leur faudra bien la remplacer par autre chose, non ? Quitte à créer un cycle ! Bref, l’idée est excellente, l’univers fonctionne et toute la scène est en place pour que la pièce se joue devant nos yeux.
Une histoire prenante
Le scénario proposé par Chloé Rovarc’h, bien que classique sur son principe de base, recèle de nombreuses petites ficelles qui vont ajouter du sel à l’ensemble. Alors oui le lecteur va suivre une jeune femme dans la quête de son passé, mais l’histoire ne se résume pas qu’à cela, loin s’en faut ! Le côté touffu de l’univers, les personnages très réussis et Céna viennent se mêler pour donner à l’histoire tout son cachet et en faire un page-turner des plus réussis.
Une héroïne attachante
Céna, l’héroïne du roman que l’on va suivre tout au long de l’histoire, est à la fois forte et puissante, tout en gardant une part de faiblesse due notamment à son passé flou. On se surprend à la suivre avec plaisir sans rien savoir d’elle, sur la quête de ce qu’elle fut. Sa construction est intéressante et, même si les Maîtres et leurs personnalités sont bien évidemment au cœur du roman également, elle tien le premier plan sans difficultés, mais aussi sans réellement faire d’éclats. Le type de personnage à la fois simple d’extérieur et complexe dans sa construction que j’adore.
Une plume acérée
La manière d’écrire de Chloé Rovarc’h fonctionne très bien au cœur de son récit. En effet elle parvient par la pertinence de ses descriptions, par ses dialogues bien choisis, elle nous fait vivre les scènes de son roman. Personnellement j’ai vraiment plongé dans l’univers grâce à cette écriture déliée et fluide qui laisse la place à l’imagination du lecteur.
C’est la première fois que je vous parle ici d’un roman du Héron d’argent et je dois dire que je n’ai pas été déçu. La qualité du texte, son inventivité, la plume de l’autrice, tout est là pour convaincre. L’inventivité de l’univers m’a donné une belle bouffée d’air frais au milieu de cette fantasy très formatée que l’on voit maintenant trop souvent. Je reviendrais régulièrement sur le catalogue de cet éditeur car ils ont clairement une carte à jouer dans le game de l’imaginaire français. Concernant Les Maîtres des Vices il fait clairement partie de mes coups de cœur de ce semestre donc n’hésitez pas à y jeter un œil !