Comment t’es venue la première étincelle de ce monde disparaissant dans la brume ? C’est finalement un point de départ assez étrange, mais qui m’a fait penser à L’Histoire Sans Fin, de loin.
La toute première étincelle, c’était lors d’une randonnée en montagne par temps maussade. Quand on dépasse la grisaille et qu’on en vient à marcher au-dessus de la mer de nuages, on a une vue incroyable sur les sommets qui dépassent du blanc, comme des îles sur l’océan. Et ce jour-là je me suis dit : « Cela ferait une super ambiance et un super décor de fantasy, que d’avoir un monde entier englouti de cette façon. » Je savais que si je trouvais une bonne idée quant à la nature de ce phénomène, je tiendrais mon histoire. Cela a eu le temps de mûrir : j’ai eu mes premières idées sur ce roman en 2016, et j’avais une autre série de fantasy en cours d’écriture à cette époque, donc le reste du roman s’est bâti petit à petit.
2/ Ton histoire tient sur tes deux protagonistes. Comment les as-tu créés et quels traits de ton caractère leur as-tu transmis ?
C’était une envie et une motivation forte que de créer un duo de protagonistes, et dans les histoires des autres, j’ai toujours aimé les personnages que tout oppose et qui apprennent à se connaître sur la durée. Je les ai imaginés comme les deux faces d’une même pièce, sans craindre d’être très caricatural lors de mes premières ébauches : le petit maigre et la grande colosse, le taciturne et la solaire, le berger modeste et la cheffe de guerre, le montagnard pur jus et la meneuse d’un peuple océanien, etc. Et avec le temps, les péripéties et les nuances, ils ont peu à peu pris vie. Je pense que les deux personnages existent en moi : Maramazoe est celle que j’essaie d’être, souriante et positive, tournée vers l’avant ; Keb est celui qu’on est tous un peu, au fond, à ressasser nos bons moments passés, à regretter ce qu’on a raté ou perdu. Je ne suis plus jeune, mais je ne suis pas encore vieux : il y a en moi une Maramazoe qui tente de secouer un Keb.
3/ Une grande poésie se dégage de ta plume. Comment as-tu appris à écrire ainsi, et d’ailleurs comment t’es venue l’envie d’écrire des romans ?
Plusieurs personnes me disent cela, et ça me fait très plaisir. Pourtant, je n’ai pas de formation littéraire classique et je lis assez peu de poésie. Je pense que les gens utilisent surtout le terme « poétique » pour exprimer la place que la nature prend dans mes textes et son côté évocateur. Cela, oui, je sais d’où ça vient : c’est un élément récurrent chez moi, parce que j’aime passer du temps dehors, et parce que c’est une source d’inspiration majeure dans mon écriture. J’ai eu la chance de pouvoir voyager un peu, et j’aime la randonnée et les lieux éloignés des villes. Beaucoup de mes idées et de mes envies viennent de mes sorties. Par effet de bord, j’aime les œuvres qui vont dans ce sens – j’évoque souvent les films d’animation d’Hayao Miyazaki, par exemple, et je pense que beaucoup de gens disent son œuvre profondément poétique.
Quant à l’envie d’écrire des romans, c’est difficile de déterminer un point de bascule. J’ai toujours beaucoup lu, depuis très jeune. Dès l’adolescence, je me suis mis à écrire des bricoles en lien avec le jeu de rôle. Créer des histoires pour mes ami(e)s est devenu une part récurrente de mes loisirs. Ce n’était qu’une question de temps avant que je ne franchisse le miroir. Je me suis lancé sérieusement dans l’écriture il y a une bonne douzaine d’années. J’ai écrit une demi-douzaine de romans à ce jour. Je n’imagine pas m’arrêter.
Merci d’avoir répondu à toutes mes questions et à bientôt au détour des pages de tes romans !