Les monstres du deathcore Thy Art Is Murder nous reviennent enfin en 2023 avec leur sixième album « Godlike ». Un nouvel opus très attendu, le groupe ayant pris le temps de se pauser durant la période Covid et dont le précédent album « Human Target » date déjà de 2019. Plus tôt dans l’année, le groupe avait tout de même pris soin de nous servir en guise d’apéritif un EP en collaboration avec Fit For An Autopsy et Malevolence, très réussi et dont le titre composé pour l’occasion Until There Is no Longer laissait présager de très jolies choses pour la suite…
A-t-on besoin de présenter les Australiens de TAIM ? Ceux qui se sont désormais imposés comme des références dans la scène deathcore internationale n’ont plus rien à prouver et la tournée qu’ils s’apprêtent à effectuer en Europe s’annonce d’une grande violence pour notre plus grand plaisir. Croyez bien que j’ai sauté sur l’occasion pour les voir à Paris en octobre prochain, accompagnés par leurs excellents collègues de Fit For An Autopsy, les monstres de Whitechapel et les très bons Spite. Pour l’historique, TAIM se forme en 2006 à Sydney. Il faudra plusieurs années et albums avant de parvenir à la formation récente qui comptait Chris « CJ » McMahon au chant, Andy Marsh et Sean Delander à la guitare, Kevin Butler à la basse et Jesse Bealher à la batterie. Le groupe cumule ainsi 6 albums studio, « The Adversary » en 2010, « Hate » en 2012, « Holy war » en 2015, « Dear Desolation » en 2017 avec sa somptueuse pochette et « Human Target » en 2019. A cela s’ajoutent 5 EP dont les deux derniers « The Depression Sessions » et « The Agression Session » se sont faits en collaboration avec leurs camarades de FFAA. Le succès de leurs albums, en particulier « Hate » et « Holy War » leur ont permis de se hisser dans le top tier de la scène deathcore, entre le chant incroyable de CJ McMahon et leurs mélodies quasi démoniaques. TAIM a fait parti de ces groupes qui ont su prendre le train de la scène core, moderniser le son d’une scène death dont ils se sont particulièrement inspirés et imposer plusieurs de leurs titres tels que « Reign of Darkness » ou « Holy War » comme des hymnes de la scène deathcore.
Cette chronique a été cependant un peu bousculée par une actualité récente qui a connu pas mal de rebondissements les semaines précédant la sortie de l’album. Puisque celle-ci a d’ailleurs été repoussée d’une semaine. Je l’ai donc en partie réécrite en en tenant compte et mon dernier paragraphe qui déplorait le comportement transphobe de CJ McMahon se retrouve finalement dés le début. Thy Art is Murder a repoussé la sortie de son album d’une semaine pour annoncer dans une publication Instagram particulièrement bien rédigée qu’ils se séparaient de leur chanteur. Selon leurs termes, son attitude mettait en péril le groupe et ses sorties transphobes récentes sans être la cause de son départ, étaient l’un des symptômes de la destruction progressive de TAIM. Je salue cette décision, le travail du groupe et leur impeccable communication résumée en une phrase : “Everyone has their own right to free speech and to seek their truth ; they are also free to receive the consequences that come with it.”
J’ai donc eu la chance d’écouter d’abord l’album avec CJ McMahon au chant, puis cette version avec un nouveau chanteur qui n’est autre que Tyler Miller qui officiait chez Aversions Crown. Joli travail et très courageux d’avoir tout réenregistré en aussi peu de temps. Mon écoute de ce nouvel album était grandement influencée d’une part par leur précédent EP qui m’avait beaucoup plu et l’écoute de leur premier single Join Me In Armageddon. J’en attendais beaucoup, je ne voulais pas être déçue et clairement je ne l’ai pas été. Tous les titres sans exception m’ont convaincue, un ensemble cohérent, puissant, délicieusement apocalyptique et sombre, du TAIM, parfaitement exécuté qui devrait nous ravir lorsqu’ils viendront défendre leur album sur scène. Signe que l’album m’a plu, une chanson s’est particulièrement démarquée, la dernière « Bermuda » que j’ai préférée pour sa puissance, sa lourdeur et la profondeur de ses mélodies. La pochette de l’album présente bien plus sobrement que les précédents opus, un squelette qui semble momifié, figé dans un cri, une supplication. Sobre, parce que les précédentes pochettes montraient soit des classiques du deathcore à base de scènes de batailles démoniaques ou des tableaux de l’excellent Eliran Kantor. Non pas que je sois une fervente admiratrice des pochettes épiques, démoniaques et excessivement surchargées du death ou du deathcore, mais j’aimais vraiment le travail de Eliran Kantor et la symbolique de ses œuvres. Malgré tout, le choix de la direction artistique fonctionne très bien avec l’ambiance de l’album et les morceaux. Le groupe avait pris le parti durant leur pause de mettre de côté leurs instruments et de revenir avec une nouvelle manière de composer et une direction sonore plus audacieuse. Pari réussi !
L’album débute avec le morceau Destroyer of dreams, un rythme plutôt lent en introduction par rapport au reste des chansons et une montée très progressive en intensité et en puissance qu’il s’agisse des guitares ou du chant. Le titre introduit parfaitement le thème et l’ambiance de l’album. Le rythme devint rapidement beaucoup plus musclé et le scream plus grave et puissant. Le groupe a d’ailleurs sorti un clip pour ce morceau, clip plutôt singulier puisque sans chanteur visible, c’est en effet le premier clip depuis le départ de CJ McMahon. Puis Blood Throne enchaîne beaucoup plus rapide et brutal. La chanson a un groove incroyable auquel on n’était pas forcément habitué avec TAIM. Ça marche très bien et ça se confirme avec un très bon break, bien lourd, dont j’ai adoré le chant. Clairement mon second morceau préféré de l’album. C’est aussi le dernier clip proposé par le groupe avec leur ancien chanteur.
Le premier single de l’album Join Me in Armageddon m’avait déjà largement convaincue. Le rythme est plus lent en introduction mais cède rapidement la place au blast. La mélodie donne à la chanson le sentiment d’une longue lamentation. Le morceau se termine au seul son de la mélodie. Il est accompagné d’un clip pour lequel j’ai un peu plus de mal à saisir l’objectif et le message, sur fond de militaires soviétiques s’apprêtant à faire exploser une bombe atomique. Parfois, les clips les plus sobres sont les meilleurs et mieux vaut éviter de s’aventurer sur ces thématiques sans qu’on en comprenne le message derrière ou qu’on l’interprète mal. Keres suit sur un rythme beaucoup plus marqué et une couleur plus traditionnelle pour TAIM qui me fait penser à un Holy War. Le chant est puissamment soutenu par les backs et le groove donne une atmosphère plus martiale au morceau. La fin prend des sonorités plus death et heavy avec la guitare. Le morceau dispose également d’un clip.
Comme les précédents, la morceau suivant Everything Unwanted démarre d’abord doucement sur la mélodie avant de repartir sur un rythme de batterie beaucoup plus soutenu. Le refrain est incroyable, j’ai adoré le groove bien amené entre les riffs et le chant qui se répondent. Ce morceau là laisse aussi plus de place à sa mélodie principale ce qui lui donne un côté plus death mélodique, accompagnée par la montée en puissance du scream, soutenu par des hurlements et supplications en backs. Lesson in Pain suit sur un modèle un peu plus moderne et plus « deathcore » au départ, en particulier dans les guitares et le break de fin.
La chanson éponyme Godlike démarre sur un groove très plaisant mais des sonorités plus death. Le morceau se termine avec quelques variations assez intéressantes et aboiements dans le scream. Corrosion progresse de la même manière avec des sonorités très death. Le break est très joli et laisse plus de place à la mélodie. Suit Anathema, l’avant dernier morceau au rythme tout de suite très rapide et musclé. Les guitares donnent un côté un peu black à l’ensemble et une atmosphère très tourmentée, jusqu’au break plus core, plus lourd qui tranche radicalement avec le reste de la chanson.
Enfin l’album se termine avec mon morceau préféré, Bermuda. Je trouve qu’il se détache vraiment du reste de l’album, avec un son plus moderne, moins attendu et une mélodie vraiment magnifique. Le morceau est beaucoup plus lent et laisse plus de place à la montée en puissance progressive du chant. C’est très fort et tristement magnifique jusqu’au break que j’ai adoré, très lourd, très puissant. Le morceau est court mais vraiment intense et conclut très bien l’album.
J’adore la direction que prend TAIM sur cet album. Sans jamais renier ce qui a fait leur succès et la qualité de leur musique, ni les thématiques très sombres de leurs précédents opus, « Godlike » parvient tout de même à se renouveler en proposant des sonorités et structures de chansons plus modernes et plus core. Le chant est toujours excellent et très puissant, et la transition avec Tyler Miller se fait sans problème. J’aime beaucoup son scream plus aigu et un peu plus moderne et j’ai hâte de voir ce qu’il pourra faire sur de prochains opus pour lesquels il sera moins contraint par la nécessité de coller à l’enregistrement précédent. C’est aussi parce que TAIM capitalise sur le côté plus mélodique de ses chansons et ça fonctionne très bien pour fabriquer cette ambiance sombre et tourmentée. J’ai trouvé qu’il y avait un très bon groove tout le long de l’album, des rythmes vraiment musclés et plusieurs breaks particulièrement lourds. Mention spéciale à Blood Throne au démarrage très punchy et au break incroyable, ainsi qu’au break puissant de Bermuda. Un album globalement plus mélodique aussi, ce qui je trouve donne beaucoup de puissance à l’ensemble. Comme je l’avais dit en introduction, pari réussi pour TAIM qui propose un excellent album que j’ai plus que hâte de découvrir sur scène en octobre prochain. J’avais été un peu déçue par leur manque d’audace dans l’EP « The Agression Sessions » mais je suis rassurée à l’écoute de « Godlike ». Et puis surtout ravie de leur communication récente et de les voir repartis avec une belle énergie pour leur tournée européenne !