Bonjour, et merci de prendre le temps de me répondre. Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer ce que tu fais dans Wegferend ?
Salut à vous et merci de nous accueillir pour cet entretien.
Moi c’est Thomas et je suis aux percussions, à la batterie (en studio), aux flûtes (tin et low whistles et chalemie), à la mandole et à un peu de voix dans ce projet.
Comment en es-tu venu au rock et au metal ?
Wegferend n’est pas du rock ni du metal, il s’agit de dark folk que nous aimons qualifier de « folk onirique ». On peut dire que c’est très influencé par les musiques progressives et le black metal par contre, ça pour sûr !
Et comment j’en suis venu à ces musiques… Je pense qu’un peu comme tout le monde je suis tombé sur un disque qui m’a fait vriller, ici un albulm de Rammstein (« Reise, Reise » à l’époque) au collège et j’en suis tombé amoureux à ce moment là.
J’ai très vite été bercé aux Pink Floyd ou Dead Can Dance également qui sont restés parmi mes groupes favoris. En suite j’ai bifurqué vers le prog metal dont j’ai gardé principalement Opeth comme influence majeure puis le black avec Emperor, Primordial, Der Weg Einer Freiheit, Enslaved et tant d’autres …
Comment est né le groupe ? D’où est venu son nom ?
Alexia (Chant lead / Flûtes) et Manon (Guitares, Mandole / Chant) sont sœurs jumelles, elles ont donc toujours joué de la musique ensemble. Elles ont fondé Wegferend en 2016 après s’être essayé à faire du Metal dans un projet précédent. Je suis arrivé en 2017, à l’époque nous étions 4, il y avait une seconde percussionniste, Laurine, qui a depuis quitté le navire pour se consacré à d’autres de ses passions. Les filles avaient déjà eu l’idée et le nom de Wegferend, quelques compos également. Mais je pense que l’on peut dire que l’identité du groupe est réellement apparue lorsqu’on s’est trouvés tous les trois et qu’on a mêlé nos trois identités.
Wegferend signifie « voyageur » ou « vagabond » en vieil anglais. Ce mot a donné « wayfarer » en anglais moderne. Il s’agit d’une idée d’Alexia, notre chanteuse. En effet, elle est passionnée de langue anglaise (c’est même son métier) et elle voulait un nom à la sonorité élégante mais à la signification hermétique. Voilà comment on s’est retrouvé avec ce nom qui nous a tous plut. (D’ailleurs on le prononce « Vègferend » et non pas « Ouegferend »).
En Autremonde – Chapitre Second est le nouvel album du groupe. Comment s’est passée la composition ? Qui écrit la musique, qui se penche sur les paroles ?
Comme l’indique le titre, cet album est la suite de notre premier EP. Les morceaux ont donc été plus ou moins composés en même temps mais comme l’EP est sorti avant, nous avons prit le temps de faire évoluer et mûrir les morceaux de l’album afin de ne pas proposer deux fois la même chose. Ici il s’agit de quelque chose de plus sombre, sinueux et brut. Plus complexe et diversifié je dirais.
La composition et l’écriture sont des choses assez collectives même si chacun a un peu son rôle.
Alexia amène quasiment toutes les paroles (sauf le titre en occitan qui est de ma faute), Manon apporte des riffs des squelettes avec sa guitare, parfois c’est moi avec la mandole mais moins souvent. En suite on arrange tous les trois, chacun crée sa partie qui se combine avec celles des autres et on modifie jusqu’à ce qu’on soit contents tous les trois.
Où trouvez-vous l’inspiration quand il s’agit d’écrire de la musique ?
On la trouve dans diverses choses : la contemplation de la nature, la désolation face à notre société plutôt décadente. Dans nos états d’âmes aussi, dans de vieux mythes, de vieilles légendes, des bouquins… Puis dans nos expériences de vie qui ont également leur lot de trucs pas forcément fun.
Comment est-ce que vous avez bossé sur l’artwork de cet album ? L’illustration est magnifique !
Merci pour Marine, content que l’illustration te plaise ! L’artwork est signé Marine Joumard qui est d’un talent incroyable en plus d’être une de mes meilleures amies et ce depuis le lycée. L’artwork du Chapitre Second répond à celui du Chapitre Premier. Dans le premier on voit les mains de la Voyageuse ouvrir un portail mystique vers l’Autremonde (représenté par l’Arbre). Dans le second, il s’agit de son âme qui passe le portail, juste quelque instants après l’avoir ouvert à l’aide du bâton du Druide (qui est un artefact de l’Autremonde – ce même bâton que je tiens sur les photos dans le livret de l’album). Le point de vue est placé à l’opposé de celui du premier Chapitre. Ainsi nous pouvons constater qu’en se désincarnant pour rejoindre l’Autremonde, la Voyageuse délaisse un monde en ruine et désolé pour rejoindre un monde luxuriant et paisible. Il s’agit évidemment notre monde, de ce que l’Homme est entrain de faire à notre Terre mais il s’agit également d’une métaphore : Nous abandonnons, tous à notre manière, nos vieilles ruines pour nous incarner dans un « nous » neuf, grandi, moins matériel et plus spirituel, qui avance au fil des épreuves et des aventures de la vie.
Quel est ta piste préférée de l’album et pourquoi ?
On en a tous une différente : Pour Manon, il s’agit de Gedim, c’est vraiment son bébé ce morceau, un jour elle est arrivée en répé et elle avait tout, de A à Z, on restés bêtes avec Alexia. D’ailleurs, Alexia avait un texte sur un très beau mythe araméen à propos du cycle solaire et la façon dont cet ancien peuple le liait au cycle mort/vie. On s’est donc juste posé dessus, comme si c’était évident.
Pour Alexia il s’agit de The Wayfarer (qui est une de mes préférées aussi pour son arrangement sur lequel je me suis un peu lâché). Ce morceau est son texte le plus abouti et le plus personnel à ce jour. Quelque chose qui lui est venu spontanément, qui parle d’embrasser l’univers pour ne plus être prisonnière de la matière du corps et des turpitudes humaines. C’est ce morceau qui a donné naissance au personnage de la Voyageuse.
Pour ma part, il s’agit du titre en occitan « Jos l’Uèlh de la Breissa » exactement pour les mêmes raisons, on aime bien l’instinct et la spontanéité dans Wegferend. Ce texte m’est venu sous forme de rêve. Au réveil j’ai eu besoin de transcrire ce que j’avais vécu dans ce rêve, j’ai eu besoin de le faire en occitan.
Cette langue est pour moi une façon de renouer avec mes racine et, comme dit Einar Selvik « Il n’y a pas d’arbre qui va haut sans racines solides ». Ce morceau est à plusieurs niveaux de lectures. On peut y trouver une dimension écologique mais avant tout mystique, presque alchimique, c’est une transmutation. Profondément il s’agit de la métaphore de ma rémission.
Avez-vous prévu de sortir des clips pour soutenir la sortie de l’album ? Celui de Holy Ghost est déjà sorti mais vous avez peut-être d’autres choses sous le coude ?
Il n’y aura qu’Holy Ghost pour cet album. La production d’un clip coûte très cher surtout avec nos idées farfelues ! Ici, nous avons eu la chance d’avoir un nombre d’ami(e)s bénévoles très conséquent et nous les en remercions grandement, mais on ne peut pas faire comme ça à chaque fois.
Donc rendez vous à l’album suivant si vous souhaitez voir un troisième clip de Wegferend !
Quels sont les prochains projets pour Wegferend ?
Défendre ce Chapitre Second sur le plus de scènes possible ! Composer le troisième (qui ne s’appellera pas « En Autremonde – Chapitre Troisième », cette histoire là est terminée) et continuer le plus possible de partager notre passion et notre musique avec les gens, c’est ce qui nous rend heureux et vivants !
On peut vous voir où et quand sur scène ?
Nous venons tout juste de jouer pour le festival Echos & Merveilles près de chez nous à Toulouse, c’était un moment assez incroyable ! Ensuite, voilà ce qui vient :
18/05 : Nantes (44) : Le Ferrailleur « La Nuit des Sorcières ».
03/06 : Saint Julia (31) : Le Château H « Plaisirs Coupables »
16/09 : Barcelone (ES) : Castillo de las Tinieblas « Medieval Fest Barcelona »
N’hésitez pas à faire un tour sur nos réseaux, d’autres seront bientôt annoncées !
J’ai eu la chance d’assister à une partie de votre set au Cernunnos 2023. Comment avez-vous vécu ce festival ?
C’était juste incroyable ! Déjà c’est fou qu’un groupe comme nous, avec un seul ep à ce moment là, finisse sur l’affiche d’un fest aussi légendaire ! On remercie très chaleureusement Marie de nous avoir ainsi fait confiance ! Le concours a aidé évidemment et même si les copains de Bansidh ont gagnés, on a quand même eu la chance de pouvoir y jouer !
Ca s’est super bien passé, l’accueil est dingue, les orgas et le staff sont adorables et la salle était comble même pour le premier groupe du jour ! C’est dingue de voir un public aussi assidu en fest ! On s’est régalé sur scène et le public nous a offert de superbes retours !
En bref, gratitude, encore un peu de gratitude et de la gratitude aussi.
Plein d’excellents albums sont sortis début 2023. Une préférence, un coup de cœur que tu voudrais conseiller ?
Je suis un peu du genre à tout écouter alors accrochez vous pour la liste :
Sans ordre particulier, les nouveaux Enslaved (Black Prog), Hypno5e (Metal Cinématographique), Katatonia (Prog / Goth Metal), Stoned Jesus (Stoner Rock), Dodheimsgard (Black d’Avant-garde), Haken (Prog Moderne), Cruachan (Black Folk), Diary of Dreams (Sythpop, Darkwave, Indus), Klone (Prog Rock), Dhafer Youssef (Jazz / World), Imperium Dekadenz (Black), Riverside (Prog Rock), Neo Inferno 262 (Black / Electro), Ne Obliviscaris (Prog / Blackned Death), Isole (Epic Doom)… Allez, quinze ça suffit !
Merci pour tes réponses et à très bientôt