J’ai découvert par hasard le projet de Disheol, Trëma, lorsqu’il nous a contacté pour nous proposer en écoute son premier album de black atmo : A L’Aurore du Crépuscule. Et dès les première secondes j’ai été séduit par la profondeur tant de la musique que de l’ambiance se dégageant de ce son. Sachant qu’il s’agit en plus d’un projet solo je ne pouvais pas ignorer cela et me suis lancé dans une petite interview que voici. L’occasion d’en apprendre plus sur ce talentueux monsieur, mais également sur son album, ses projets…
Bonjour, et merci de prendre un peu de temps pour répondre à mes questions ? Peux-tu tout d’abord te présenter et nous expliquer comment tu en es venu à la musique metal ?
Salut, c’est moi qui vous remercie de vous intéresser au projet !
Je crois que le metal m’est venu comme une grande partie des fans de notre style à l’heure actuelle.
J’étais encore au collège (oui ça met une claque), l’un de mes meilleurs potes m’a fait découvrir le style avec Rammstein (encore une fois un classique). Mais le jour qui m’a le plus marqué, c’est quand j’ai découvert le Black Metal, avec un magazine. En l’occurrence, il s’agissait de “King” de Satyricon. Il y avait une aura en plus, quelque chose d’interdit. Et puis pour finir, il y a eu ce Sampler sur Metallian, “Ecaille de Lune part.2” d’Alcest. Il s’est vraiment passé quelque chose en moi ce jour-là, que je ne saurai vraiment expliquer. Mais j’espère ne pas faire un copier coller non plus.
Tu es le fondateur et unique membre du projet musical Trëma. Tout d’abord pourquoi ce nom ?
Trëma ne m’est pas venu tout de suite, il y avait un autre nom avant. Mais il n’est pas resté longtemps car trop kitch d’une part et je trouvais qu’il manquait quelque chose.
Trëma m’a paru parfait le jour où il est arrivé, simple, court, efficace. Qui plus est, cela représente deux points, à la fois similaires et en même temps complètement indissociables. Comme le cœur et le cerveau, comme les rêves et la raison. Exactement ce dont Trëma traite.
Pourquoi rester seul dans le projet ? Sortir de ta crypte pour socialiser avec d’autres est devenu difficile ?
Je suis resté seul pour le moment parce que j’avais besoin de travailler sur moi-même, de me recentrer sur mes sentiments, émotions et sensations. D’accepter tout cela et de me laisser envahir afin de les mettre sur le papier, d’accéder au côté le plus primitif, le côté le plus animal, sans concession.
Maintenant, j’aimerai beaucoup faire de la scène avec Trëma, c’est même l’un des buts principaux. J’ai ce besoin de retourner sur les planches, c’est un exutoire indispensable. Un combat sur le ring, un duel entre moi et moi-même. Tout en partageant avec le public qui je l’espère se retrouvera dans cet album.
Le problème c’est que je suis ultra timide, donc j’ai souvent du mal à faire le premier pas vers les autres. Je n’ai pas non plus un réseau de malades et de fait, trouver des musiciens a toujours été compliqué pour moi.
Comment as-tu travaillé sur A l’Aurore du Crépuscule, ton premier album ? Quelles ont été les premières idées qui te sont venues ?
La recette miracle c’est de la frustration et de la solitude. Des rêves et la réalité. Depuis quelques années, un sentiment de solitude s’est emparé de moi au fur et à mesure. Ma surdité passée, le cov** mes c******* et manque de moyens certains n’ont pas aidé. Encore qu’avec le recul je suis quand même content d’avoir vécu cette période difficile qui n’est pas terminée. Il est impossible de se relever quand on est déjà debout.
Quels sont les instruments par lesquels tu commences ?
Je commence toujours par la guitare. Cela reste mon instrument de prédilection. Je travaille toujours les deux guitares en même temps et je ne peux avancer sans avoir le spectre complet à l’écoute. C’est aussi pour cela que j’avance la batterie au même rythme. Je termine ensuite par la basse et le chant.
D’où te sont venues les paroles ?
Les paroles viennent du plus profond, d’une introspection très longue. Du regard que j’ai sur le monde et d’une misanthropie grandissante. Nous courons tous en permanence, sans prendre le temps de regarder autour de nous. L’humain passe son temps à tout détruire, tout ruiner, fuir la nature et sa propre nature. Il transforme toutes les couleurs en gris béton. L’humanité se suicide à petit feu, passant son temps à détruire la Terre qui est la source de sa vitalité.
Pourquoi ce nom, fort poétique, pour cet album, quelle est pour toi sa signification ?
La poésie est importante pour moi. Elle peut être à la fois une caresse la plus tendre et en même temps la plus dévastatrice des armes. Elle me permet de passer des messages qui sont certes dans l’air du temps mais dont trop peu de gens ont conscience. Elle me permet de me défouler, de poser les maux. Elle est une forme de médication.
Le fait de devoir réfléchir un vers, une rime, une sonorité, une rythmique, cela te force à réfléchir au sens même de ce que tu veux dire, à la meilleure façon de l’amener et en extraire l’essence.
Et puis, je trouve que la poésie est itinérante à la langue française qui se meurt un peu plus chaque jour. Je suis en émois à chaque fois que je pense aux grands poètes de la littérature française, leur renommée, leur talent. Mais je ne leur arriverai jamais à la cheville.
Pour finir, j’aime le beau, même si cela est subjectif, je tente de m’en approcher à chaque vers. D’ailleurs, il y a un vers caché dans l’album. En dehors de cela, tout peut être magnifique, même “Une Vielle Charogne”. Il suffit de prendre le temps de réfléchir à comment l’embellir.
Pour ce qui est du titre, je pense qu’il est assez équivoque. Nous sommes à l’aurore du crépuscule. L’humanité est au début de sa fin. On sent la brume venir, la nuit commence à se montrer.
Et sur une note plus positive, l’aurore et les crépuscules sont les meilleures périodes d’une journée pour la photographie. Les heures d’or !
D’où vient cette pochette pour l’album ? Comment l’as-tu travaillée et quelle est sa signification à tes yeux ?
La pochette d’album est de moi, c’est une photographie que j’ai mûrement réfléchie. Je remercie d’ailleurs Ombellifère qui a accepté cette session peu commune. Une première pour nous deux.
La nudité symbolise notre côté primal, nous rappelle que malgré nos grands airs, nous sommes des animaux (qui au demeurant sont bien plus sensés que nous). Le cœur et le cerveau représentent la fameuse dualité dont traite l’album. Nous sommes presque tous tiraillés entre nos rêves et ce qui nous est réellement possible de faire.
Le sang amène un côté poisseux, sale. Et en même temps, il symbolise l’ancrage.
Pour ce qui est des animaux qui ont servi à cette photo, même si cela peut paraître étrange, je tiens à leur demander pardon. J’espère sincèrement qu’ils comprennent mon geste. Je leur rends en quelque sorte honneur en les faisant participer à un message important.
Etant seul sur le projet, tu n’as pas forcément énormément de moyens. Prévois-tu tout de même de faire un clip autour de l’un des morceaux ?
J’ai en effet quelques idées en tête pour “Les Accalmies” mais comme tu l’as dit, je n’ai pas de moyens. J’accorde cependant autant d’importance aux textes, à la musique ainsi qu’à l’imagerie du projet. Par ailleurs, l’album n’est terminé qu’à 90%. Il manque le format physique qui je l’espère arrivera bientôt.
Voici encore un exemple de dualité entre le rêve et la réalité !
On entend quand même un sens de la poésie, des lettres. As-tu des auteurs qui t’inspirent en fantastique ?
Cela va paraître prétentieux mais ça ne l’est pas. Je ne lis pas beaucoup, voire même pas du tout… Je le regrette mais je m’instruis autrement. L’avantage c’est que les textes du coup en sont plus sincères et ne s’accordent qu’à ma propre pensée la plus profonde. Chacun des textes est à la fois un pansement et en même temps une douleur extrême. Les écrire ne me laisse jamais indemne.
Maintenant, il y a quand même des auteurs qui se démarquent. Victor HUGO, Baudelaire (classique) et RIMBAUD. Mais ceux qui m’ont le plus marqué sont Annatare et Icare de Gris et Sombres Forêts qui sont des génies !
Le premier album est sorti, quels sont maintenant tes projets ? Tu travailles déjà sur la suite ?
Je ne travaille pas encore sur la suite car je n’ai pas encore digéré cet album. Et puis, comme dit, il n’est pas encore terminé à mon sens. J’ai vraiment besoin de le voir en physique et de le (me) confronter au public.
J’ai déjà tous les visuels pour les formats physiques. J’attends simplement d’avoir les moyens. Cela viendra certainement un jour mais je ne sais pas encore quand.
As-tu dans l’idée de porter ta musique sur scène un jour, ou bien Trëma va-t-il reste un projet purement solo et studio ?
Très sincèrement, j’ai hâte de me mettre au travail pour le produire sur scène. J’attends que l’on vienne vers moi, c’est dans ma nature, je ne suis pas du genre à aller chercher. Si des musiciens trouvent que le projet vaut le coup, qu’ils n’hésitent pas à me contacter. Plutôt de la région nantaise. La dimension de l’album sur scène devrait être encore plus grande, je suis impatient à cette idée !
Merci beaucoup pour tes réponses et à bientôt au détour des ténèbres musicales que tu produits !