Il est des albums qui nous marquent, même si parfois le nom du groupe semble imprononçable. C’est le cas de WNTRHLTR avec leur premier album, Deu.Ils. Je vais vous aider : ça se prononce Winterhalter, et ce groupe français vous invite dans son univers post-black intense et organique. Six titres pour nous convaincre que leur musique vaut le détour, et je vais vous spoiler un peu : elle vaut le détour !
Initié comme un projet solo, WNTRHLTR s’est accroché des musiciens qui sont venus compléter le tout. Dès le Prologue on sent tout le génie musical qui se cache derrière ce son. Deux minutes et demies de plongée dans une ambiance étrange, inquiétante, et pourtant terriblement séduisante, avec notamment ces deux voix (dont celle de Laure Le Prunenec, anciennement chanteuse de Igorrr). Puis c’est Sonar qui vient nous proposer son intensité d’un seul coup. Les rythmes sont lents, saccadés et on sent la noirceur nous envahir délicieusement. Une chose est indéniable : nous sommes face à du très bon son. Et ce n’est pas Caught qui va me faire penser le contraire. Plus rapide, notamment avec une batterie au taquet, l’ensemble de la piste nous invite au headbang contemplatif, à écouter et savourer chaque seconde de ce désespoir qui nous est lancé à la face. Alternance des rythmes, voix torturée, intensité musicale, tout est là pour nous parler, pour nous exprimer les abysses du désespoir par des notes de musique.
Light vient ensuite, ce morceau a servi de single à l’album et il se fait un poil plus léger que ce que l’on a écouté auparavant. Alors attention, on ne tombe pas non plus dans la petite chanson guillerette ! On reste immergé dans quelque chose de purement organique, qui prend aux tripes et ne nous lâche pas une seconde. L’intro de guitare saturée de Adored est également un excellent point de départ. Puis la batterie vient nous balancer son rythme, nous prendre aux tripes et une fois de plus cela fonctionne parfaitement. L’auditeur se prend au jeu, et personnellement ce type de morceau est une inspiration constante, un voyage sur le fil de la musique qui m’emporte. De nouveau une belle réussite tant dans la composition que dans la réalisation. Deuil vient conclure impeccablement cet album, avec de nouveau un désespoir présent, renforcé de samples et de voix. Le voyage n’est pas terminé, on le sent bien.
Cet album est un processus de deuil musical comme l’explique le leader du projet, Thomas. Et ce Deu.Ils est un petit bijou de la première à la dernière seconde. On ressent le côté cathartique du post-black mais cela n’en fait pas pour autant un album où le musicien s’est écouté composer. Il partage ses émotions et s’en sert pour nous exprimer son âme. Et cela fonctionne. Personnellement j’ai été totalement séduit par car album que je recommande à tous les fans de post-black : n’hésitez pas une seconde vous allez adorer !