Cela ne m’arrive plus si souvent d’être surpris par un roman, d’être vraiment pris au débotté notamment en ayant un a priori négatif. Eh bien Karine Rennberg a réussi cet exploit avec son roman, Meute, sorti chez ActuSF.
Roman atypique lycanthrope, Meute suit les traces de Nathanaël, Val et Calame. Le premier est un loup-garou né de la violence et la solitude qui se débat au sein d’une meute qui ne lui convient pas. Le second est un humain à qui l’on a volé la voix. Quand le troisième entre dans leur vie bien malgré eux, des tensions s’installent et menacent de tout déchirer. Comment trouver son équilibre, dans un monde où les secondes chances n’existent pas ?
Ce récit fantastique est avant tout celui d’une tranche de vie, de ce moment où tout bascule entre le noir et la couleur.
Dès les premières lignes Meute m’a fait très peur. J’ai tendance à ne pas supporter les romans écris à la seconde personne du singulier. Ce « Tu » me gêne très souvent et me sort du récit et de nombreux livres sont passés entre mes mains, commencés mais jamais terminés, et donc jamais chroniqués. Lorsque je me suis rendu compte que le roman de Karine Rennberg était du même acabit j’ai donc commencé à le lire à contrecoeur, craignant réellement de m’ennuyer et que le style me sorte de l’histoire.
Eh bien absolument pas ! Et je peux désormais le dire : ce roman est clairement entré dans mon Top 5 de l’année 2022, pour ne pas dire Top 3. Au-delà de la narration en « tu » qui peut avoir tendance à perturber, l’autrice nous propose une histoire passionnante, mêlant post-apo, figures du fantastique, un brin de polar et une petite ambiance Fight Club par moment. Et le scénario proposé, auquel je ne m’attendais clairement pas, combiné à trois personnages forts et attachants, font que l’on se prend au jeu de Meute. Beau bébé de 320 pages tout de même ce roman laisse le temps de s’y plonger, de se délecter de son récit avec plaisir. Karine Rennberg prend le temps de développer son univers, cette lutte entre Docks et Flaque, tout en permettant à ses personnages de s’épanouir. Entre action, beauté du texte et énigmes, ce roman maintient le lecteur en haleine de la première à la dernière page.
Petit bonus : l’action se tient sur, globalement, un mois lunaire et l’on observe au fil des chapitres la position de la lune évoluer, descendre puis monter, nous signifiant le passage du temps vers cette pleine lune fatidique. C’est une excellente idée de la part de l’éditeur en tous cas qui permet de plonger plus avant dans le récit.
Passons aux trois personnages centraux de ce roman. Nath et son côté chien fou qui se retrouve domestiqué par sa propre nature est exceptionnel, tout comme Val dans son rôle d’assassin silencieux au cœur tendre. Mais c’est Calame qui m’a tout simplement époustouflé. Ce gamin dégage à chaque ligne une poésie impressionnante, mis en valeur par la plume de son autrice. Ce système de triptyque de couleur utilisé pour définir les émotions est une idée excellente qui reflète un sens de l’image très intéressant. Les nuances de couleur confrontées à la noirceur des autres personnages et du récit vient ajouter un sens profond à l’ensemble.
Karine Rennberg a su totalement changer l’avis initial que j’avais sur son roman. Partant de très loin elle a su me séduire autant par un style fluide, très prenant, une histoire immersive et passionnante et un trio attachant. Meute entre donc dans mon Top 5 de l’année et il en faudra beaucoup pour le faire redescendre de cette position dans les mois à venir ! Je n’ai qu’une chose à dire : lisez Meute, n’hésitez pas une seconde…