J’ai apprécié la lecture de ce roman original, malgré certains passages techniques difficilement compréhensibles.
À la frontière entre l’Arizona et le Mexique, le corps sans vie d’une jeune femme est découvert. Emmené à la morgue la plus proche, il disparaît rapidement dans des circonstances mystérieuses. Pour Lauren Scott, jeune enquêtrice envoyée par le gouvernement afin d’aider la police locale, ce cas n’a rien d’une affaire de routine : elle remet en question sa vision de la médecine.
Car bientôt, d’autres corps s’alignent sur les tables de la morgue de Nogales avant de s’évanouir dans la nature. Tous semblent avoir été vidés de leur sang et portent une marque de morsure dans le cou. Et si cette maladie apparaît d’abord aux États-Unis, c’est bientôt le monde entier qui se trouve submergé par une pandémie.
Les gouvernements, les chercheurs, les législateurs, les religieux, tous tentent de faire face. Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
Ce roman propose un postulat de départ qui n’est pas vraiment original : l’idée d’un virus vampirique s’immisçant dans la population n’est pas nouvelle. La narration quant à elle, alternance entre points de vues et médias, n’est pas sans rappeler le Dracula de Bram Stoker, l’un des ouvrages fondateurs du mythe.
Mais au-delà de ces aspects, c’est surtout le traitement de l’histoire qui se révèle intéressant. Car contrairement à ce que laisse présager la quatrième de couverture, nous sommes bien loin d’une enquête policière classique. Et si l’ensemble de manque pas de suspense, c’est davantage par la réflexion sociétale qui en découle que grâce aux rouages d’un bon polar.
Le récit que nous propose l’auteur n’est pas linéaire. On y retrouve des extraits, des fragments, des points de vue qui se croisent et se décroisent et dont il revient au lecteur de reconstituer le puzzle. Si l’action et le suspense sont bien présents, j’avais davantage l’impression de me plonger dans un documentaire que dans un roman. Villareal aborde en effet son sujet sous un angle très journalistique, avec une grande minutie. Histoire officielle de l’émergence des vampires correspond, en ce sens, exactement à ce que nous décrit le titre : un regroupement d’éléments factuels. Il pose sur le sujet un regard politique, constitutionnel et sociétal.
De ce traitement découlent deux conséquences. D’une part, cela rend l’ensemble extrêmement crédible. Cette thématique résonne d’autant plus dans le contexte pandémique actuel. D’autre part, la description ne souffre d’aucun parti pris. Il n’y a, dans ce roman, pas de manichéisme. Juste une population humaine qui se déchire autour de cette problématique dérangeante, et dont les interrogations viennent ébranler le lecteur. Car en définitive, qu’aurions-nous choisi ? La morale rassurante et humaine de notre condition mortelle ? Ou l’ivresse d’une vie éternelle ?
On retrouve donc entre ces pages un traitement fantastique au premier sens du terme, qui nous interroge avec pertinence sur la réalité et le champ des possibles.
Le principal problème de l’ouvrage réside à mon sens dans les longues descriptions incompréhensibles qui le jalonnent. Autant j’ai apprécié l’aspect journalistique conféré à l’ensemble, autant parfois… Trop c’est trop. Explications pseudo biologiques, jargon juridique… On se perd dans les détails. J’en suis même venue à sauter certains passages, ce que je ne fais normalement jamais !
Histoire officielle de l’émergence des vampires est donc un bon roman fantastique qui, malgré quelques descriptions un peu laborieuses, propose une relecture originale du mythe !