Bélhazar – Jérôme Chantreau

Troisième roman de Jérôme Chantreau, Bélhazar fait la part belle à l’imaginaire et au doute !

Février 2013 : Bélhazar, garçon sans histoire, décède lors d’un contrôle de police. Accident ? Bavure ? Ou suicide, comme l’avance le rapport officiel ? Passée sous silence, l’affaire tombe dans l’oubli. Jusqu’à ce que Jérôme Chantreau, qui fut le professeur de français du jeune homme, décide de mener l’enquête.

En Bretagne, sur les lieux du drame, l’auteur se heurte à une étrange coïncidence : les témoins s’évaporent un par un, emportant avec eux l’espoir de faire la lumière sur les faits. À ce mystère s’ajoute celui de la personnalité singulière de Bélhazar : doté d’une intelligence et d’une sensibilité hors normes, l’adolescent fascinait. Au point de croire qu’il aurait laissé derrière lui un jeu de piste digne d’Alice au pays des merveilles ?

L’énigme vertigineuse hante Jérôme Chantreau pendant des mois. L’histoire de Bélhazar lui fait renoncer à toutes ces certitudes – toutes sauf celle de devoir écrire. Pour la vérité, et contre l’oubli.

Bélhazar est un prénom tout aussi étrange que l’histoire de ce jeune homme que nous narre Jérôme Chantreau.

 

Jeune homme singulier :

Adapté d’un fait divers, les premières pages nous laissent un sentiment d’étrangeté qui perdure tout au long du roman. En premier lieu, étrangeté du charactère de Bélhazar. Cet adolescent, ancien élève de Jérôme Chantreau, est un original tant par son style vestimentaire que ses actes ou son imaginaire. Il affectionne les chemises et pantalons de treillis, possède des peluches qu’il a nommées et prend partout avec lui. C’est aussi un artiste qui crée des sculptures et des peintures, reflets de son imaginaire. Et, plus singulier encore, il a une fascination maladive pour la Première Guerre mondiale et les armes à feu. Il collectionne les objets de militariat et possède un Luger, pistolet de l’armée allemande de la guerre de 14.

 

Nuit fatale :

L’auteur a écrit le cœur de son roman autour des événements fatidiques qui ont conduit au décès de Bélhazar. Le thème revient plusieurs fois, comme un fantôme qui reviendrait hanter le lecteur. Le récit des faits, qui dans un premier temps nous paraît clair, se brouille, devient flou et nous laisse face à une incertitude. Qu’est-il vraiment arrivé à Bélhazar ? Pourquoi se promenait-il avec un pistolet dans la rue ? Cette question n’a cessé de m’obséder tout au long de la lecture. En France, la détention d’armes à feu est très réglementée, elles doivent être enregistrées en préfecture. Par ailleurs, il n’y a pas de “port d’arme” comme dans certains états des États-Unis. Alors pourquoi Bélhazar se baladait-il avec un Luger non enregistré ? Beaucoup de questions viennent obséder le lecteur, mais aucune réponse ne lui est apportée. Pas même par Jérôme Chantreau qui paraît tout autant perdu que nous.

 

Malédiction ?

Dans sa volonté de chercher la vérité sur la mort de Bélhazar, l’auteur retrace également les étranges coïncidences qui ont accablé les avocats de la famille de Bélhazar ainsi que les témoins. Le premier d’entre eux, Olivier Metzner, est une figure célèbre du barreau. Il se suicide quelques semaines après le décès du garçon. Le second, Valentin Ribet, est un jeune avocat prometteur. Le 13 novembre 2015, il assiste au concert des Eagles of Death Metal au Bataclan. Un des gendarmes qui a participé au contrôle de Bélhazar met aussi fin à ses jours. Enfin le témoignage de Rémy, avec qui le jeune homme avait passé la soirée, ne donne rien. Depuis les événements, il est en hôpital psychiatrique et bourré de médicaments qui lui ont brouillé la mémoire. La vérité semble toujours aussi inaccessible et une malédiction s’abattre sur ceux qui souhaitent faire la lumière sur cette affaire.

Jérôme Chantreau signe avec Bélhazar un roman déconcertant qui brouille les pistes entre fictions et réalité. Le lecteur chemine à ses côtés durant les longs mois d’écriture jusqu’au dénouement. Dénouement dans la lignée de la Vénus d’Ille de Prosper Mérimée, la frontière entre l’imaginaire et le monde réel chancelle, se brouille. Ce n’est pas seulement de la lecture, c’est une expérience.

Titre : Bélhazar
Série :
N° du tome :
Auteur(s) : Jérôme Chantreau
Illustrateur(s) :
Traducteur(s) :
Format : Poche
Editeur : J'ai Lu
Collection :
Année de parution : 2022
Nombre de pages :
Type d'ouvrage : Roman

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