Les + :
– Une intrigue plus ample
– Les relations entre personnages évoluent
– Des scènes très réussies
Les- :
– La géopolitique de l’univers est confuse
– Des longueurs
– Une réalisation et une musique quelconques
Après la bataille de Sodden, Geralt conduit Ciri dans le repère secret des Sorceleurs pour la protéger et la former à l’usage de ses pouvoirs. Pendant ce temps, Yennefer tente de survivre aux destructions qu’elle a causées.
La première saison de The Witcher avait laissé un goût d’inachevé : si l’histoire se suivait bien, le désordre temporel autour des diverses intrigues posait des questions, de rythme notamment. Pour cette nouvelle livraison, la série veut prendre de l’ampleur, pour le meilleur comme pour le pire.
L’histoire reprend là elle nous avait laissé. Dans le chaos suivant la bataille de Sodden, Geralt et Ciri prennent la route de Kaer Morhen, l’antique base des Sorceleurs, afin d’aider la jeune fille à comprendre ses pouvoirs et à la protéger des sbires de la Flamme Blanche qui courent toujours.
Cette partie est très intéressante pour les développements sur les Sorceleurs, mais aussi sur Ciri et sa famille. L’ensemble permet de creuser la relation entre les deux personnages principaux et leur background individuel. Si l’on n’évite pas certains passages obligés, c’est globalement l’intrigue la plus prenante.
Car à côté, les scénaristes lancent des bouées dans tous les sens : Yennefer doit trouver sa place en l’absence de ses pouvoirs ; les mages sortent renforcés de leur victoire ; les royaumes lorgnent sur Cintra défaite ; les Elfes tentent de survivre et se liguent à la Flamme Blanche ; une antique menace tente de profiter de la peur. Toutes ces intrigues se croisent encore et encore sans forcément dynamiser le récit. Au contraire. Les longueurs sont légions et l’incompréhension règne au sujet de plans ou d’ambitions qui n’ont pas d’intérêt pour le spectateur.
Car l’on pointe là le reproche principal que l’on peut faire à cette saison : sa géopolitique embrouillée. Les factions se multiplient. Si certaines ont du potentiel (les Elfes), d’autres ne sont l’objet que de quelques saynètes. Difficile de s’y retrouver surtout que la carte du monde reste assez obscure. Après la saison 1 très simple sur ce point, cette soudaine complexité rend la narration nébuleuse.
Côté personnages, l’accent est mis sur le duo Geralt/Ciri. Les deux acteurs s’en sortent très bien et Henry Cavill a des scènes d’action jouissives (contre le leshy, épisode 3, ou dans la bataille du temple de Mlietele, épisode 6 qui est assez brutale). L’enchaînement des trois derniers épisodes s’appuie sur la constitution d’un trio avec Yennefer qui promet pour la suite, d’autant que de nombreuses pistes sont ouvertes. Avec l’épisode d’ouverture, ce sont clairement les meilleurs moments de cette saison.
Le personnage joué par Anya Chalotra est plus en retrait pendant la première partie de la saison et sert surtout de point d’entrée aux intrigues secondaires. Les autres font le job. On notera les guests stars Kristopher Hivju (Game of Thrones) et Adjoa Andoh (Doctor Who) dont les apparitions rehaussent le niveau par leur énergie et leur ton moins guindé, ainsi que la présence de Jaskier (Joey Batey) qui apporte une dynamique différente et bienvenue. Leur duo avec Geralt est très agréable à suivre et le rapport moins convenu qu’avec d’autres personnages, ce qui explique la fraîcheur de leurs retrouvailles.
Techniquement, la série se défend. On sent, à travers les décors notamment, une hausse du budget. Nous voyageons de palais en forteresses et ce changement de paradigme participe à l’ambition géopolitique de la narration. Les monstres et pouvoirs sont réussis. Dommage que la réalisation soit quelconque (pas de points de vue, peu de séquences d’action dynamiques hors de celles où Cavill se distingue) et que les compositrices Sonya Belousova et Giona Ostinelli aient été remplacées par un Joseph Trapanese qui pond de la musique au kilomètre. A part le thème principal et les chansons de Jaskier, l’ambiance y perd clairement.
CONCLUSION
J’ai des sentiments ambivalents envers cette saison : je vois l’ambition derrière le série et certaines choses fonctionnent bien. Mais il y a pas mal de petits défauts et je ne suis pas convaincu que l’équipe derrière le projet soit à la hauteur, tant c’est l’écriture qui pêche. D’un point de vue narratif, la série échoue à nouveau à passionner sur la longueur. Maintenant que tout est en place, il n’y aura plus d’excuses. La saison trois, qui devra concrétiser cette ampleur nouvelle, sera décisive pour Netflix.
Netflix a entendu les spectateurs à propos de la chronologie confuse de la première saison… et a donc décidé de supprimer toute nuance de chronologie dans cette deuxième qui mélange dans une semaine d’aventure des évènements qui s’étalent sur plus d’une décennie dans les livres. Pas étonnant donc que la géopolitique du monde soit confuse puisqu’il n’y a pas le temps de poser les conséquences de la guerre qu’on a sous les yeux. Il en va de même pour les motivations des personnages qui sont grossièrement interchangés au niveau de leur implication dans l’histoire globale (coucou Yennefer qui a pris la place de Triss en tant que 14e du Mont)
Le résultat est brouillon, aussi bien pour les afficionados de la première heure qui ne reconnaissent pas le monde et l’histoire que pour les nouveaux arrivants qui ne comprennent pas les tenants et aboutissants de ce qu’ils ont devant eux.
Netflix n’a pas fait le choix assumé de se détacher clairement des livres mais tente de calquer une autre histoire sur le canevas existant… Trancher aurait pu résoudre beaucoup de problèmes.
Et l’aspect visuel cheap 80s de la première saison est moins pardonnable quand on rentre dans un moment où l’histoire se veut plus sérieuse.