Une immersion dans un environnement original qui tourne au vinaigre…
Arrivé sur l’île tropicale de Cahor dans l’espoir de faire fortune, Erik survit tant bien que mal de petites combines. Lorsqu’un historien lui demande de le guider dans la jungle à la rencontre des Natii, le peuple autochtone refoulé loin des côtes depuis que les colons ont envahi l’île, il saute sur l’occasion d’un bon salaire. Mais au milieu des lianes, des souvenirs qu’il pensait enfouis au plus profond de lui-même resurgissent…
Alors que le fragile équilibre entre les peuples menace de se briser, Erik découvre que le but de l’expédition n’est pas celui qu’il croyait. Il va devoir faire un choix entre ce que lui dicte le peu d’intégrité qu’il lui reste et l’appât du gain…
Quel dommage ! Quel dommage de proposer un environnement aussi riche et original pour finalement assez mal l’exploiter. Car si Marine Sivan maîtrise son sujet, c’est la narration qu’elle maîtrise beaucoup moins et particulièrement le développement de ses personnages. Eryk, protagoniste, n’est absolument pas attachant et en plein milieu de l’histoire, lorsque la marche à travers la jungle prend un mauvais tournant, on n’accroche pas du tout à sa prise de conscience. Depuis le début, il est désagréable, assez cynique et paumé ; ça marche dans le sens où ça donne à l’intrigue un certain humour totalement en décalage avec l’ambiance colonisatrice. Cependant, il aurait fallu qu’il soit un minimum attachant pour que la seconde partie de l’intrigue fonctionne. Sa confrontation avec les Natii retourne complètement le cerveau : oui, on comprend la réaction des Indiens donc on n’a pas vraiment envie de voir Erik s’en sortir ! Ce qui pose un réel problème d’attachement.
Ensuite, pour arriver à ce revirement de situation Marine Sivan prend son temps, beaucoup trop de temps en allongeant les séquences de marche dans la jungle qui alourdissent beaucoup trop le rythme. On se demande sans cesse à quel moment la jungle sera réellement mise en avant comme environnement dangereux et mystérieux ! Par contre, il faut reconnaître que les dialogues sont parfaits (moi qui suis très difficile sur ce point…) avec un vocabulaire juste qui nous immerge totalement dans l’époque qu’on s’imagine osciller entre le XVième et XVIème siècles.
Enfin, notez que ce roman ne rentre pas dans les genres de l’imaginaire. Je pensais vraiment qu’il y aurait une ambiance plus poussée sur les croyances de ces peuples autochtones ; peut-être quelque chose de plus spirituel notamment avec l’arrivée du temple au milieu de l’intrigue.
Saluons tout de même la très belle couverture réalisée par Tiphs qui laissait justement présager une histoire mystérieuse…
Les Cendres du Serpent-Monde est un roman vraiment décevant qui pourtant s’appuie sur un environnement peu mis en avant avec un point de vue quand même fort sur la colonisation et l’exploitation des ressources. C’est d’autant plus dommage de voir que l’auteure met clairement en avant son point de vue et sous-entend un parallèle avec ce que nous vivons actuellement (par exemple l’exploitation des mines au Pérou) : il aurait fallu une intrigue plus forte et plus cohérente pour que ça marche vraiment.
Je suis carrément mitigé par la chronique. Perso j’ai aimé le roman, mais ce n’est pas ça qui me gêne : je trouve la critique faite ici franchement problématique. Le personnage principal s’appelle Erik (et pas Eryk…), il n’y a pas d’Indien (ce terme utilisé dans votre chronique est péjoratif et jugé offensant depuis un moment), je n’ai pas vu de référence aux mines du Pérou et c’est très péremptoire de dire que ce n’est pas de l’imaginaire. Que dire sinon des livres de fantasy réaliste de plus en plus nombreux (par exemple Justine Niogret qui a gagné le Grand Prix de l’imaginaire avec Chien du Heaume, un roman… sans une once de magie et ultra réaliste) ?
Bref, chacun ses goûts, mais je pense que c’est important de faire attention à ce qu’on écrit quand on est dans une position de chroniqueur/se…
Désaccord mis à part, je me permets quand même de vous conseiller d’au moins éditer votre chronique pour retirer le terme Indien qui est VRAIMENT offensant et totalement déconnecté de ce qui est montré dans le bouquin.
Bonjour Dawood,
En effet, chacun ses goûts. :-) Enfin, “Indien” n’est absolument pas un terme offensant : il faudra m’expliquer pourquoi… La référence aux Indiens d’Amazonie m’a semblé totalement pertinente. De plus, vous n’avez pas vu la références aux mines du Pérou : regardez l’un des épisodes du documentaire “Dirty Money” sur Netflix et vous comprendrez. Je ne dis pas que c’est ça; je dis juste que j’y ai pensé et il m’a semblé que l’auteure faisait un parallèle avec l’exploitation de la terre et des peuples d’Amérique du Sud.
Je vais corriger le nom du personnage, mais il me semble que cela ne rend pas la chronique “problématique”. :)
Enfin, je le redis : je n’ai pas vu dans ce texte, un roman issu de la littérature de l’imaginaire.
Malheureusement si, le terme Indien est de plus en plus jugé offensant et avec une connotation péjorative. C’est un terme qui a été employé par des colons et non le nom que les peuples en question se donnaient, d’où le fait qu’on préfère désormais des désignations plus justes (celles que se donnent les peuples) ou plus neutres (autochtones dans le milieu universitaire, par exemple)…
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/indian-term
https://www.lemonde.fr/coupe-du-monde/article/2014/06/25/amers-indiens_4444703_1616627.html
Donc c’est un peu problématique ;)
Pour ce qui est de l’imaginaire : je ne peux que vous encourager à diversifier vos lectures pour en avoir une définition à la fois plus juste et plus riche :) ! Et au-delà de ça : que vous ne le voyez pas est une chose, que ça n’en soit effectivement pas en est une autre (d’où ma remarque sur le côté très péremptoire !)
Je regarderai le documentaire que vous citez !
Bonne continuation !