Une anthologie de qualité avec de grands auteurs et un voyage dans différents mondes et différents genres de fantasy.
Excalibur, Durandal, Tizona, Caladbolg, Skofnung, Balmung, Mech-kladenets, Al-Battar, Ame-no-Ohabari, Chandrahrasa… Longue est la liste des épées que les cultures du passé ont honorées au point de les nommer et de leur octroyer des pouvoirs surnaturels. L’une est capable de fendre en deux un chevalier et sa monture sous lui, l’autre trace des arcs-en-ciel dans les airs, une autre encore chante les hauts faits des héros qui l’ont portée. Attributs de pouvoir, elles scellent une alliance entre les hommes et la magie des dieux, forgeant une tradition dont Stormbringer, Andúril ou encore Aiguille sont les dignes héritières. C’est à elles qu’aujourd’hui les autrices et les auteurs de cette anthologie rendent hommage.
Après Dangerous Women 1 (très réussi) et 2 (beaucoup moins réussi!), puis Vauriens, qui m’avait beaucoup déçue, cette nouvelle anthologie de Doizois est vraiment agréable à lire avec une focalisation sur les lames en tout genre et la magie (comme le titre l’indique très clairement !).
Ce que l’on retient dans l’ensemble, c’est la qualité d’écriture des auteurs présents dans l’anthologie. En une quarantaine de pages environ pour chaque nouvelle, le vocabulaire, l’ambiance, la caractérisation des personnages et l’agencement de l’intrigue sont tous particulièrement maîtrisés alors que nous sommes sur un format très court.
Outre les belles plumes que l’on connaît déjà (Hobb, Kushner, Nix), j’ai découvert de nouveaux auteurs et retenu particulièrement quatre nouvelles.
Que le meilleur gagne de K.J. Parker où un jeune homme cherche à se venger de la mort de son père. L’écriture est superbe et l’auteur réussit un tour de force assez étonnant : rendre le récit palpitant avec principalement des descriptions… d’épées ! Les descriptions des combats sont saisissantes et le retournement de situation est bien trouvé, même si un peu attendu.
La Fille cachée de Ken Liu où une jeune fille devient une assassine presqu’invisible. La très belle ambiance de Chine antique change de ce que l’on a l’habitude de lire en fantasy. L’univers est vraiment original avec une magie du temps et de l’espace très visuelle et poétique. L’écriture est fluide et enlevée, donnant un très beau ton à l’histoire.
L’Epée de la Destinée de Matthew Hughes dans lequel l’écuyer d’un thaumaturge change sa destinée. Pour moi, c’est probablement la plus belle surprise de l’anthologie, car il s’agit de science-fantasy, un genre que je n’ai jamais lu et l’humour de l’auteur m’a permis de rentrer totalement dans cet univers où les mages se déplacent en vaisseau ! C’est vraiment drôle et en même temps totalement épique. Les dialogues sont particulièrement réussis.
« Je suis bel homme », dit Apollon Freux de Kate Elliott dans lequel un espion au service d’un Empereur change de camp. Le début est très particulier et pourtant, la suite est super ! La superposition Rome antique et magie est vraiment un plus. C’est principalement le choix des créatures qui est original : corbeaux, Emplumés, shape-shifters nous transportent dans un monde plus merveilleux que fantasy. La touche d’espionnage incongrue est bienvenue et l’ensemble est très visuel.
La seule déception de l’anthologie : Le Triomphe de la vertu de Walter John Williams qui pourtant démarre bien, dans une ambiance de cours, mais se termine sur un twist avec un complot royal qui n’a plus rien de surprenant. La présence de la lame (épée, dague, sabre et autres) est presque effacée.
Epées et magie est une anthologie très réussie qui nous plonge dans de fantastiques univers qu’on aimerait bien parcourir un peu plus. Le choix des auteurs et des histoires effectué par Dozois est tout à fait judicieux et permet notamment de découvrir le travail plus global de chaque auteur (une présentation d’une page introduit chaque nouvelle). Ainsi, outre cette lecture tout à fait agréable et prenante, d’autres vous attendent si vous fouillez un peu la biblio de chacun !