Des personnages vivants dont on a envie de suivre les aventures et une écriture de qualité.
Arkane : une ville labyrinthique, bâtie selon la légende par sept maisons toutes puissantes, et dont les luxueux niveaux supérieurs sont occupés par un pouvoir corrompu. Là, ont cours intrigues incessantes, empoisonnements, meurtres, magie noire et décadence. Après le massacre de son clan, Oziel, fille de la maison du Drac, s’enfuit des Hauts de la ville. Elle espère gagner les Fonds afin de rejoindre son frère condamné, et de lever une armée parmi les prisonniers du terrible bagne dans les profondeurs de la cité. Oziel rencontrera sur son chemin Renn, un apprenti-enchanteur de pierre, et Orik, guerrier venu d’une lointaine contrée…
Première incursion réussie dans l’oeuvre de Bordage ! Le premier tome du diptyque Arkane nous entraîne dans un univers de familles régnantes qui font semblant de cohabiter, jusqu’au jour où tout vole en éclats…
Lorsque la Maison du Drac est attaquée, Oziel, seule rescapée de sa famille, comprend qu’un complot entre maisons a permis ce massacre. En parallèle, la ville grouille d’adorateurs de cultes morbides et sanguinaires qui pourraient expliquer l’ébranlement des fondations de la ville. Mais si les déesses du fleuve sont mises en colère, que va-t-il se passer? Il reste une chance à Oziel : retrouver son frère aîné Matteo dans les bas-fonds de la ville et organiser le sauvetage d’Arkane.
Dans une intrigue parallèle, Renn, apprenti enchanteur de pierres, sert de guide à Orik, un guerrier venu d’un royaume lointain. Des envahisseurs sont prêts à se ruer sur le royaume et l’homme est venu prévenir ses habitants. Mais le jeune apprenti doit composer entre cette nouvelle information qui ferait de lui un guerrier et son envie de maîtriser la pierre.
Bordage réussit à mêler habilement les intrigues de ces deux jeunes gens confrontés à un bouleversement majeur qui va modifier leurs comportements et leurs croyances. Si Oziel est plus attachante que Renn, l’arrivée de Noy (héritier de la maison du Corridan) équilibre les forces entre personnages féminins et masculins. Avec Oziel, c’est la réalité sociale d’Arkane que nous découvrons. Avec Noy, ce sont les intrigues, les complots qui pourrissent la ville. Enfin, avec Renn et Orik, magie et nature nous sont présentées à travers une lutte pour la survie du peuple. Ce découpage permet notamment d’avoir des personnages plus complexes à travers qui nous découvrons le monde créé, sans avoir besoin de grandes descriptions. Un autre point étonnant : à la lecture du roman, on a parfois l’impression de se trouver dans un RPG (on pense par exemple à Assassin’s Creed Odyssey) et cette façon étonnante de décrire un univers fantasy est tout à fait agréable.
Si l’intrigue semble plutôt classique (exceptés les Cultes de la Désolation et de la Résurrection qui donne un ton assez lugubre au roman), la maîtrise des personnages, mais aussi des dialogues rendent ce premier tome totalement palpitant. Bordage s’attache à nous montrer les interactions et relations entre les personnages ce qui donne corps à l’univers qu’il crée.
Petit point décevant : parfois l’auteur profite de certaines séquences pour de la violence un peu gratuite qui vient dénaturer l’enjeu de la scène.
La Désolation est un premier tome haletant avec des personnages pour qui l’on éprouve une grande empathie. J’ai retrouvé les mêmes sensations que dans La Mer Eclatée où l’univers fantasy n’est jamais un prétexte, mais propose bien aux lecteurs de s’immerger totalement dans un imaginaire à la fois merveilleux et révoltant. Les points de vue sont là, mais le divertissement n’est jamais oublié.
A suivre…