Justine Niogret est une autrice que j’adore depuis de nombreuses années et qui a été chroniquée de nombreuses fois sur eMaginarock, aussi bien par moi que par d’autres. Mes romans préférés restent tout de même Mordre le Bouclier et Chien du Heaume, deux incursions en fantasy particulièrement réussies de sa part. Que donne donc Gueule de Truie, roman publié dans la collection Hélios en poche après une première publication chez Critic ? La réponse dans la suite de cette chronique.
Il s’appelle Gueule de Truie. Le visage dissimulé sous un masque de métal, il est devenu Cavale. Aux ordres des Pères, il a pour mission de détruire les dernières traces de vie restantes afin d’exterminer l’humanité. Car l’Apocalypse a eu lieu, emportant le monde du passé et ne laissant qu’une terre pourrissante et des survivants à la morale rongée. Dans cet univers glauque au quotidien violent, Gueule de Truie rencontre un jour une petite fille. Quasi mutique, tenant une mystérieuse boîte en métal, elle semble avoir un but. Il va décider de lier son destin au sien et de l’accompagner dans sa quête vers le centre du monde, le lieu où tout a commencé et où tout s’est achevé.
Justine Niogret nous propose cette fois un roman de post-apo bien senti, où la psychologie des personnages va devenir le point central, au-delà de tout le reste. On découvre donc Gueule de Truie, une Cavale, l’un des exterminateurs de l’Humanité restantes après le Flache, qui éradique avec une rage sans nom les pauvres hères tentant de survivre, le tout sur les ordres de ces personnages mystérieux que sont les Pères. Le chemin de Gueule de Truie et de la fillette vont être surprenants, et une fois de plus cette autrice parvient à surprendre par son talent incroyable de conteuse d’histoires qui pourraient paraître sans queue ni tête, mais qui pourtant font vibrer le lecteur. J’affectionne particulièrement le post-apo, et je dois dire que ce roman a su tout à la fois me séduire, m’emporter, me ravir.
Cela s’explique particulièrement par la capacité de Justine à proposer des personnages atypiques, forts extérieurement mais possédant d’énormes failles. Une fois de plus la psychologie de Gueule de Truie va être au centre de ce roman. On retrouve un personnage empli de rage, de violence, qu’il déverse avec une joie non dissimulée sur une population affamée, diminuée, apeurée. Puis il rencontre la fillette et il commence à changer. La grande force de ce roman réside dans la manière dont Justine Niogret parvient à nous faire ressentir les émotions de son personnage, la manière dont il vit, voit et ressent les choses.
Du point de vue stylistique il y a également un gros travail de l’autrice et cela se ressent à chaque page. Ici peu de description des personnages, ils importent peu. Les lieux restent assez vaporeux eux aussi, laissant la part belle à l’imagination du lecteur. On imagine, on rêve, et on se prend au jeu de ce qui nous est conté.
J’avais déjà été profondément séduit par Chien du Heaume et Mordre le Bouclier, mais avec Gueule de Truie Justine Niogret se surpasse, nous propose un univers bien à elle, des personnages puissants dans leur émotionnel, une plume acérée comme un stylet qui vient découper devant nous le papier pour nous emporter loin de notre quotidien. Ce roman est une merveille de post-apo, à lire de toute urgence !