Les Vierges de Satan – Terence Fisher

Les + :

  • Un rôle atypique et très intéressant pour Christopher Lee
  • Un intérêt réel pour la sorcellerie
  • Un film très rythmé et divertissant
  • La beauté visuelle habituelle chez les films Hammer

Les – :

  • Des broutilles! Pas de défaut majeurs.

Alors qu’ils rendent visite à leur ami Simon, Le Duc de Richleau ( Christopher Lee) et Rex Von Ryn découvrent avec horreur qu’il est tombé dans les griffes d’une secte satanique et s’empressent de le sauver. C’est alors qu’ils vont croiser la route de Mocata, grand maître des adorateurs de Satan, bien décidé à sacrifier la nièce du Duc. Pour la sauver, ce dernier va devoir affronter le sorcier sur son propre terrain : celui des rituels magiques…

Méconnu, Les Vierges de Satan? Certainement pas à cause de son réalisateur et interprète principal! Quand sort The Devil Rides Out – titre original du film, beaucoup moins what the  fuck et plus classe que le titre français – en 1968, cela fait fait déjà dix ans que le duo surfe sur le succès de Horror of Dracula. Même si Les Vierges de Satan n’est  pas inconnu des hammerophiles, il est tout de même loin d’être le premier titre qui vient à l’esprit lorsqu’on parle de la légendaire société de production anglaise. Et pourtant on tient là un des meilleurs films de la firme. Terence Fisher y est très inspiré en terme de mise en scène et Christopher Lee n’hésitera pas à affirmer qu’il s’agit là de son film préféré pour la Hammer.

S’appuyant sur une histoire simple mais captivante ( les évènement se concentrent sur très peu de temps, ce qui confère au film une certaine dynamique) et sur une diversité dans les scènes d’action (et vas-y que je te mets de la course poursuite, et vas-y qu’il y a de la baston, avec notre Christopher Lee qui balance du gnon en gardant toute sa classe d’aristo british !) le film ne présente aucun temps mort. Il faut dire que l’adaptation à l’écran du roman d’origine est assurée par un certain Richard Matheson! Sacré gage de qualité.

Alors qu’à cette époque Christopher Lee incarne le mal absolu, le pari de lui donner un rôle de good guy est plutôt audacieux. Et c’est un pari gagné ! Lee réussit à se glisser avec une grande aisance dans la peau du Duc de Richleau, homme courageux et bon, en plus d’être un expert en sorcellerie. Comme sidekick Rex est un peu énervant car il a toujours plusieurs trains de retard sur son ami le Duc. On comprend vite comment fonctionne le duo : Richleau est le cerveau et Rex les muscles.

Le  méchant du film, Mocata, est fascinant. Pour accomplir ses noirs desseins, il procède presque toujours à distance, en utilisant ses maléfices. Autant dire que, même s’il est à l’origine du mal, Mocata ne compte pas prendre de risque, considérant que sa vie est trop précieuse pour cela. Ce serviteur n°1 du Malin se révèle finalement assez faible lorsqu’il faut en venir aux mains. C’est par le savoir et la volonté, et non pas par la force, qu’il est extrêmement dangereux. L’idée est intelligente et pertinente. Ceux qui pensent et organisent le mal sous-traitent, ils ne se mouillent jamais ou pas trop, au final…

The Devil Rides Out est un film de sorcellerie un minimum documenté – on y découvre ce qu’est le Bouc de Mendès, par exemple. Filez sur Wikipédia pour ceux que ça intéresse ! Cela prouve tout l’intérêt réel pour les sciences occultes qui est à la base du projet. En ce sens le film se rapproche du chef d’oeuvre de Jacques Tourneur, Curse of the Demon (Rendez-vous avec la peur, titre français). Dans les deux cas on y trouve des personnages cartésiens, qui nient l’existence de la sorcellerie et qui se moquent de ceux qui y croient.  Or, dans l’un comme dans l’autre, on nous fait comprendre que ces gens qui refusent de croire, qui se targuent d’être des hommes de logique et de science, sont à côté de la plaque. Les deux réalisateurs – Tourneur c’est sûr y croyait, Fisher peut-être, du moins semblait-il y porter de l’intérêt – ont choisi de parler de la sorcellerie comme d’une évidence.  Bien sûr qu’elle existe ! On ne peut pas tout appréhender et interpréter à travers le prisme de la logique, trop de choses lui échappent. Pour finir, les deux films présentent des personnages de méchants en apparence inoffensifs mais qui se révèlent terribles par leur savoir.

Dernière qualité et non des moindres, le film est beau visuellement, qualité Hammer oblige ! Les couleurs chatoyantes du Technicolor font encore une fois merveille. La dernière demi-heure est particulièrement agréable à l’oeil et riche d’une délicieuse tension.

CONCLUSION

Et les défauts alors ? Une conclusion pas assez clairement amenée qui nous laisse un peu perplexe jusqu’à ce que le Duc de Richleau nous l’explique himself. Le choix des titres ( anglais et français, enfin surtout le français) peut paraître étrange aussi. Le film aurait pu s’ intituler “Don’t look at Him !” car le danger est dans les yeux de Mocata et sur le visage d’un mystérieux cavalier. Mais, bien sûr, le spectateur ne devrait pas obéir à ce titre : il faut voir le superbe film qu’est The Devil Rides Out!

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