Songs for the Dead Live – King Diamond

King Diamond est un monument parfois méconnu du metal. Chanteur dès le début des années 80 du groupe Mercyful Fate, formation au croisement du trash, du heavy et même du prog, dont la carrière brève mais extrêmement fertile a influencé le black-metal scandinave, il s’est lancé dans une carrière solo qui a connu un grand succès avec des albums aux dimensions narratives assez cultes : Fatal Portrait, Abigail, ou Them. On avait failli perdre le chanteur en 2010 d’une attaque cardiaque, mais une opération en urgence, une longue convalescence et une santé retrouvée lui ont permis de relancer les tournées du groupe – aujourd’hui toujours en tournée malgré l’absence d’album à défendre. Mais l’excellent back-catalogue du groupe, les bons musiciens, le jeu de scène du Danois et le décorum de scène (grilles en fer forgé, flammes, ou encore gargouilles et backdrops gothiques, comme on peut les voir sur la pochette du disque ici chroniqué) assurent de passer un excellent moment.

On a donc jeté une oreille sur le nouveau méfait du groupe, qui regroupe sous le titre Songs for the Dead Live deux concerts enregistrés en 2015-2016 : le premier au Graspop, en Belgique, sur une vaste scène ; le second au Fillmore, à Philadelphie, aux Etats Unis, dans une salle couverte, et qui plus est face à une audience plus modeste donc. Le son des deux disques est évidemment différent : facile à comparer car la setlist est quasiment la même pour chaque concert (un morceau voit sa place changer entre les deux). En définitive, je préfère le son du concert au Fillmore, qui m’a paru plus dense (on entend mieux les graves). Mais pourquoi nous vendre deux fois la même setlist ? Une raison extérieure à notre disque tout d’abord: les concerts sortent également en DVD, et proposent donc, d’après la maison de disques, deux expériences différentes, non seulement par le cadre et le décor, mais également par le travail de réalisation. Le format CD est en fait un succédané du DVD, et ces considérations picturales ne nous concernent donc que peu. La deuxième raison qui peut justifier ce doublon tient dans la réaction du public, plus concerné au Fillmore ; on le sent un peu à l’écoute du CD ; le public chante et réagit beaucoup plus, même si je n’y ai pas forcément été attentif : j’ai parfois l’impression toute personnelle, dès lors que j’écoute du live sur disque, que le bruit du public est plus une gêne pour l’écoute de la musique – même si son absence totale sonnerait curieusement, et que les chœurs et l’entrain d’une bonne salle peuvent faire décoller un morceau. Bien sûr, c’est différent lorsqu’on est réellement immergé en concert.

Les morceaux sont tous excellents, et on pourra apprécier le spectacle même si l’on n’est pas un grand amateur de King Diamond. Je dois avouer que ce n’est pas mon cas : je suis fan de son metal à mi-chemin entre baroque et gothique, à la fois mélodique et brutal ; mais je peux comprendre que l’on ait du mal à encaisser son falsetto de petite fille possédée ou le caractère parfois tortueux des riffs. Le disque fait se succéder un assez bref best-of (mentions spéciales à Come to the Sabbath, pour ses riffs et sa voix ; à l’intro et aux variations de Sleepless Nights ; au mid-tempo rehaussé de claviers Eye of the Witch, et au Melissa de Mercyful Fate) et l’interprétation intégrale du meilleur disque du King (Diamond, pas Elvis…) : Abigail. Eminemment cinématographique, jouée avec son intro, ses enchaînements et son outro, la succession de pépites (A Mansion in darkness, particulièrement réussi ; Omens, menaçant à souhait ; Abigail et Black Horsemen, sommets du disque…) est jouissive et nous plonge dans l’ambiance de l’histoire. La particularité de la musique de King Diamond est qu’on ne s’ennuie pas une seule seconde : les morceaux sont courts, fourmillent d’idées mais restent fluides. Les musiciens sont bons – même si le batteur est moins puissant que ne l’était le cogneur originel du disque, un certain Mikkey Dee…

Conclusion : un live d’anthologie, qui peut presque servir d’introduction à la musique du groupe – même si pour ce faire on pourra peut-être préférer le DVD, voire un vrai concert. Et comme le destin fait bien les choses, King Diamond sera au Hellfest le 21 juin !

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