Game of Thrones saison 8 – Ramin Djawadi

 

Huit saisons, plus de deux cent heures de programme, Game of thrones a offert au compositeur Ramin Djawadi un excellent terrain de jeu depuis 2011. Fulgurances, thèmes accrocheurs, il a eu l’occasion de démontrer une bonne partie de son talent. La sortie de cette ultime saison lui donne l’occasion de regarder en arrière, de rendre un hommage à l’univers musical crée et surtout d’offrir encore quelques excellents morceaux. Tour d’horizon au moment de conclure la série.

Quand le Main title ouvre l’album, comme chaque année, il est facile de se rendre compte combien ce morceau est devenu un hit énorme. Facile à fredonner, entraînant, il marque tout de suite l’esprit. Ce n’est le seul classique à être présent. La majorité des autres thèmes classiques sont de la partie, et la reprise de Rains of Castamere par Serj Tankian (le chanteur de System of a down) dès la piste 2, ou l’enchainement des motifs de Arrival at Winterfell, contribuent pleinement à le rappeler.

Revenons un moment sur ce Rains of Castamere dont Djawadi ne cesse de jouer depuis le mariage pourpre, en saison 2, pour illustrer la fameuse sentence qu’un Lannister paie toujours ses dettes. Il lui offre un brillant adieu sous le duo du piano et des cordes déchirantes de For Cersei, moment de grâce où s’entrecroise les grands moments du personnage de Cersei (intro de Light of the Seven), avant de s’achever sur la marche inexorable des violons de ce Rains of Castamere touchant. Il est aussi joué par un violon larmoyant, sur Nothing Else Matters, en forme de conclusion. C’est, à mes yeux, le thème le plus réussi et le plus mémorable de l’intégralité de la musique de Game of thrones, par son sens dans l’univers (les paroles, son lien à un évènement particulier) et sa capacité à être marquant à chaque nouvelle interprétation.

 

Mais parlons des nouveautés musicales, car il y en a également sur cette ultime livraison. Jenny of Oldstones est la première piste véritablement marquante, version orchestrale de la chanson de Podrick (épisode A Knight of the seven kingdoms). Avec son violoncelle larmoyant, soutenu par un chœur pur dans sa deuxième partie, il brosse une mélodie de tragédie en moins de trois minutes. Sa reprise dans Believe est pleine de majesté grâce à cette mise en avant du violoncelle dans une version plus longue. Sa version pour chœurs féminins dans Stay a thousand years enfonce le clou avec classe pour ce premier thème accrocheur, qui parsèmera le reste de l’album en duo avec le thème de Daenerys – leur entremêlement est brillant au début de The Iron Throne.

 

 

The Night King est la piste phare de cet album : 8 minutes 50, une proximité évidente dans sa fabrication avec Light of the Seven (saison 6), le morceau se construit sur une boucle de musique répétitive qui part du piano seul pour s’enrichir de différentes couches d’instruments. Cette technique, très utilisée à l’image par Philip Glass, est revenue dans la lumière depuis qu’Hans Zimmer l’a mis en avant dans Interstellar. En bon soldat, Djawadi l’utilise également ici, avec un certaine maestria. A partir de 5 minutes 50, il intègre un rythme plus rapide qui donne beaucoup d’intensité au crescendo final.

La réutilisation du motif répétitif pour un chœur enfantin sur Not today, extrêmement classieuse dans son utilisation – mais définitivement trop courte – en fait définitivement la pierre angulaire de la BO de cette saison 8.

 

 

L’album continue de suivre la trame de cette saison et plonge dans un ton plus tragique dans sa deuxième partie. On peut notamment s’attaquer à l’autre gros morceau (plus de 7 minutes), The Last War, qui cite allègrement le thème de Daenerys en mode sombre et le confronte à la mélodie entêtante de Light of the Seven avec un ton grave et solennel.

Le thème de Daenerys sera omniprésent en cette fin de saison 8. Il faudra attendre les toutes dernières pistes pour retrouver, bien mis en avant, le thème des Stark (The Last of the Starks) ou bien entendu, le thème principal, soit chanté par une soliste (Master of War), soit à la conclusion de l’album dans une version chorale pour reprendre le titre original des romans : A Song of Ice and Fire.

 

 

Cette saison 8 est musicalement la plus aboutie, car elle fait œuvre de synthèse. Ramin Djawadi y livre une œuvre somme des précédentes, la parfaite synthèse du jeu des thèmes et des motifs qu’il a su convier pour l’occasion. C’est l’album idéal pour découvrir l’univers crée par le compositeur, dans la continuité des saisons 1, 2, 4 et 6.

Conclusion

Ramin Djawadi s’est montré à la hauteur de la conclusion du show le plus suivi des dernières années. Il livre une excellente BO, qui s’écoute avec un plaisir ininterrompu, porté par des thèmes majeurs, de nouveaux motifs, la sensation que chaque morceau contribue à conclure l’aventure en beauté. C’est, à n’en pas douter, l’album à ne pas louper de cette première partie de l’année 2019.

 

Game of Thrones saison 8

Composée par Ramin Djawadi

Album disponible en format CD et numérique chez Water Tower Music

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