Bonjour, et merci de prendre quelques minutes pour répondre à mes questions. Est-ce que tu pourrais tout d’abord prendre quelques minutes pour te présenter et nous expliquer pourquoi tu es devenu musicien ?
Bonjour ! Je m’appelle Marion, je suis chanteuse et guitariste rythmique dans Aephanemer.
Je suis venue à la musique assez tard bien que c’était un désir profond que j’avais depuis toujours. Comme beaucoup de gens, je me suis longtemps laissée porter par les évènements, jusqu’à décider enfin d’en faire une priorité, alors que j’avais largement dépassé la trentaine ! Aujourd’hui je suis très heureuse de pouvoir dire que la musique occupe une grande place dans ma vie, grâce à Aephanemer.
Qu’est-ce que Aephanemer ? Et pourquoi ce nom imprononçable ?
Aephanemer est la contraction des mots “éphémère” et “fané”, choisis pour évoquer l’automne. Il suffit donc de prononcer ce nom tel qu’on prononce ces deux mots en français. Une fois qu’on le sait, ce n’est pas très compliqué, du moins pour un français !
Lorsque Martin a créé le groupe, il voulait un nom original, et le meilleur moyen était d’en inventer un. En réalité, c’est sa petite sœur qui l’a trouvé :-)
Comment s’est créé le groupe, quelle a été l’impulsion initiale ?
Martin a initié le projet en solo en 2014, en composant et enregistrant tout seul un EP instrumental nommé Know Thyself. Après la sortie de cet EP, il a immédiatement commencé à rechercher d’autres musiciens pour monter un line-up complet afin d’ajouter du chant et de pouvoir se produire en live.
Prokopton est le nouvel album du groupe. Comment s’est passé son processus de création ? Qui a écrit les paroles, qui s’est penché sur la musique ?
Comme pour l’album précédent, Martin a composé toute la musique, et j’ai écrit les paroles. Nous avons commencé par discuter ensemble du thème, et il s’en est inspiré pour composer. J’ai ensuite ajouté les paroles aux instrumentaux terminés. Enfin, Mickaël, notre batteur, a apporté des améliorations sur les parties batterie.
Et justement, d’où vient l’inspiration quand on commence à parler de la musique du groupe ?
L’inspiration de notre musique vient principalement de la scène scandinave avec surtout les premiers albums de Children of Bodom et In Flames, mais aussi Dissection et Windir, ou même Nightwish. Martin s’inspire également beaucoup de la musique folk, en particulier slave, pour ses mélodies, et de la musique classique, pour ses éléments catchy et épiques.
Quelle est ta piste préférée de l’album ?
C’est une question difficile, mais je dirais que c’est Snowblind. Ce n’est pas le morceau le plus caractéristique du style Aephanemer, mais on peut particulièrement y entendre les influences black mélodique, folk et classique du groupe. C’est un morceau très spécial, évocateur et chargé émotionnellement.
Si tu pouvais refaire quelque chose sur cet album, ça serait quoi ?
C’est une question encore plus difficile ! Je pense que j’améliorerais les paroles de Back Again. C’est le dernier morceau de l’album que j’ai enregistré, et malheureusement j’ai du y consacrer moins de temps qu’aux autres. J’aime tellement l’instrumental que j’aurais voulu écrire de meilleures paroles, avant de les figer pour l’éternité.
Pour ce qui est du travail sur l’artwork, comment ça s’est passé ? D’où est venue l’idée initiale, l’impulsion de départ ?
Depuis notre premier EP, nous travaillons avec Niklas Sundin pour nos artworks, et c’est donc lui qui a réalisé celui du nouvel album. Martin et moi avons communiqué la thématique générale ainsi que quelques idées et lignes directrices à Niklas, afin de lui permettre de retranscrire l’atmosphère de l’album tout en lui laissant la marge de manœuvre nécessaire pour créer quelque chose d’original. Il nous a ensuite fait plusieurs propositions de dessin, et a réalisé l’artwork ainsi, en quelques allers-retours pour valider avec nous le dessin final et les couleurs.
Peux-tu, en cinq mots, définir cet album ?
Exercice délicat, je dirais : mélodique, efficace, folky, épique, optimiste.
Quel est ton pire souvenir sur scène ?
Il ne m’est heureusement jamais rien arrivé de dramatique, mais le concert que j’ai le plus mal vécu est certainement le concert de sortie de notre précédent album, Memento Mori. Je ne maîtrisais pas complètement les nouveaux morceaux, et durant le concert je me suis retrouvée décontenancée par les erreurs que je faisais. J’avais l’impression que tout le monde les entendait ! C’est vraiment un truc important pour un musicien, d’apprendre à garder sa concentration quoi qu’il se passe, à ne pas se laisser déconcentrer par ses pensées négatives, c’est ce que j’ai appris ce jour-là.
Et justement, quels sont les prochains concerts du groupe ?
En avril/mai nous allons tourner dans les grandes villes de France, avec en point d’orgue notre concert de sortie d’album le 24 mai dans une belle salle, chez nous, à Toulouse. Nous sommes également programmés cet été dans plusieurs festivals en France, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas.
Et point de vue clip, Aephanemer en est où ?
Nous avons bien tourné un nouveau clip, qui doit sortir très bientôt, mais je ne peux pas en dire plus :-)
Est-ce que ce n’est pas trop dur de devoir passer devant la caméra lorsque l’on est plus habitué à la scène et au studio ?
En effet c’est d’une difficulté très différente de celles de la scène ou du studio. Surtout car on ne peut pas jouer en amplifié, il faut donc faire du playback, c’est-à-dire jouer sans s’entendre, mais sans faire n’importe quoi. Et être à fond, mais sans l’adrénaline d’un concert… Pas facile !
Mixer à la fois la vie d’artiste, la vie personnelle et professionnelle peut s’avérer complexe. Comment gères-tu ces différents aspects de ta vie finalement ?
Effectivement, quand on participe à un projet musical sérieux, qui implique de travailler quotidiennement son instrument, créer de la musique régulièrement, et donner de plus en plus de concerts, de plus en plus loin, c’est clairement compliqué de travailler à temps plein, sans parler de la vie personnelle.
Je pense que lorsque quelque chose est vraiment important pour nous, il faut savoir faire la place nécessaire dans sa vie pour accueillir cette activité, indépendamment du fait qu’elle soit rémunératrice ou non. Pour ma part, la solution que j’ai trouvée est de travailler en freelance (je suis informaticienne) afin d’ajuster mon temps de travail pour gagner tout juste ce dont j’ai besoin, et pouvoir consacrer tout le reste du temps à la musique. Même si j’aimerais monter une activité qui soit plus raccord avec la musique, cette solution me satisfait pleinement pour le moment.
Concernant la vie personnelle, idem lorsqu’on fait de la musique une priorité avec ce que ça implique d’investissement et d’absence, c’est important de s’assurer d’être entouré de personnes en phase avec ça, tout particulièrement son partenaire. C’est mon cas, donc tout va bien :-)
Le marché musical dans les sphères rock/metal est actuellement très surchargé. Quel est ton avis sur la question, et ne penses-tu pas que cela devient aujourd’hui trop dur de parvenir à se faire connaître ?
Il est vrai qu’aujourd’hui chaque groupe a les moyens de diffuser sa musique et de la promouvoir, il en résulte que chacun a sa chance, mais en retour la compétition est féroce pour capter l’attention non seulement du public mais aussi des professionnels du secteur. Il faut redoubler d’efforts et prouver sa valeur de nombreuses fois avant d’obtenir le moindre succès. C’est donc une bonne ou une mauvaise chose selon le point de vue duquel on se place. Dans le groupe, nous pensons que c’est plutôt une bonne chose, dans la mesure où les outils numériques et les réseaux sociaux nous ont permis de construire une fan base certes modeste, mais solide et engagée, et ce sans aucune aide extérieure ni aucun réseau. Evidemment cela s’est fait sur des années de travail laborieux et nécessite une grande détermination, mais nous n’en manquons pas, et nous comptons bien continuer jusqu’à nous faire une place au soleil !