Dans un monde déjà beaucoup trop connecté, il est présent possible de réaliser l’AEC, une opération permettant de ressentir les émotions d’une personne à qui on est émotionnellement lié. C’est ce que s’apprête à faire Briddey, sur demande de son petit ami Trent. Cependant, une fois l’opération effectuée, tout ne se passe pas comme prévu et Briddey se retrouve connectée à d’autres personnes que celui censé être l’élu de son cœur…
Après avoir lu le résumé, je m’attendais à un récit de science-fiction, critiquant très probablement l’hyper-connexion de la société actuelle. Le roman se pose en effet dans un futur très proche, qu’il ne sera pas impossible d’un jour voir réel (sauf en ce qui concerne l’AEC). On aurait même pu croire à un résumé d’épisode de Black Mirror (série s’interrogeant sur les nouvelles technologies et leurs conséquences, souvent néfastes). Mais que nenni. Il s’agissait là en fait d’une romance. Mon avis ne sera donc pas très positif, car biaisé par le fait que mes attentes n’étaient pas du tout les bonnes. J’ai trouvé la quatrième de couverture plutôt trompeuse. Même si on parle de sentiments, je ne m’attendais pas à ce que se soit traité de cette manière.
L’auteure a en tout cas bien réussi à retranscrire cette aspect que de nos jours, il faut toujours être disponible et qu’il n’y a plus de réussi. Nous sommes joignables en permanence, que ce soit par téléphone ou e-mail et les informations se répandent en quelques minutes grâce aux réseaux sociaux. On pourrait émettre que Connie Willis a poussé ce trait à l’extrême, car les dialogues s’enchaînent sans interruption, parfois avec un petit manque de logique, et Briddey n’est jamais tranquille (sa famille est particulièrement… intrusive), à tel point que ce peut manquer de crédibilité. Mais au fond, ce n’est pas si gênant que ça. On a tout autant l’impression que le personnage principal d’être submergé d’informations. Cependant, le fait que l’histoire soit plutôt linéaire et attendue permet de facilement garder le fil. Comme indiqué plus haut, le côté science-fiction n’est pas spécialement mis en avant et ne sert que de support à la romance qu’on sent arriver bien rapidement. On tombe presque dans le fantastique avec l’explication de ce qui arrive à Briddey qui est complètement tirée par les cheveux de mon point de vue.
Le gros point noir de ce roman est pour moi le personnage de Briddey. Je l’ai trouvée tout simplement insupportable. Même s’il y a une amélioration sur la fin, elle a tout du cliché de la jeune femme pas très réfléchie, ce qui est assez lassant au bout d’un moment. On retrouve d’ailleurs un peu le cliché du chevalier sauvant la princesse dont on se serait bien passé (oui, c’est une romance, mais je suis sûre qu’on peut innover et ne pas tomber dans les clichés faciles). Elle a de plus des réactions parfois incompréhensibles qui donnent envie de la secouer pour la remettre à sa place. Néanmoins, le reste des personnages est plutôt bien développé, avec une mention spéciale pour sa nièce.
Bref, ce n’est pas un mauvais livre, juste absolument pas celui auquel je m’attendais. Si vous êtes prévenus que ce n’est pas un roman de science-fiction, je pense que vous pouvez l’apprécier, malgré quelques longueurs et une histoire parfois un peu bancale. Je pense qu’il pourrait être intéressant de se pencher sur le reste de la bibliographie de Connie Willis afin de voir de quoi elle est capable, car malgré tout, son style est plutôt agréable et on peut passer un bon moment avec Interférences.