Après la mystérieuse disparition de son père dans un trou béant, Georg Reuter Fischer, aidé d’Albert Wilmarth, expert des mythes de Lovecraft, part à sa recherche et se met à enquêter bien involontairement sur les liens entre son histoire et celles de Lovecraft. Il est soudainement frappé par les échos de ses propres rêves et les images terrifiantes qu’il côtoie, alors qu’il se nourrit des lectures du célèbre écrivain. Petit à petit, il s’approchera dangereusement du gouffre béant de la terreur venue des profondeurs.
Fritz Leiber est principalement connu pour le Cycle des épées, une série majeur de la Fantasy du XXe siècle, et initiatrice du sous-genre « Sword and Sorcery ». Fafhrd et le souricier gris apparaissent d’ailleurs dans le Disque Monde de Pratchett sous forme évidemment parodique. Certain disent même que le monde de Lankhmar a fortement inspiré Ank-Morpock.
(une bonne raison de se replonger dans ce cycle. Surtout qu’une intégrale vient de ressortir au Livre de Poche). Ce que l’on sait moins, c’est que l’ami Fritz était un contemporain de Lovecraft, avec qui il a entretenu une correspondance épistolaire. Ce serait même Howard qui aurait recommandé le jeune écrivain pour la publication de sa première nouvelle.
C’est ainsi que des années plus tard, à l’instar de plusieurs correspondants de HPL, Fritz Leiber s’est fendu d’un court roman en hommage à son ancien ami.
C’est en 1972 que parait “Ceux des profondeurs” (The Terror from the depths ). Le postulat de départ est on ne peut plus simple : les textes de Lovecraft ne sont pas des fictions, et toutes les expéditions et rencontres évoquées dans ces nouvelles se sont réellement produites. Le narrateur va lui même vivre une expérience liée aux grands anciens, et entretenir sa propre correspondance avec un disciple de Lovecraft à Arkham, Albert Wilmarth (le protagoniste de “celui qui chuchottait dans les ténèbres”).
Les références au maître sont nombreuses, et la novella sera d’autant plus appréciée que l’on connaît les histoires originales. Je déconseille même de commencer par ce texte pour entrer dans le mythe.
En effet, le style n’est pas du tout le même que celui de Lovecraft : le vocabulaire profondément évocateur, la poésie morbide, ces marques caractéristiques de l’auteur de Providence ne sont pas présentes ici. Mais sur la forme, on est en plein dedans : un manuscrit, retrouvé après la mort du narrateur, et dans lequel il expose sa vie, d’abord « normale » (ou presque), qui vire petit à petit au cauchemar quand il prend conscience des horreurs qui l’environne.
Grosse différence, Leiber place son histoire sous le soleil de Californie, loin des brumes d’Arkham et du Massachusetts. Un précurseur du Jeu de Rôle L’appel de Cthulhu…
Il ne s’agit donc aucunement d’un texte indispensable, mais pour un amateur des grands anciens, ce très court roman peut s’avérer un complément très sympa.
(et une source d’inspiration évidente pour un scénario de Jeu de Rôle).
Ceux des Profondeurs
Fritz Leiber
Illustration de Zdzislaw Beksinski
Edition Mnemos
Collection Hélios
6,9€