Alors que le Mennecy Metal Fest 2019 vient tout juste de débuter en ce 13 septembre, je passe quelques minutes avec les Tambours du Bronx. C’est dans une belle ambiance de fin d’été que se déroule l’interview à l’ombre des arbres du Parc de Villeroy. Leur show est programmé le samedi mais une petite partie du groupe s’est déplacée le vendredi pour assister aux concerts du jour.
Rencontre avec Dom Gaudeaux (guitares), Wil Frelat (percussion), Stef Buriez (chant) et Renato Di Folco (chant).
-Bonjour les Tambours du Bronx et merci de prendre le temps de répondre à mes questions.
On connaît votre parcours : création en 1987, puis la révélation par Goude, vos albums, vos tournées et vos différentes collaborations (avec Sepultura notamment).
Outre le show dit « classique » votre actu c’est la réunion des Tambours du Bronx et du monde du métal français. Pouvez-vous en quelques mots présentez ce nouveau projet « WOMP – Weapons Of Mass Percussion »?
Dom : en fait « WOMP » je présente ça comme la crise des 30 ans des Tambours. On s’est dit : on change tout, on prend un risque et on fait ce qu’on a toujours eu envie de faire sans jamais oser le faire : du métal. On est des metalleux dans nos têtes. Ça se ressent même sur le show classique sans les guitares. Et là on s’est dit : on va vraiment les mettre ces guitares. On avait Franky (Costanza) sous la main qui était chaud pour la batterie. Reuno (de Lofofora) et Stef ont de suite été disponibles pour le chant, tout s’est fait très facilement.
Stef : oui en gros, Reuno m’a appelé et m’a dit « je vais jouer avec les Tambours du Bronx mais je ne vais pas pouvoir faire toutes les dates ». J’étais en route pour aller voir Metallica en Belgique et j’avais un emploi du temps de fou furieux. Reuno m’a demandé si cela m’intéressait de chanter, je n’ai pas réfléchi longtemps et j’ai répondu « OK je le fais ». À la base on devait se remplacer mais dès le deuxième ou troisième concert, on a commencé à chanter à deux et il s’est avéré que cela fonctionnait à mort. Pas tout le temps ensemble, chacun à ses morceaux et on se rejoint sur certains titres, mais cela a amené autre chose au spectacle. Le fait est qu’avec nos emplois du temps de ministres (rires), on a consulté nos plannings et on s’est dit qu’on ne pouvait pas être ensemble sur certaines dates. Du coup j’ai contacté Renato du groupe Flayed qui est un vieil ami et un très bon chanteur pour savoir si cela l’intéressait d’être le troisième homme. Donc il y a toujours deux chanteurs sur la tournée, demain il y aura trois chanteurs, moi je serai plus présent en guest car je vais jouer après avec le Bal des Enragés.
Dom : c’est la première avec les trois chanteurs.
-Comment avez-vous imaginé la réalisation de cet album? Comment naissent les morceaux ?
Dom : on est tellement nombreux que c’est très compliqué mais étonnement cela s’est fait très facilement. On avait les bases des morceaux, on a posé les guitares, on a avancé très vite, on a fait des échanges avec Franky qui a posé sa batterie dessus. Ça nous plaisait et c’est à ce moment qu’on s’est dit qu’il fallait du chant. On s’est creusé la tête pour savoir qui ferait l’affaire, qui collerait au style des Tambours et qui voudrait le faire. On a contacté Reuno, il a appelé Stef comme tu le sais et c’était parti. Ils se sont partagés les morceaux, ils ont chacun pris les morceaux qui les touchaient le plus. Ils ont posé leurs textes dessus, ça marchait du premier coup, c’était incroyable. C’est allé vraiment très vite. Quand je te dis que c’était facile et rapide, c’était hallucinant.
Stef : on s’était prévu deux jours pour faire les voix, on a tout enregistré en une journée. On connaissait déjà le sujet car on avait quand même travaillé en amont. On a voulu garder quelque chose de très brut aussi, les Tambours ça doit rester massif. On a pratiquement fait des prises live, on a commencé l’enregistrement en début d’après-midi et on a terminé vers 23h. On a tout donné. L’idée c’était aussi de garder l’esprit d’un spectacle, de ne pas revenir douze fois en arrière et de garder un caractère brut.
Dom : on ne voulait pas un disque surproduit et garder l’esprit live des Tambours. On voulait faire du métal, assumer ce penchant tout en gardant notre identité.
-Comment avez-vous ressenti le retour du public face à votre nouveau projet, entre le show « classique » et le show « metal » ?
Stef : moi le show classique je ne l’ai pas encore vu à ce jour (rires). La veille du premier concert (au Silex à Auxerre où on était en résidence) que j’ai fait seul car Reuno n’était pas là, Dom m’a dit « tu va voir, avec les Tambours, ce sont des publics différents. Parfois tu as un public rock, parfois tu as un public plus familial, parfois les 2 en même temps ». Je m’étais dit pourvu que j’ai quelques metalleux dans la salle. Et au Silex, il n’y avait… que des familles (rires). Et j’ai fait exactement comme pour mes autres groupes. Le public vient voir les Tambours, nous on est un peu « accessoire » en quelque sorte. Tu sers les Tambours et le spectacle, peu importe pour quel public.
Dom : c’est pour ça que je te parlais de prise de risque tout à l’heure parce qu’on ne savait absolument pas comment le public allait réagir. On ne savait pas si on allait perdre notre public « tout public », si on allait attirer un « nouveau public », ou si « l’ancien public » allait apprécier ou pas. Les premiers concerts on n’en menait pas large.
Stef : il y a eu aussi toute une phase d’adaptation parce que les Tambours avec batterie, guitares, basse et chants c’est une autre perspective. Et techniquement parlant, c’est un sacré challenge. Tu vois sur scène je suis passé aux Ear-monitors parce que le son est trop puissant et je n’en avais jamais mis avant. La première répétition qu’on a fait avec Reuno, on s’est regardé et on s’est dit « Putain, on n’est pas dans la merde », on ne s’entendait pas. Il a fallu s’adapter rapidement. Le fait est qu’il y a une très bonne cohésion dans le groupe.
Sur ces entrefaites Renato, qui nous cherchait, arrive.
Renato : ah merde ! On est en pleine interview là? (rires)
-Si on devait résumer l’album en 3 mots ?
Renato : puissance.
Wil : brut.
Dom : spontanéité.
-Quelles sont vos plus grandes influences musicales? Celles qui vous ont inspirées pour la création du dernier album?
Wil : on a tous des influences différentes.
Dom : entre les plus vieux et les plus jeunes, avec tout ce qu’on a pu écouter… En fait les Tambours c’est ça, c’est plusieurs vies d’influences.
Stef : pour les chanteurs ça laisse aussi vachement d’espace. Avec les Tambours on fait des choses qu’on ne fait pas dans nos groupes respectifs. On fait ce qu’on pense être bien pour le spectacle en essayant de ne pas singer nos autres groupes. Malgré le martelage des Tambours cela laisse de l’espace pour s’exprimer, c’est un autre exercice. Parce qu’aussi les structures ne sont pas classiques, il faut trouver d’autres solutions pour faire des chansons. C’est prendre des risques, se dire que l’on va jouer quelque chose de jamais réalisé mais c’est enthousiasmant.
-Les Tambours du Bronx c’est plusieurs albums studio, des lives, des DVD, des concerts à l’étranger, mais aussi des workshops, comment expliquez-vous ce succès ?
Dom : le fait qu’on soit resté entre guillemets fidèles à nous-mêmes pendant toutes ces années, c’est-à-dire qu’on soit restés entre rednecks de la Nièvre, qu’on n’ait jamais cherché à intégrer le business de la musique. On a tout fait nous-mêmes au maximum. On est sincères sur scène, on donne tout comme un guerrier qui va à la mort. C’est un peu ça, les mecs sur scène se font vraiment mal. Le fait qu’on soit toujours restés accessibles aussi.
-Votre expérience ou concert le plus marquant et pourquoi?
Wil : il y en a eu tellement…
Dom : ils sont tous marquants je trouve. Pour moi c’est le public qui fait la différence.
Stef et Wil : le Motocultor.
Dom : le Motocultor 2018 a été marquant. Cela a marqué le succès de WOMP parce que c’était la première fois qu’on était confronté à un public 100 % metal.
Stef : 100 % metal et en festival.
Dom : quand on est arrivé et qu’on a vu que c’était blindé, que le monde nous attendait, c’était la pression. Après on a eu des tas de choses. Mais je dirais, un autre événement marquant sur un public « classique » par exemple c’est la Chine. D’y trouver un public contenu. Tu joues dans un théâtre, tout le monde est assis, il ne faut pas dépasser, il ne faut pas se lever, avec des applaudissements « polis » entre les morceaux. Et nous on a besoin de l’énergie du public. Là tu peines, il y a un silence de mort entre les morceaux, c’est chaud, tu rames. Mais ils n’attendent que ça, ils finissent par se lâcher et quand ils se lâchent ! Tout le monde est debout, ils investissent la scène au point qu’on ne pouvait pas terminer nos concerts. Ils prenaient les mailloches et tapaient avec nous, ils nous prenaient dans leurs bras, ils nous prenaient en photo. Et toutes les fins de concerts en Chine étaient comme ça. C’était extrêmement touchant ce côté humain et cela m’a marqué.
-Jouez-vous tous les soirs la même setlist ?
Dom : c’est une setlist quasi identique à chaque concert. On est beaucoup sur scène donc on essaye de garder la même tant que possible.
Stef : c’est une setlist rodée.
-Comment envisagez-vous l’avenir ? Avez-vous déjà de futurs projets en tête ?
Dom : oui des projets on en a plein. On va faire d’autres albums. Au tout début l’idée de « WOMP » c’était de faire une parenthèse, quelque chose d’exceptionnel et d’éphémère. En fait ça a tellement bien marché, on prend tellement de plaisir à le faire qu’on va continuer. Mais on s’est fait aussi un peu désirer sur le show « classique » car le public demande ces Tambours du Bronx à l’ancienne. Donc les deux shows joueront en parallèle, ce qui est un bon équilibre pour nous.
-Dernière question, vous êtes avant tout un groupe live et le public prend une « claque » visuelle et sonore. Mais vous-mêmes, quel est le dernier concert auquel vous avez assisté et qui vous a mis une « claque »?
Renato : Meshuggah au Sylak.
Stef : Carcass au Hellfest, c’était énormissime.
Wil : Sepultura au Motocultor, je trouve qu’ils ont assuré.
Dom : j’ai pris plusieurs claques tout au long de ma carrière mais la toute dernière c’était Black Bomb A.
Wil : oui Black Bomb A, Flayed aussi
Renato : tu dis ça parce qu’on joue ensemble (rires)
-Le mot de la fin les Tambours?
On va boire une bière ? (rires)
Merci infiniment pour votre temps consacré à cette rencontre et merci pour vos réponses.
On leur souhaite une bonne continuation avec le succès de l’album « WOMP » et rendez-vous avec les Tambours du Bronx en tournée dans toute la France.