Nulle quatrième de couverture pour Point du Jour : les Éditions Scylla ont pris le parti d’œuvres conseillées par le libraire. Œuvres que l’on transmet à l’oral, par le prisme des émotions et réflexions qu’elles suscitent. Œuvres singulières parfois difficiles à analyser, à décrire. Point du Jour fait immanquablement partie de ces dernières, et c’est un exercice ardu que d’en livrer ses impressions.
À la plume de ce recueil de nouvelles Léo Henry et à l’illustration, une illustration qui complète pleinement l’écrit, Stéphane Perger. Ais-je dit recueil de nouvelles ? On ne sait plus trop, à la fin, tant les récits s’entrecroisent, se complètent. On peut dire que Point du Jour est la somme de dix récits indépendants qui forment un tout. Dix récits qui vous emmènent à Point du Jour, cité-monde post-apocalyptique dont on ne fait qu’effleurer la géographie, entre rails de chemins de fer abandonnés qui mènent aux abysses sous-marines, boyaux creusés au plus profond de la terre, immenses ponts à moitié détruits dont les tabliers servent d’habitations à de talentueuses artistes, journées et nuits qui n’ont pas de fin. La géographie, la météo, l’alternance du jour et de la nuit nous perdent et empruntent au domaine du rêve.
Qu’est-ce qui est arrivé à ce monde ? On ne peut que l’imaginer. De même que ce qui est arrivé à l’humanité, dont certains pans se sont transformés en tribus d’hommes-bêtes aux mœurs peu amènes. Le moins que l’on puisse dire est que Léo Henry ne prend pas le lecteur par la main et ne lui livre que peu des clefs de cet univers à l’onirisme sombre. Il vous y plonge tout entier et vous laisse y naviguer à vue.
Ses personnages, auxquels on s’attache inexorablement et que l’on est amené quelquefois à recroiser d’un récit à l’autre, on les accompagne le temps d’une poignée d’heures, de jours ou de pensées. Personnages en quête d’eux-mêmes, en quête de sens, personnages fuyant ou souhaitant fuir le carcan de leurs rigides sociétés, personnages troublants et souvent déchirants. On ne peut que leur souhaiter de connaître la lumière, pas celle brûlante et dure de l’implacable soleil, mais la douce lueur qui précède l’aube, le répit.
Et c’est à la fois pour eux, pour le sens que l’on pioche au fil des pages, pour l’onirisme, la plume de Léo Henry et les troublantes illustrations de Stéphane Perger que Point du Jour mérite que l’on effectue le plongeon.
Ma conclusion :
Un univers sombre, fascinant, dont on rassemble quelques clefs au fil des récits qui le composent.
Des personnages forts, émouvants, vibrants de vie.
Une oeuvre singulière qui ne peut laisser le lecteur indifférent.
Je vous laisse avec les premières pages…
[soundcloud url=”https://api.soundcloud.com/tracks/454252911″ params=”color=#ff5500&auto_play=false&hide_related=false&show_comments=true&show_user=true&show_reposts=false&show_teaser=true” width=”100%” height=”166″ iframe=”true” /]
Point du Jour
Léo Henry
Couverture et illustrations intérieures par Stéphane Perger
Éditions Scylla
2017
10€